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Critique de hellrick


Paru en 1948, ce roman fut un gros succès au Japon et se retrouva par la suite fréquemment listé parmi les meilleures histoires de crime en chambre close. Il a fallu attendre plus de 60 ans pour le voir publié en France. Son auteur, Akimitsu Takagi, est pourtant bien connu dans son pays natal, et plusieurs de ses romans figurèrent sur la liste des Tozai Mystery Best 100 (littéralement Les 100 meilleurs romans policiers de l'Orient et l'Occident), notamment ce IREZUMI (son premier livre) qui, en 1985, occupait encore la douzième place du classement.
Nous sommes ici dans le whodunit le plus pur (assorti d'un « how done it ») puisqu'il s'agit d'un crime impossible commis dans une chambre close ou, plus précisément, une salle de bain fermée de l'intérieur. On y retrouve une jeune femme découpée en morceau et dont le tronc a disparu. Pourquoi cette mutilation ? Tout simplement car la victime, la belle Kinué Noruma, portait un tatouage de grande valeur exécuté par son père, véritable maitre de cette discipline. Deux enquêteurs tentent de résoudre l'énigme : l'étudiant en médecine Kenzo Matsushita et le collectionneur de tatouage Heishiro Hayakawa. Devant la complexité du problème, Kenzo demande conseil à son ami Kyosuke Kamitsu.
En plus du récit policier, fort bien mené et captivant, l'originalité du roman réside dans les commentaires donnés sur la société japonaise de l'immédiat « après Seconde Guerre Mondiale ». La question de l'Irezumi, ces très larges tatouages qui couvrent de grandes parties du corps, s'avère centrale dans la compréhension de l'intrigue. Interdit sous l'ère Edo puis au début de l'ère Meiji, la pratique continua de manière clandestine mais fut associée aux « personnes de mauvaise vie », en particuliers les prostituées et les membres d'organisations mafieuses de type Yakuza. Légalisé en 1945, l'Irezumi entraine toujours, à l'époque du roman, des réactions contradictoires faites de répulsions et d'attractions, majoritairement érotique lorsqu'il recouvre le corps féminin.
L'enquête en elle-même avance de manière assez lente jusqu'à l'arrivée du génial investigateur Kyosuke Kamitsu dont les raisonnements n'ont rien à envier à ses maitres Sherlock Holmes ou Dupin. Evidemment, sa suffisante est, comme souvent, parfois agaçante mais ce bémol (une constance des détectives comme peuvent en témoigner Poirot ou Merrivale) reste mineur tant le roman démontre la maitrise du pourtant débutant Akimitsu Takagi : dialogues efficaces, rythme bien géré, stratagème criminel bien imaginé, personnages adroitement campés et contexte sociétal travaillé sans qu'il devienne envahissant. Bref, voici un roman policier étonnamment moderne dans son écriture, une excellente découverte du roman policier nippon à rapprocher du plus connu et tout aussi passionnant TOKYO ZODIAC MURDERS. Hautement recommandé pour tous les amateurs de crimes impossibles, de chambres closes et, plus largement, de whodunit.

Lien : http://hellrick.over-blog.co..
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