AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,83

sur 236 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un roman surprenant d'abord par le sujet : dystopie légère, puisqu'il débute en 2025, il nous raconte une pandémie dont les premiers cas sont diagnostiqués en Écosse et qui se répand rapidement à la surface du globe, quasiment toujours mortelle. Et pourquoi donc surprenant alors que nous venons de vivre cette situation dans la réalité : parce que l'auteure l'a écrit avant l'épidémie de Covid. Comme elle l'explique dans sa préface, elle se serait passée de ce gage d'authenticité et n'aurait imaginé vivre réellement quelques-unes des situations qu'elle avait décrites dans son roman.

Le virus en question, surnommé le Fléau, a ceci de spécifique qu'il ne frappe que les hommes, même si les femmes le transmettent aussi. Elles sont protégées par leur double chromosome X. Vu le taux de mortalité, c'est quasiment 50% de la population mondiale qui est éradiqué : cette population reste quasiment entièrement féminine, avec un certain nombre de conséquences que l'auteure nous détaille à travers les récits de quelques femmes, qui vont jouer des rôles clés dans la gestion de l'épidémie.

Imaginez par exemple un hôpital au personnel essentiellement féminin, les infirmières ne manquent pas, mais les médecins sont très largement en sous-effectif. de même, plus d'éboueurs : les ordures envahissent les villes, très peu d'électriciens même si ces métiers avaient commencé à se féminiser.
Dans les conséquences plus heureuses, moins de guerres et des négociations plus fructueuses, moins d'accidents sur les routes.

Le récit nous raconte les cinq années qui font suite au déclenchement de l'épidémie, avec les différentes phases qui vont se succéder, de la panique et du désespoir à la force et l'adaptation en passant par la survie et la résilience. Beaucoup de choses vont devoir changer, la vision du monde va être profondément modifiée et les femmes vont prendre naturellement des rôles qui leur étaient difficilement attribués auparavant. J'ai été fascinée par le talent de l'auteure pour imaginer les conséquences de cette situation, certaines sont évidentes, d'autres beaucoup moins, Celles-là je ne vous les détaillerai surement pas …

À côté du sujet et de son traitement, j'ai beaucoup aimé aussi la façon dont la romancière nous le partage. Chaque chapitre est raconté par un personnage différent, principalement des femmes mais aussi quelques hommes. Certains ne feront qu'une apparition, certains seront des personnages récurrents du livre et de la gestion de la crise. Un peu déroutant au début, parce qu'il n'est pas forcement facile de se rappeler qui est qui (j'ai au bout de trois à quatre chapitres noté le nom des intervenants, leur métier et leur lieu de résidence, cela m'a permis de les resituer rapidement, quand ils réapparaissent), ce procédé nous permet d'assister à toute une palette d'évènements, de réactions, ce qui aurait été plus difficilement réalisable en se concentrant sur une ou deux personnes.
L'emploi de la première personne par chacun nous permet d'être au plus près de leurs sentiments, leurs réactions et de partager leur vie ou survie dans des conditions parfois effroyables.

