L'occasion fait le larron.
C'est parce que le thème du mois du challenge historique des trolls était « la mer » et que cette BD s'affichait sur les devantures d'une grande enseigne que j'ai tenté cette BD. Je n'en suis pas déçu.
Il s'agit d'un premier tome ; une mise en bouche de la vie du célèbre corsaire breton Surcouf (dont j'ignore tout soit dit en passant). Les auteurs Delalande et Surcouf –
Erick Surcouf, oui – ont construit l'histoire comme une enquête. Nous sommes à la fin du XVIIIe siècle, un espion anglais, Jonas Wiggs, qui se fait passer pour un marchand américain, recherche des personnes qui ont connu Surcouf et les interroge sur le début de sa carrière. On découvre un jeune chien fou difficile à canaliser, qui se révèle lors de sa dure formation de marin à partir du niveau le plus bas. On apprend qu'il a servi à bord de navires négriers – et que la traite d'esclaves continuait malgré l'abolition en 1794 par la Convention. Il n'avait guère le choix. Les auteurs le montrent très réticent vis-à-vis de ce commerce, allant jusqu'à risquer sa peau pour libérer les esclaves enfermés dans la cale d'un navire en train de sombrer. C'est en partie pour éviter ce genre de mission qu'il décide de devenir non aligné, corsaire.
Le dessin de Guy Michel est spectaculaire. Les premières cases grand format montrant un abordage donnent le ton. Il y a un côté impressionniste, dans la mesure où la masse des personnages est à peine esquissée, qui m'a fait douter au début. Mais cela renforce l'aspect chaos de la bataille, comme si le dessin lui-même était secoué par les impacts des boulets de canon. Même ressenti pour les extraordinaires scènes de tempête en mer, une mer qui ressemble à un monstre vivant cherchant à dévorer les coquilles de noix humaines. Certaines techniques proches du mangé renforcent la dynamique.
Et puis, faut bien avouer, les navires de l'époque sont bien plus magnifiques que les modernes.
Un très bon début de série que je continuerai, rien que pour en prendre plein les yeux.