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Critique de Charybde2



Voyage culturel "total" en Italie, pour le plus grand bonheur de qui y accompagne Suarès.

Publié en trois tomes ("Venise", "Florence", "Sienne") entre 1914 et 1932, le "Voyage du Condottière" est ce qui se rapproche sans doute le plus de l'oeuvre d'une vie pour l'étonnant polygraphe André Suarès (1868-1948), élève prodige, pauvre et tôt orphelin, qui effectua son tout premier voyage en Italie, à pied, dès 1893, à 25 ans, après sa réussite à l'ENS Ulm et son échec à l'agrégation d'histoire, avant de devenir une figure littéraire mythique de l'entre-deux-guerres, et l'un des quatre grands animateurs de la NRF avec Gide, Claudel et Valéry.

Vrai-faux « guide de voyage », nourri d'une culture proprement phénoménale en peinture, sculpture, architecture, littérature et histoire italienne, principalement du Moyen-Âge et De La Renaissance, mais encore tout à fait spectaculaire pour le XVIIIème et le XIXème siècles, l'ouvrage enchaîne au long des 550 pages de ses trois tomes une centaine de chapitres, courts ou très courts : descriptions de villes, de lieux, de routes, flamboyantes et épiques, ou au contraire, poétiques et intimistes, parsemées d'incises consacrées à un peintre, un sculpteur, un tableau, un écrivain, une figure historique.

Au-delà de ce rare foisonnement, le charme particulier du "Condottière" tient sans doute à ce que la formule « Dieu vomit les tièdes » a pu être inventée pour caractériser Suarès : passion dévorante, engagement permanent (sur « tout », le plus essentiel, ou sur « rien », le plus futile), mauvaise foi prodigieuse, mansuétude tout aussi étonnante (du type « Oui, c'était un monstre abject et d'une bêtise effroyable, mais toute sa vie, il protégea le peintre Untel, donc respect »).

Parfois « trop » métaphysique et quelque peu grandiloquent par instants, c'est néanmoins LE livre pour voyageurs sauvages et cultivés en Italie du Nord.
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