Or, la femme artiste doit se créer ses propres cadres et images symboliques. C'est certainement la recherche fondamentale du "Journal" d'Anaïs Nin, l'expression d'une vision purement féminine et qui sera saluée dans les années soixante et 70 comme tel.
Pour la première fois depuis l’âge de onze ans, Anaïs se fuit et désire rester
à la surface des choses pour ne plus contempler sa souffrance. Elle veut
oublier. La situation, en effet, lui semble désespérée : elle aime Hugo mais a promis la loyauté à sa mère. Elle est torturée par ses exaltations sensuelles et s’exhorte à la vertu. Sa vie se déroule dans différentes strates simultanées : sa vie intérieure, qu’elle tente d’étouffer, sa vie extérieure
– ses débuts mondains, son expérience dans un nouveau foyer –,
et sa vie d’artiste, reléguée pour l’instant aux oubliettes.
Il lui faudrait,pour juguler cet éclatement de personnalité,quatre ou cinq journaux différents. Cette multiplicité la poursuivra toute sa vie, elle prendra plus tard la forme particulièrement exténuante du dangereux « trapèze », un va-et-vient incessant entre les deux hommes de sa vie, l’un sur la Côte Ouest, Rupert Pole, et l’autre sur la Côte Est, Hugo Guiler.
La femme artiste doit parvenir à combiner création et vie à sa manière - ou dans son propre ventre si vous préférez. Elle doit créer quelque chose de différent de ce que crée l'homme - non pas quelque chose de monstrueux, au sens ou l'entend l'homme, ni un Chirico, ni un paradis de l'art. (...) L'art de la la femme doit être un art né de la chair de sa matrice et non des cellules du cerveau.
(extrait d'anaïs)
la femme artiste évolue dans un monde masculin dont l'homme a conçu les images, les concepts, les références et les structures artistiques. Or, la femme artiste doit se créer ses propres cadres et images symboliques.