Hannah Arendt écrivait déjà dans les années 70 « La société de masse (…) est essentiellement une société de consommateurs (…) Croire qu’une telle société deviendra plus "cultivée" avec le temps et le travail de l’éducation, est, je crois, une erreur fatale (…) l’attitude de la consommation, implique la ruine de tout ce à quoi elle touche. » (Arendt, La crise de la culture 1972).
En s'enferrant dans un constructivisme hostile à tout naturalisme, la pensée contemporaine a largement contribué, au contraire, à abandonner le gouvernement du vivant aux tendances les plus réductionnistes des sciences de la vie.
De ce long débat entre Lippmann et Dewey, l’histoire américaine a surtout retenu le conflit sur la démocratie durant les années 1920, qui a resurgi dans l’Amérique contemporaine autour des années 2000, opposant les défenseurs d’une démocratie représentative, gouvernée d’en haut par les experts (Lippmann), aux promoteurs d’une démocratie participative, promouvant l’implication continue des citoyens dans l’expérimentation collective (Dewey).
Il faut donc repenser l’action politique comme une intervention artificielle, continue et invasive sur l’espèce humaine en vue de la réadapter aux exigences de son nouvel environnement. Avec l’aide des nouveaux experts en sciences humaines et sociales, le gouvernement doit conduire un ensemble d’expérimentations de grande ampleur qui permettent de surmonter enfin le retard de l’espèce humaine sur sa propre évolution.
Mais on ne peut pas non plus tout expliquer par la teneur révolutionnaire du capitalisme, ce "rôle éminemment révolutionnaire" de la bourgeoisie déjà décrit par Marx au début du Manifeste du parti communiste .
La culture de masse est un facteur aggravant l’homogénéisation des individus et elle est à l’image d’un système économique qui permet sa domination.