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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un grand merci à Babelio et à l'éditeur pour m'avoir permis de découvrir cet ouvrage qui a immédiatement attiré l'attention de la passionnée de contes de fées et de la psychologue que je suis !

Après avoir dévoré avec un grand intérêt "La psychanalyse des contes de fées" de Bruno Bettelheim il y a de cela quelques années maintenant, j'étais avide de compléter cette approche par d'autres analyses des contes. Le présent essai ne pouvait donc que m'attirer...

Je dois bien avouer que l'auteur commence très fort en nous proposant en premier lieu son analyse du Petit chaperon rouge : cette partie est très certainement la plus magistrale de son ouvrage, et se montre aussi passionnante que réellement pertinente. J'ai été littéralement enthousiaste en lisant l'interprétation (psychanalytique) qu'en fait Pierre Sultan, qui, si elle n'invalide pas celle proposée par Bettelheim et d'autres auteurs, apporte un regard neuf sur ce conte dont on pense avoir fait le tour.

Enflammée (oui, n'ayons pas peur des mots) par cet élargissement de ma compréhension des contes de Perrault, je me suis ruée sur les chapitres suivants, impatiente que l'auteur m'ouvre encore davantage les yeux... Hélas.
Pour le conte suivant, "La Belle au bois dormant", s'il nous offre un début d'analyse vraiment intéressant sur les figures parentales (défaillantes) au travers des adultes du conte, Pierre Sultan s'enferre ensuite dans une très (trop) longue digression historique sur Catherine de Médicis. Si cet aparté historique ne manque pas d'intérêt en lui-même (je suis toujours intéressée par l'Histoire, donc, pourquoi pas parfaire ma culture générale au fil de mes lectures ?), il ne présente honnêtement que peu de pertinence dans les liens qu'en propose ensuite l'auteur. Et surtout, Pierre Sultan ne s'inscrit plus, dans cette mise en parallèle de l'Histoire avec l'histoire, dans une analyse psychanalytique, comme il nous le promettait -il est, au mieux, dans une analyse littéraire (qui peut être tout à fait passionnante et pertinente, mais qui n'a pas lieu d'être dans un ouvrage justement intitulé "Les contes de Perrault sur le divan").
L'auteur réitérera malheureusement cet écueil dans le chapitre consacré au conte "Barbe-Bleue", où, même si un parallèle entre Barbe-Bleue et Gilles de Rais peut avoir du sens, n'a pas sa place non plus dans une interprétation psychanalytique des contes de fées.

Le chapitre centré sur "Peau d'âne" se concentre de nouveau davantage sur l'aspect psychanalytique de cet essai, ce qui m'a permis de retrouver un certain entrain dans ma lecture... jusqu'à ce que l'auteur parte sur une nouvelle digression (celle du film de Jacques Demy).
L'analyse du film ne manque toutefois pas de nous offrir plusieurs clés d'un grand intérêt, et élargit davantage la compréhension du conte d'origine. Ma seule réserve sur ce passage se situe toutefois dans le fait qu'il s'agisse là de l'interprétation du réalisateur quant au conte, et non pas de la proposition de Perrault lui-même : si elle ne manque donc pas d'un réel intérêt et n'est pas totalement hors de propos ici, l'analyse du film s'écarte toutefois à mon sens du propos initial (celui d'analyser les oeuvres écrites par Perrault, et lui seul). Autant la mise en perspective des versions de Perrault et des frères Grimm dans le chapitre consacré au Petit chaperon rouge avait du sens (on restait sur un même support, et les deux oeuvres se suivaient de peu dans le temps), autant ici c'est moins évident.

L'auteur semble se recentrer sur son propos initial avec les analyses des contes de Cendrillon, du Petit Poucet et du Chat Botté, même si là aussi quelques digressions littéraires et/ou historiques viennent un peu rallonger (inutilement) le propos.
Ces chapitres sont malheureusement assez inégaux : si Cendrillon semble avoir inspiré l'auteur, qui nous en propose des clés de lecture et compréhension véritablement passionnantes, le Chat Botté paraît en revanche avoir été survolé ou n'avoir présenté qu'un moindre intérêt analytique à l'auteur.

La conclusion, en revanche, a été une véritable surprise : loin de se contenter de faire un rapide bilan de ce qui a été analysé dans l'ouvrage, elle offre au contraire une pléthore de pistes qui auraient, à elles seules, pu donner lieu à des chapitres entiers dans le présent ouvrage ! Loin de clore cet essai, cette conclusion m'a laissée frustrée : j'aurais tant aimé que Pierre Sultan consacre la moitié de son livre à développer les points qu'il évoque dans son épilogue et qui, pour le coup, relèvent pleinement d'une approche psychanalytique des contes de Perrault (contrairement à ses digressions historiques et/ou littéraires) !