Je me demande quelle aurait été ma perception de ce livre si nous n'avions pas vécu entre son écriture et ma lecture l'épidémie de Covid. Il est frappant de reconnaitre dans le roman certaines des situations que nous avons vécues, même si l'impact du Fléau est sans commune mesure avec celui du Covid.
Un grand merci à Bernard (Berni_29) dont la critique enthousiaste et intrigante avait attiré mon attention sur ce livre.
Commenter  J’apprécie          5837
C'est grâce à deux amis dont je préserverai l'anonymat, Anne-So et Berni-Chou donc, que j'ai découvert ce premier livre de Christina Sweeney-Baird.
Un thriller médical / anticipation... Hmmm "Y'a bon Banania", comme on disait au siècle dernier. Un roman fait pour moi, donc.
.
L'histoire démarre 5 jours avant le début de la pandémie, et nous entrons dans la vie de Catherine, son mari Antony et Théodore, leur fils. Nous sommes à Londres, et c'est Halloween. Je vous passe les détails.
.
Arrive très vite le "Jour 1" et nous retrouvons Amanda, à Glasgow. Médecin urgentiste, c'est elle qui s'aperçoit que certains malades sont victimes d'une sorte de grippe foudroyante. Après de rapides recoupements, elle subodore se trouver devant un début d'épidémie et en alerte immédiatement le Service public de santé en Écosse...
Bien entendu, personne ne la croit et l'épidémie se transforme vite en pandémie incontrôlable.
.
J'ai beaucoup apprécié le découpage du livre, dans lequel nous voyagons d'un protagoniste à l'autre, vivant avec eux l'impact de la maladie sur leur vie, leur façon d'appréhender les événements, les précautions prises, la peur qui les tenaille, l'isolement forcé même au coeur d'une même famille, puis les deuils successifs.
.
Le virus a la particularité de ne frapper que les hommes. Les femmes doivent donc s'organiser pour les remplacer dans toutes les fonctions et tous les métiers. Électricité, plomberie... mais aussi des scientifiques, des P.D.G., des ministres, etc.
Seuls quelques hommes sont immunisés. 10 %, c'est peu.
.
Par ailleurs, évidemment, c'est la course à la recherche d'un vaccin efficace. Seule une personne se lance dans une enquête pour trouver la source de l'infection. C'est la chose qui m'a un peu surprise, il faut dire, puisque dans la vraie vie, ce serait plutôt le branle-bas de combat pour découvrir cet élément primordial.
.
J'ai dévoré ce roman avec avidité, presque aussi vite que ma Yaya fait un sort à une tablette de chocolat, c'est dire...
.
Encore une fois, les courts chapitres et le fait de passer d'une personne à l'autre, malgré le côté un peu déstabilisant des quelques secondes nécessaires pour se rappeler qui est qui et qui fait quoi, furent très agréable.
Je vous rassure, on remet les gens très vite dès le début du premier paragraphe, à la lecture de leurs faits et gestes et je n'ai pas été perdue, ce qui est étonnant, parce que d'ordinaire, dès qu'il y a plus d'une poignée de personnes, je ne retrouve plus mes petits.
.
La plume est agréable, on s'attache à pratiquement tous les personnages, on a peur pour eux, on souffre avec eux, on espère aussi. En deux mots, immersion complète.
.
Ce livre peut être mis entre toutes les mains et je le conseille vivement.
Je vous invite également à consulter les excellents retours de mes amis dannso et berni_29. Je ne sais pas si j'ai trouvé les mots pour vous séduire, mais les concernant, c'est incontestable.
Commenter  J’apprécie          5055
- Mes amis, je vais vous parler d'un roman d'anticipation, La fin des hommes, histoire de vous changer les idées.
- Chouette !
- Un roman dont le sujet est ... une pandémie.
- ?!
Oui je vois votre étonnement et je vous entends déjà tempêter : " Quoi ?! Une pandémie : un sujet d'anticipation ? Tu veux nous changer les idées avec ça... ? "
Allons, approchez, pas trop près quand même à cause du virus qui peut-être sévit encore, approchez, vous allez comprendre...
Nous sommes en 2025, vous voyez que c'est un roman d'anticipation... Quand vous saurez que le roman a été écrit entre septembre 2018 et juin 2019, votre étonnement peut-être se dissipera pour laisser place à un autre...
2025, une mystérieuse maladie baptisée le « Fléau » se répand dans le monde entier. C'est un virus qui a comme particularité de ne toucher que les hommes. En revanche, ce sont les femmes qui contribuent à le diffuser par des gestes anodins, des gestes de tous les jours, des gestes d'amour, des gestes familiers, des gestes fraternels... Car ces hommes, ce sont des pères, des fils, des frères, des amis...
Très rapidement, le virus se répand comme une trainée de poudre dans le monde entier, touchant la moitié de la population mondiale. La maladie est impitoyable, les effets sont rapides, dévastateurs, il n'y a aucun traitement efficace, les victimes meurent au bout de deux jours après l'apparition des premiers symptômes. Cependant, certains d'entre eux sont immunisés. Ce n'est ni un hasard, ni un miracle, la recherche médicale finit par cerner une hypothèse qui semble tenir la route en guise d'explication... Ces survivants du monde d'avant vont susciter, comme vous pouvez l'imaginer, une certaine convoitise...
