AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fulmar


« Du sang sur de la pourriture ! »
C'est ce qu'écrit Paul Verlaine à propos d'"Un soir d'octobre".
Je trouve que cette citation résume bien le thriller « Octobre ».

Octobre, le mot sonne dur, les consonnes sont percutantes, les rondeurs des deux o n'adoucissent en rien la sonorité des deux syllabes et demi. le e est muet, il n'a pas trouvé sa place, il arrive trop tard. Les deux o sont ouverts, deux cris d'animal blessé, pas comme ceux de sonorité, doux et monotone comme l'automne.

Octobre, brr, ça procure de la peur. October, on l'entend cette peur, mais on devine Octobeurk, la peur se transforme en dégoût, le orange se transforme en marron, des goûts et des couleurs, lumière déclinante, je me sens sévère.

C'est vert, c'est bien là le problème, y a plus d'saison ma brave dame, ciel bleu pur, entre vingt et trente degrés, ça rebourgeonne, l'été s'éternise, les références battent de l'aile, comme les hirondelles qui ne savent plus s'il faut partir, elles sont marron, pas un poil de vent, juste une plume derrière, alors, aller de l'avant, ou assurer ses arrières.

Je suis moi aussi mitigé avec ce thriller qui ne vient pas à l'heure. Il déroule à vitesse grand V, il aurait fallu des bourrasques et des averses, des mots qui éclatent, mais quand je regarde dehors, le calme est omniprésent, rien d'o-ppressant, c'est plutôt a-paisant, le o remplacé par le a, ah, je n'ai pas dû choisir le bon livre au bon moment.

« Du sang sur de la pourriture ! »
J'aurais dû le mettre en appendice, vers l'aine. Mais il claque en incipit, pour annoncer la couleur d'entrée, sans fioritures. La couleur et l'odeur, les cadavres, ça nous navre, et l'auteur s'entête, avec des corps déchiquetés, et l'odeur entêtante du sang avant la pourriture.

Soren Sveistrup, c'est toute l'ambiguïté, Soren ça apaise, Sveistrup ça oppresse, alors, comment s'y retrouver, Octobre en été, de quoi être déconcerté.
Il est très bon pour le scenario, « The Killing » c'est lui. Mais c'est criminel de transformer une série en roman, son écriture est cinématographique, pas littéraire. Son « Octobre », Kastanjemanden en danois, l'homme aux marrons, est un script détaillé sur plus de 600 pages, des chapitres ultra courts, des cliffhanger à la pelle, c'est fait pour aller au bout sans s'en rendre compte, un page turner, cent pour cent efficace.

Mais l'efficacité ne remplace pas l'émotion. J'aurais aimé retrouver plus de psychologie dans les personnages, qui ne sont guère fouillés. Des corps fracassés, mais peu d'âme meurtrie, trois images à la seconde, ça doit entraîner, mais pas faire réfléchir.
Certains lecteurs sont en train de penser que je n'apprécie pas les thrillers, que je préfère les polars d'atmosphère, à l'ancienne, avec des respirations qui permettent de faire des pauses et de se poser, pour se mettre dans la peau du narrateur.
Oui, c'est sûrement ça, ce type de bouquin n'est pas fait pour moi.
Il aurait fallu un Octobre fait de tempêtes, de glissades sur les feuilles mortes mouillées et de désastres à venir pour être dans l'ambiance, alors que l'Octobre actuel est poétique, nonchalant, rêveur.
L'histoire castagne à mort, j'ai été marron.
Désolé, ça pouvait pas le faire, ça l'a pas fait.
Je ne vais pas en rajouter des tonnes, ça détonne.
Octobre rime avec sobre, le titre français ne m'a pas convenu.
Commenter  J’apprécie          249



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}