Pour conclure cette (longue) critique, je dirai que cet ouvrage est un complément indiscutable à l'essai de Bettelheim (et aux autres livres consacrés à ce sujet) : sans le contredire ni véritablement le critiquer, il apporte des interprétations valables et pertinentes, qui permettent d'appréhender encore plus largement les effets inconscients qui ont été à l'origine de l'écriture de ces contes.
S'il se montre malheureusement incomplet (les points évoqués en guise de conclusion auraient mérité d'avoir une réelle place dans cet ouvrage), cet essai est donc une ébauche prometteuse d'une véritable et complète approche psychanalytique des contes de fées.

NB : A noter que cet ouvrage s'adresse à des lecteurs déjà familiarisés avec les concepts et termes psychanalytiques. Si on n'en maîtrise ni les bases théoriques, ni le jargon, on risque d'être perdu et de passer à côté de la qualité de certaines interprétations.
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Challenge Petits Plaisirs 2014/2015

En 1976, Bruno Bettelheim publie son ouvrage "Psychanalyse des contes de fées", devenu aujourd'hui une référence. Cependant, Pierre Sultan émet trois critiques : Bettelheim privilégie les textes des frères Grimm à ceux que Perrault, il se focalise sur les héros et son analyse se rapporte exclusivement aux fantasmes infantiles et processus intrapsychiques de l'enfant. Partant de ce postulat, il publie "Les contes de Perrault sur le divan" afin de palier les défauts qu'il a noté.

Avant d'aller plus loin, il est important de souligner trois points essentiels à la compréhension et à la lecture du présent livre : mieux vaut avoir lu ou relu l'œuvre de Charles Perrault (Pierre Sultan introduit l'analyse de chaque conte par un résumé synthétique mais je ne pense pas que cela soit suffisant pour se lancer dans l'analyse d'un texte) ; lire l'ouvrage de B. Bettelheim avant celui de P. Sultan ; et avoir quelques notions en psychanalyse. Ceci fait, la lecture devient des plus compréhensibles.

Si je nuancerais les critiques de Pierre Sultan à l'encontre de "Psychanalyse des contes de fées", il faut reconnaître qu'il n'a pas tout à fait tort. B. Bettleheim a tendance à considérer les contes de Perrault comme "des contes de mise en garde" plus que comme des contes de fées ne serait-ce que par la présence d'une morale à la fin. Il n'est pas tendre certes, mais il a le mérite de très bien argumenter sa position. De plus, son analyse englobe bien plus que les contes des frères Grimm puisqu'il s'intéresse aussi au "Cycle de Jack" ou encore aux "Milles et une Nuits".
Quoi qu'il en soit, Pierre Sultan se propose d'analyser l'œuvre de Perrault et je m'en réjouit. Le problème c'est qu'il ne se penche que sur 7 des 11 contes publiés par l'auteur français. Pourquoi ? Pas de raison avancée. Peut-être un écho à son analyse du chiffre 7 dans le chapitre sur le "Petit Poucet" sauf que cela reste tout de même un choix de sa part tout à fait arbitraire qui n'a rien à voir avec Charles Perrault.

Ruminant ma petite déception, je me suis tout de même attelé à ma lecture…
Pour la plupart des contes, Pierre Sultan propose des interprétations que je n'avais encore lu nulle part : la figure maternelle représentée par une trinité mère/grand-mère/loup (Le Petit Chaperon Rouge) ; les portraits psychopathologiques de Peau d'Âne, sa mère et son père ; la projection des désirs de la marraine-fée sur Cendrillon ; ou encore l'éclairage de "la Belle au bois dormant" à la lumière du portrait de Catherine de Médicis.
D'autres parallèles comme celui de Barbe Bleue/Gilles de Rais sont plutôt connus mais reste toujours intéressant à relire ou à approfondir.

Venons-en aux digressions justement. Le livre fait 216 pages (sans compter les annexes, bibliographie et autres suppléments) avec une mise en page plutôt aérée. C'est donc relativement court. Cela n'empêche pas Pierre Sultan de faire de longues digressions plus ou moins pertinentes. Si j'ai pardonné celle à propos de Catherine de Médecis dans le chapitre sur la "Belle au bois dormant" c'est parce que j'ai un petit faible pour cette famille d'origine italienne. En revanche, la pertinence de l'analyse du film de Jacques Demy adaptant "Peau d'Âne" m'a échappée. Le propos de ces digressions est tout à fait intéressant mais il grignote bien trop sur l'analyse des contes. Pour exemple, la biographie de Gilles de Rais est, à elle seule, presque aussi longue que l'analyse complète du "Chat Botté". L'étayage et les illustrations que proposent ces digressions sont un peu trop prégnantes.