Malgré ce thème de la pandémie qui pourrait, - au mieux ennuyer au pire horripiler, j'ai été tenu en haleine jusqu'au bout de l'histoire, jusqu'au jour 1976, c'est-à-dire cinq ans et demi après l'apparition du virus...
La fin des hommes est un premier roman d'une autrice anglaise, Christina Sweeney-Baird.
Ce récit est construit de manière chorale. Des femmes, plusieurs femmes vont venir faire entendre leur voix ici, à commencer par Amanda médecin urgentiste, celle qui a soigné le patient zéro, des femmes donc, mais quelques hommes aussi le temps d'un sursis, d'un espoir, de quelques heures encore avant l'implacable sort qui leur est réservé...
Dans cette polyphonie qui mêle l'intime à l'universel, nous voyons des femmes raconter la manière dont leur existence est entrée en collision avec ce virus, fauchant des vies, celles de leurs proches ou bien celles de patients. Souvent les premiers jours ressemblent à une épée de Damoclès... Ces hommes, des pères, des maris, des fils, survivront-ils ? Savourer chaque seconde. Accepter le deuil... La vie s'organise comme on peut, tandis que des scientifiques, des femmes essentiellement, s'affairent pour chercher un vaccin...
L'originalité de cette dystopie, sa force, c'est bien cette fin des hommes qui sonne comme un glas, donnant à cette pandémie une dimension genrée dans sa manière de porter sa déflagration sur le monde entier. Comment envisager la vie avec cela, comment imaginer le monde d'après, le construire ? Vivre, survivre ? Recommencer ou plutôt commencer, bâtir quelque chose de nouveau.
En écho aux bouleversements que subit le monde, ce sont des voix, des tranches de vies qui s'expriment, avec la manière dont une catastrophe planétaire peut exacerber les sentiments qui prévalaient avant son arrivée : la joie, la générosité, l'entraide, l'amertume, les jalousies, les ambitions effrénées...
Dans cette polyphonie qui nous promène aux quatre coins du monde, de l'Écosse à Singapour, de la Russie aux États-Unis, de Douarnenez à Oulan-Bator, de Biscarosse à la Patagonie, j'ai entendu de l'émotion, de la douleur, des chagrins qui dévastent, mais aussi de l'espoir, de l'empathie... J'ai été captivé, touché aussi...
Ici une femme attend un bébé et c'est un drame lorsqu'on lui apprend que ce sera un garçon...
La communauté LGBT est en crise elle aussi. Des hommes ont perdu leurs compagnons. Ils ont vu leur cercle social, leurs vies voler en éclats. Ils ont besoin d'aide.
Comment ne pas se laisser émouvoir par cette femme qui à toutes forces veut sauver ses garçons en les isolant... ? Comment ne pas être touché par cet homme qui s'exprime sur son blog, persuadé d'être immunisé, qui meurt seul, qui disparaît après avoir supplié quelqu'un de dire à sa mère hospitalisée, qu'il l'aimait.
Même cette femme chercheuse, avide de pouvoir et de célébrité, avide d'être celle qui sera la première à découvrir le vaccin, avide de décrocher le prix Nobel de médecine tant qu'à faire, vous vous rendez compte, une femme scientifique décrochant un prix Nobel, c'est si rare, elle serait la dix-huitième... Même cette femme ne nous paraît pas foncièrement antipathique...
Vivre ou survivre, ce n'est pas pareil. Recommencer, commencer quelque chose de nouveau. le monde alors change après cela. L'histoire va se fabriquer autrement désormais... Et puis, comment trouver l'amour dans un monde nouveau ? Dans ce grand besoin d'amour, des femmes découvrent qu'elles peuvent aimer d'autres femmes...
La fin des hommes, un monde où une pandémie efface peu à peu les hommes de la surface de la Terre, ce sont aussi des passages de ce récit que j'ai trouvé savoureux voire jubilatoires... La mortalité routière chute vertigineusement... de nombreux pays, y compris les plus improbables, voient arriver à leur tête des femmes présidentes, des guerres disparaissent même si certaines femmes veulent s'enrôler à la place des militaires hommes décimés non pas au champ de bataille mais dans leur lit... Des guerres disparaissent tout simplement parce que désormais les négociations pour obtenir la paix se font beaucoup plus facilement. Ah ! Comme j'ai trouvé merveilleux et si inspirant ce petit contrepied à notre tragique actualité...
Roman féministe ? Je ne l'ai pas perçu ainsi. Il est pour moi un roman au ton universel, un joli pas de côté, parfois grinçant, sur notre monde d'avant et notre monde d'après.
Le talent de Christina Sweeney-Baird est d'avoir su mêler harmonieusement et avec intelligence des vies intimes et une humanité traversée de vertiges, de doutes et d'espoir.
Je remercie Babelio et les éditions Gallmeister, qui m'ont permis de découvrir ce roman dans le cadre d'une récente opération Masse Critique.
Commenter  J’apprécie          4420
On ne l'a pas croisé mais Christina Sweeney Baird faisait partie des nombreux auteurs présents le week-end dernier au festival Quais du Polar.

