De la domination, tome 2 : De l'argent, la ruine de la politique

C’est de la menace d’une possibilité révolutionnaire que renaîtra la politique.

C’est du pouvoir que dépend désormais la pureté que la révolution avait jusqu’alors prétendu détenir partout en propre, sans pouvoir l’établir nulle part.

Le capitalisme est le seul totalitarisme réussi.

Il n’en était plus au point de prétendre que l’argent puisse être d’aucune façon innocent, ni satisfaire si peu que ce soit ceux qui le voulaient, il en était au point de vouloir administrer la preuve qu’il n’y avait pas de comportement qui ne réglât sur l’absence d’innocence de la circulation de l’argent son absence d’innocence propre.

Ce sont les mêmes qui voulaient que la révolution soit irréprochable qui veulent aujourd’hui que la contre-révolution le soit aussi.

Il n’y a personne pour nier que ce qui a fait que nul n’est plus révolutionnaire, c’est l’argent.

L’argent s’est tout à coup offert à ceux qui le convoitaient comme tout ce qui pouvait répondre de la justice qu’on attendait de voir rendue à l’égalité prétendue des besoins.

On n’a jamais moins été en démocratie que depuis qu’on ne craint plus que quiconque ne menace la démocratie.

Il n’y a pas de désir de révolution qui n’ait eu, de tous temps, affaire avec la trahison de ceux qui s’impatientaient que celle-ci récompense l’attente dans laquelle ils étaient.

Il n’y a pas de politique dont l’argent n’ait eu raison parce qu’il n’y a pas de politique dont l’argent ne décide. L’argent décide à ce point de tout qu’il n’y a plus de politique, même de l’argent.