Et j'en arrive à un autre point : l'analyse inégale des différents contes.
Pierre Sultan prend un risque en se mesurant à l'ouvrage de B. Bettelheim. Il lui reproche certains points mais peut-il vraiment comparer les deux travaux ? Pas sûr.
A la lecture de "Psychanalyse des contes de fées" de Bettelheim, une relation s'établit entre le lecteur et l'auteur. Ce dernier interprète les contes pour en dégager une structure mécanique opérant sur le psychisme des enfants mais aussi des adultes. Il donne de nombreuses clefs psychanalytiques pour comprendre en quoi les contes participent à notre maturation psychique et propose des "conseils" sur comment lire un conte à un enfant, ou comment répondre à ses questions, etc. Il y a un double aspect didactique et pratique renforcé par quelques cas illustratifs. Le lecteur est invité à observer son rapport et celui des enfants avec les contes à la lumière de ce qu'il vient d'apprendre.
Dans "Les contes de Perrault sur le divan" on oscille entre "séance psychanalytique" des personnages de contes (et en ça le titre du livre est très bien trouvé) et simple analyse littéraire de l'œuvre de Perrault (le chapitre sur le "Chat Botté" frise le hors-sujet). Lorsque l'on referme le livre on reste sur notre faim et c'est bien dommage d'autant que l'épilogue propose des pistes de réflexions assez intéressantes voire même un débat (quel public pour les contes de Perrault ?).

En revanche, comme tout bon ouvrage du genre, il est complété par une bibliographie exhaustive dans laquelle on peut facilement plonger pour approfondir les sujets abordés.

Si je me suis permis ce parallèle entre le travail de B. Bettelheim et de P. Sultan c'est bien parce que l'ouvrage de ce dernier découle, et il ne s'en cache pas, des travaux du premier auteur. Au-delà de ça, le propos n'est pas tout à fait le même, pas plus que l'objectif. Les interprétations divergent (mais pas toujours) et c'est pas plus mal, bien au contraire.
"Les contes de Perrault sur le divan" a été une lecture enrichissante sur bien des points et je remercie Babelio et les éditions Riveneuve pour cette découverte.
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Merci à Babelio et aux éditions Riveneuve pour l'envoi de ce livre lors de la dernière masse critique.

Comme tout le monde, je connais de réputation les travaux de Bruno Bettelheim mais n'ai jamais lu son livre. Donc quand j'ai vu ce livre proposé lors de la dernière masse critique, j'ai eu envie de m'y plonger.

Petite, j'adorais les contes de fées. J'en avais de belles éditions avec des illustrations magnifiques. Mes parents ne s'attachant pas aux auteurs de ces contes, j'ai pu lire du Perrault, des frères Grimm mais la grande majorité étaient des contes d'Andersen.
Il est vrai que pour moi les contes de Perrault représentaient une version plus légère de ces histoires pour enfants, moins terrible. L'analyse de Pierre Sultan a changé ma vision.

Nous avons ici l'analyse de plusieurs contes. Les explications sont claires, cependant elle s'appuie beaucoup sur le travail réalisé par d'autres auteurs donc certains éléments manquent parfois de détails réexpliqués dans ce livre.
Dans l'ensemble j'ai apprécié cette lecture et ai appris des choses (ce qui est l'essentiel !) mais sur certaines chapitres j'ai trouvé la lecture un peu poussive.
J'ai beaucoup apprécié le parallèle avec Catherine de Médicis sur la Belle au Bois Dormant, bien que je ne sois pas toujours d'accord avec les liens faits avec le conte.
Barbe-Bleue et Gilles de Rais m'ont glacé mais je n'ai jamais aimé ce conte donc la lecture de ce chapitre a été laborieuse.
J'ai été déçue de l'analyse du Petit Poucet et du Chat Botté qui restent assez superficiels par rapport au travail réalisé sur d'autres contes.
En revanche, l'analyse sur Cendrillon m'a vraiment intéressée.

Dans l'ensemble, félicitations à l'auteur pour cette étude des contes de Perrault; cela m'a donné envie de me replonger dans ces contes pour ADULTES.
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