La fin des Hommes est-il pour autant vraiment un polar ?

Non dans le sens où il n'y ait pas question de crimes ou de délits, ni même d'enquête mais ce premier roman se lit comme un page turner en maintenant un suspense quant à la survie de l'espèce humaine.

Le pitch :

L'histoire commence à Londres, 5 jours avant le début du fléau en 2025 et par la « voix » de Catherine qui a un enfant de 3 ans et se demande, pressé par son mari, si elle est prête à une nouvelle FIV.

Dans le chapitre suivant, Amanda à Glascow, médecin aux urgences à l'hôpital, constate un décès très soudain d'un homme, puis 3 puis 5. Elle alerte tout de suite les instances médicales soupçonnant un virus nouveau et très contagieux mais on la prend pour une folle.

Le lecteur vit au fil des jours la propagation du virus (mortel et qui ne touche que des hommes) à travers le monde et par la voix de différents personnages féminins.

Face au deuil et à une société complètement bouleversée, reconfigurée, chacun réagit à sa façon.

Paradoxe d'un fléau qui s'étend partout et donc d'un monde utra connecté mais alors que tout le monde vit la même chose, l'auteure suggère la solitude, l'isolement de chacun (parfois même réelle comme ce bateau qui va rester deux ans au large de l'Islande ou cette cabane dans la forêt dans laquelle un ado est obligé d'aller se réfugier pour ne pas être contaminé).

La fin des Hommes interroge bien entendu sur la place des hommes dans la société (aussi bien dans la sphère publique que dans la sphère privée), sur le deuil, sur jusqu'où un état peut aller dans l'ingérence personnelle (ici au niveau des naissances) pour sauver un pays, une société.

Comme Catherine, Amanda et d'autres femmes sont des personnages récurrents, la fin des Hommes arrive à allier à une tragédie universelle une intimité profondément bouleversante.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          220
Et si une pandémie s'abattait sur le monde ? Ah, mince, c'est déjà fait... Mais imaginons que cette pandémie ne touche que les hommes, au point de presque tous les éradiquer ? Quel serait l'avenir de l'humanité ?


La fin des hommes, est un des romans d'anticipation les plus flippants et réaliste que j'ai lus ces dernières années. Pourtant, point de zombies ou de vilains, non, juste la quasi-extinction des hommes et seulement eux.


En commençant la rédaction de son manuscrit bien avant la pandémie actuelle, Christina Sweeney-Baird joue au devin. Ou peut-être a-t-elle su observer l'état du monde et en capter son essence. Peu importe, le résultat produit est aussi passionnant qu'impressionnant. Roman choral divisé en plusieurs parties, celui-ci s'étale sur plusieurs années et démontre ainsi les réflexions poussées de l'auteure.


On y constate que la domination masculine dans certains secteurs professionnels avec pour conséquence une pénurie de main d'oeuvre. de nouveaux modèles de sociétés sont donc proposés, des révolutions éclatent, le monde est suspendu, bouleversé à jamais.


Loin d'en faire un procès contre les hommes, La fin des Hommes, s'attarde surtout la résilience, le deuil ou encore la place de chacun dans la société. J'ai aimé toutes ces femmes qui voient leur vie chambouler, ces femmes qui se soutiennent ou qui parfois reproduisent le comportement masculin.


Des chapitres très courts, des personnages passionnants et une écriture plaisante font de ce roman une convaincante et perspicace pépite féministe.

