AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Fortuna


« Je vis doublement. J'écris doublement. »
Cette déclaration d'Anaïs Nin résume bien sa vie. D'origine cubaine, elle est née en France en 1903 et meurt à Los Angeles en 1977. Sa vie est partagée entre ces deux pays, la France et les Etats-Unis et deux langues le français et l'anglais. Partagée entre sa mère et son père. Entre l'image qu'elle donne d'elle-même et celle qu'elle ressent être. Entre deux maris. Entre la sécurité de la vie de couple et une liberté sexuelle sans entraves.
Son oeuvre principale est son journal intime qu'elle tiendra de l'âge de 11 ans jusqu'à sa mort, suite au départ de son père qui a abandonné sa famille. Elle a également écrit une étude sur DH Lawrence et des écrits érotiques qui connaitront un certain succès. Elle donne l'image d'une femme libre, ayant bravé beaucoup de tabous : elle a eu de nombreux amants et amantes – dont certains célèbres comme Henry Miller -, s'est faite avorter – elle voulait consacrer sa vie à la création littéraire -, a eu une relation amoureuse incestueuse avec son père – avec lequel les rapports ont été ambigus dès l'enfance -, a été mariée avec deux hommes en même temps – son premier mari Hugh Guiler épousé en 1923 à La Havane et Rupert Pole en 1955 en Arizona. Elle vivra également pendant une dizaine d'années (de 1932 à 1942) une grande passion amoureuse et intellectuelle avec Henry Miller. Elle s'est beaucoup intéressée à la psychanalyse (elle fréquente Otto Rank entre autres), en a suivi une et l'a pratiquée elle-même.
La biographie de Sophie Taam se lit comme un roman et met en lumière le caractère narcissique et immature de la personnalité d'Anaïs, peut-être lié au traumatisme qu'elle a subit dans son enfance, mais qui a certainement été un frein à sa vocation littéraire, trop centrée sur elle-même. Elle reste une figure féminine, et d'une certaine manière féministe importante, bien qu'elle n'ait jamais pu se défaire vraiment de son personnage de femme-enfant, dépendante financièrement et affectivement des hommes. Ce n'est qu'à l'âge de 63 ans (en 1966) qu'elle connaîtra vraiment le succès et pourra vivre de son oeuvre. Mais en 1969 elle est atteinte d'un cancer de l'utérus qui l'emportera quelques années plus tard.
« On écrit pour sentir la vie deux fois : sur le moment et de manière rétrospective. » le but est atteint. Une vie hors du commun, une biographie passionnante, une oeuvre à redécouvrir.
Merci aux éditions « Chèvre-Feuille Etoilée » et à Masse-critique de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage.
Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}