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Critique de Myriam3


Les Voyages de Gulliver font bien sûr tout de suite penser à ce géant attaché sur le sable d'une plage par des centaines de Lilliputiens s'agitant autour de lui. Dans les livres, on le voit ensuite traverser la ville en l'enjambant, porter de minuscules hommes au creux de la main, se nourrir de boeufs entiers, un peu à la manière de Gargantua.
Dans ce livre, deux récits suivent le Voyage à Lilliput, et les lire tous les trois aboutit à une vraie morale profondément cynique.
Dans son Voyage à Brobdingnac, Gulliver, cette fois-ci, se retrouve confronté à un monde de géants. Impossible maintenant d'en imposer, de faire le fier; Gulliver doit au contraire apprendre l'humilité et accepter d'être en position d'infériorité. Mais surtout, difficile, quand on est minuscule et qu'on doit sans cesse crier pour se faire entendre, que ses gestes de colère ne sont que de mignonnes mimiques au regard de ces géants, de défendre son pays, sa nation contre les critiques indignées du roi de Brobdingnac, bien plus sage, noble et incorruptible que les souverains d'Europe.
Il faudra un troisième voyage à Gulliver pour se ranger définitivement du côté des autres et contre les aberrations de son peuple, ses mensonges, veuleries, cupidités et plus que tout sa violence et ses guerres.
Lors de ce troisième voyage, il rencontre les Houyhnhnms, peuple de chevaux civilisés qui élèvent des Yahous, équivalents sauvages des humains.
Tout, dans la nature de ces Houyhnhnms, est vertueux et révèle comme une loupe de quoi est faite la nature humaine, au point où Gulliver ne voudra plus rentrer chez lui et subir à nouveau cette civilisation qu'il a appris à mieux connaître lors de ses voyages.

Là où, dans les deux premiers récits, la critique est ironique et la narration prend le ton d'un faux documentaire, avec toute la fausse naïveté que ça engage, dans le dernier récit la critique est nettement plus virulente et plus du tout déguisée. Les humains, et en particulier les Européens, deviennent définitivement des Yahous, des bêtes, dont il utilisera d'ailleurs la peau et la graisse pour son voyage de retour comme on le ferait d'un animal. On se croirait d'ailleurs dans la Planète des Singes.

Les Voyages de Gulliver reflètent bien une époque, celle des grandes explorations et premières colonisations, et préfigure la plume ironique de Voltaire. Jonathan Swift propose bien un autre modèle de civilisation où les Houyhnhnms ne font pas de distinction entre l'éducation du mâle et de la femelle, partagent leurs terres et récoltes équitablement, cultivent la force, le courage, organisent des exercices de force et d'agilité et récompensent le meilleur et... tiens, finissent un jour par organiser une réunion pour décider si oui ou non ils doivent exterminer les Yahous qui peuplent leurs terres...
La voie vers une civilisation idéale est sans issue!
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