Toutes les chroniques du blog sur : Book'n'cook
Lien : https://bookncook.over-blog...
Commenter  J’apprécie          100
La fin des hommes de Christina Sweeney-Baird est un excellent roman d'anticipation.
En 2025, une maladie appelée Fléau, se répand dans le monde, ne tuant que les hommes. On suit donc plusieurs personnes à travers le monde, d'abord avec l'angoisse d'attraper la maladie pour les hommes et pour leurs familles.... Et ensuite la force qu'il faut à ces femmes pour se relever et pour diriger le monde.
Il y a beaucoup de personnages mais toutes avec leurs histoires sont très touchantes.
J'ai beaucoup aimé suivre cette épidémie jours après jours, de le découverte du patient 0 à la découverte du vaccin puis à l'après.
Certains passages sont très émouvants.
C'est un livre très bien écrit qui se lit facilement.
L'auteure a écrit ce roman entre 2018 et 2019, avant le covid donc, et en le lisant, je me suis dit quand même que cette personne a eu un sacré instinct visionnaire.
Merci à Gallmeister pour leur confiance.



Commenter  J’apprécie          90
J'ai mis 5 étoiles à ce roman car dans sa globalité, je l'ai apprécié. le sujet- une pandémie qui ne décime que les hommes est original et traité de manière peu commune: on suit l'histoire personnelle de nombreux personnages à travers le monde. Alors oui parfois, on ne sait plus qui est qui, mais on retrouve vite le fil. J'ai aimé la réflexion de l'auteur sur ce sujet, la disparition des hommes, et le fait qu'elle traite l'avant et l'après pandémie, la transformation du monde tel qu'on le connaît.
Commenter  J’apprécie          70
Livre a lire après la pandémie de covid sinon c'est la déprime totale. Ceci dit c'est un très bon roman d'anticipation écrit bien avant ce qu'à connu le monde ces deux dernières années. L'auteur nous emmène dans un monde sans hommes où la valeur des femmes 😁😁 est mise en avant ainsi que la valeur du travail.
Commenter  J’apprécie          72
Roman prophétique, imagination prémonitoire ? Christina Sweeney-Baird commence la rédaction de « La fin des hommes » en 2018, soit bien avant le début du COVID. Elle imagine un virus qui ne toucherait qu'une partie de la population. « Une souche de grippe particulièrement agressive apparue à Glasgow début novembre a touché des dizaines de milliers de personnes en Écosse. (…) Selon des rapports isolés, le virus grippal affecte exclusivement les hommes. » Les femmes sont asymptomatiques, certaines portent le virus et le transmettent à leurs fils, leurs époux, leurs pères, leurs collègues. le récit commence par l'apparition de cette sorte de grippe, les premiers symptômes, les premiers morts et explore la lutte de l'humanité, les actions menées et les solutions mises en place. Il dresse également un état des lieux d'un monde où seuls 10 % des hommes ont survécu et où tous les aspects de la société doivent être réinventés par les femmes. Roman choral, toutes les voix sont féminines, obligées de surmonter peine et douleur de la perte pour lutter ensemble et survivre. Enfin, la question « le monde irait-il mieux si les femmes étaient à sa tête ? » est largement développée, n'en déplaise aux féministes les plus acharnées, la réponse est loin d'être aussi évidente.

Magistral d'intelligence, de pertinence sur les problématiques soulevées, « La fin des hommes » est un concentré d'émotions entremêlé de questionnements, de réponses et d'analyses finement trouvées. Christina Sweeney-Baird explore réellement tous les aspects sociétaux qu'il faudrait régler si une telle épidémie venait à apparaître. Je n'avais même pas conscience de la somme des incidents qui pourraient survenir, de ce qu'il faudrait mettre en oeuvre pour les gérer. Un énorme travail de réflexion a été fait par l'auteur, ce qui donne au texte une véritable crédibilité, des pensées perspicaces et lucides sur une humanité en reconstruction. Nous avons malheureusement vécu une énorme crise sanitaire qui nous a sensibilisés aux efforts à mettre en oeuvre pour en venir à bout. Nous avons aussi expérimenté la peur, le doute, la scission de la société, les conséquences sur nos enfants, la panique de l'augmentation du nombre de décès, mais nous avons pu échanger avec nos proches tous sexes confondus. Ici, le Fléau a un autre visage. Il divise les familles, il frappe un genre particulier, il oblige chacun à voir sa moitié ou ses enfants mourir. Et mourir seul. Pour protéger les autres mâles de la maison. Un crève-coeur imaginable. le temps est compté à partir de l'identification du cycle viral : asymptomatique pendant 2 jours, transmission durant ce laps de temps, apparition des symptômes « grippaux » et d'une forte fièvre le troisième jour, décès le 5e jour. le Fléau survit 38 heures sur une surface, autant dire une éternité.

Les femmes sont les héroïnes de « La fin des hommes ». Elles sont toutes remarquables, mais pas forcément pour les mêmes raisons, encore moins pour les mêmes qualités. Ce qui les rassemble est une lutte commune, un même but, pas forcément des moyens identiques pour y parvenir. Dans le brouillon du roman figurait une quarantaine de portraits de femmes, toute classe sociale confondue, à travers plusieurs pays. Dans la version finale, il n'en reste que quelques-unes, mais ô combien emblématiques ! Elles témoignent, elles agissent, elles décident sur un terrain laissé vide par la gent masculine. La nature ayant horreur du vide, certaines deviennent des loups, d'autres des bergers. Au-delà de toutes les réflexions que suscite « La fin des hommes », une large part est accordée aux émotions. Celles des survivantes, épouses, mères, filles. de facto, ces émotions nous sont transmises à l'état brut. Puisque nous avons vécu une situation approchante, sans doute sommes-nous plus à même de compatir et de nous attendrir. Ou pas. le résultat frappant de réalisme ne peut laisser indifférent. J'ai été cette épouse, cette mère, cette fille. J'ai ressenti la panique, le désespoir, l'instinct de survie, la résilience, la force qui renaît, l'urgence de s'adapter.

« La fin des hommes » en dit beaucoup sur notre (in)humanité, c'est sans doute cela le plus troublant. Comme dans la « vraie vie », des personnalités ou des actions se démarquent, des scissions se creusent, des avis divergent et des menaces de luttes intestines grondent. le roman ne peut pas se raconter, il doit se vivre. Au plus profond de nos entrailles d'êtres humains, nous connaissons le danger qui nous guette, mais aussi la force de l'amour et l'instinct de survie capable de renverser des montagnes. Christina Sweeney-Baird a construit son roman d'une manière brillante. Il est le fruit incontestable de réflexions très poussées, d'une imagination paroxystique portée par une seule question : « Et si ? » Les réactions en chaîne engendrent d'autres problématiques auxquelles elle répond en menant toutes ses interrogations jusqu'au bout. « Et si ?… Alors, que faudrait-il faire ? » le danger était de ne susciter aucune émotion, d'aboutir à une longue liste alimentée par des états des lieux successifs. Il n'en est rien. L'émotion est au coeur du roman, aussi forte que l'épidémie, plus forte qu'elle, car au bout il y a la vie. Formidable de justesse et d'intelligence, un roman absolument sublime de la première à la dernière ligne, qui risque fort de devenir une référence dans les années à venir.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
Commenter  J’apprécie          60
Celui-ci, j'avais trop envie de le lire ! Éncore un livre sur une pandémie ? oui, mais pas que … et c'est beaucoup plus que cela. Écrit en 2018, premier jet terminé en juin 2019. Et dernières corrections en avril 2020 durant le premier confinement. Inutile de dire que l'autrice a été marquée :).

C'est un livre plein d'humanité qui raconte ce qui pourrait se passer si la plupart des hommes mourraient. Juste la gente masculine qui représente vos pères, maris, fils… peu importe l'âge.

Le livre est construit avec des points de vues de femme aux quatre coins de monde dont quelques unes sont récurrentes au fil de l'histoire. On y retrouve une anthropologue, des médecins, une journaliste. On suit leur parcours, leur tristesse lors de la perte d'êtres chers , la jalousie(certains hommes sont immunisés) qui peut apparaître.

Chaque pays doit s'organiser, avec leur propre culture ou situation politique ; les femmes doivent s'organiser et organiser une « nouvelle » société… Elles doivent apprendre de nouveaux métiers comme électricien où c'était une majorité d'hommes qui exerçaient (idem dans d'autres secteurs comme l'armée par ex).

C'était vraiment intéressant de voir le point de vue de l'auteure et finalement, je pense que certaines femmes ne valent pas mieux que certains hommes au final.

Pleins d'émotions et de questionnement surgissent au fil de la lecture ; livre que je vous recommande chaudement :).
Commenter  J’apprécie          50



Lecteurs (604) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4889 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}