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Citations sur Les chroniques d'Arslân, tome 1 (60)

Ce jour-là, un gigantesque autodafé de livres eut lieu sur la place jouxtant la porte méridionale de la capitale. Le nombre des « ouvrages païens » méritant la destruction par le feu atteignait douze millions ; la bibliothèque royale avait été entièrement vidée. L’archevêque Bodin se livrait à une harangue véhémente en face de l’énorme monceau de livres et de la foule des spectateurs. Un cavalier féru de science eut le courage – ou peut-être faut-il parler d’inconscience – de protester contre cette destruction.
- Même s’ils sont l’œuvre d’infidèles, faut-il vraiment jeter au feu sans même les avoir examinés des ouvrages d’une telle valeur ? Qu’on les brûle, soit, mais prenons d’abord le temps de nous faire une idée suffisante de leur valeur !
- Blasphémateur ! Bodin trépignait. Ces livres ne peuvent contenir plus que nos Écritures pour appréhender ce monde. Si leur contenu va à leur encontre, alors ça signifie que le Malin les a inspirés et qu’il est de notre devoir de les faire disparaître. Dans un cas comme dans l’autre, ils méritent de finir dans les flammes.
- Mais y jeter aussi des ouvrages de méd…
Frappé violemment sur la bouche, le cavalier chancela.
- Qui révère sincèrement Yahldabôth reste à l’abri des maux ! Ceux qui en sont atteints ont laissé le Mal s’introduire en eux, encourant ainsi la punition divine ! Et cela vaut même pour un roi…
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La tourmente qui avait soufflé sur le continent depuis le Lusitania, au nord-ouest, jusqu’en Parse, faisait la part belle à l’équité… en ce sens, du moins, que les riches n’y avaient pas échappé. Plus l’on était nanti et plus l’on avait perdu. Nobles, prêtres, propriétaires terriens, riches marchands avaient subi de cruelles violences, on les avait dépouillés des biens accumulés jusque-là grâce à des lois et un pouvoir impitoyables. Pour eux, la nuit ne faisait que commencer.
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Nul dans le pays, si ce n’étaient les nouveau-nés, n’ignorait le nom du roi aux serpents, Zahâk. Ainsi se nommait le prince des démons qui, dans les temps anciens, avait régné sur le monde en s’y livrant à toutes les atrocités imaginables. Il avait assassiné le sage roi Jamsîd puis l’avait dépecé à la scie, avant d’en jeter les morceaux à la mer ; ensuite, il s’était emparé de tous ses biens et de tous ses pouvoirs.
Deux reptiles noirs poussaient des épaules de Zahâk. C’était d’eux qu’il tirait son nom de roi aux serpents. Ces bêtes se nourrissaient de cervelle humaine – durant son règne, deux personnes leur étaient sacrifiées chaque jour, nobles ou esclaves. Ce règne de terreur avait duré un millénaire, durant lequel la désolation s’était emparée d’un monde dans lequel les humains naissaient avec aux pieds les fers de la peur, et mouraient avec, au cou, le carcan du désespoir. Quarante générations s’étaient succédé avant que la domination du roi aux serpents ne parvienne à son terme. Alors naquit la dynastie parse…
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Vous n’êtes pas le seul homme à manier excellemment l’épée. Le soleil de Parse ne brille pas que pour vous. La juste conscience de sa force et l’excès de confiance en soi sont aussi malaisés à distinguer que la nuit de l’obscurité.
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Que se soit de la main d’un fidèle vassal ou d’un traître, périr, c’est toujours périr.
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Moi aussi, je déteste cette façon qu’ont les Lusitaniens d’imposer leur dieu aux autres religions. Pour prendre un exemple, je dirai que ça reviendrait à voir la Beauté uniquement dans l’or de la chevelure, le bleu des yeux et la neige du teint, et la dénier chez les autres femmes. Le Beau, le Précieux dépendent du jugement personnel de chacun et ne sauraient être imposés…
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- Veuillez attendre, gente dame ! la héla-t-il. Peut-être n’entendit-elle pas, ou bien fit-elle la sourde oreille, toujours est-il qu’elle n’essaya même pas de retenir sa monture.
Belle dame que je vois, là-bas !… reprit-il en haussant la voix, sans plus de succès. Gente dame à la beauté à nulle autre pareille !
Enfin, elle marqua le pas ; se retourna posément. Éclairé en oblique par le clair de lune, son visage aux traits purs affichait une expression des plus calmes :
- C’est moi que vous appelez ?
Le court instant durant lequel Ghîb resta sans réagir fut mis à profit par la femme pour reprendre :
Passe encore que vous me qualifiiez de beauté, mais vous vous égarez en la qualifiant de « sans pareille »…
Chose curieuse, l’attitude qu’elle adoptait pour nier sa propre beauté n’avait rien d’affecté. Incapable de réprimer sa joie, Ghîb put enfin employer un langage digne de lui :
- Ne dites pas cela. Ajoutée à votre beauté, votre habileté à l’archerie a emporté mon admiration. Je me nomme Ghîb et je suis musicien. Je vais par les chemins, logeant de-ci de-là, et j’ai l’outrecuidance de me considérer plus sensible encore à la beauté qu’on ne l’est parmi les rois et la noblesse. Je viens présentement d’utiliser ma pauvre veine poétique pour composer votre louange.
- …
- Sa taille évoque les fins cyprès, sa chevelure de jais ravit un coin du ciel nocturne, sa prunelle fait oublier l’émeraude, sa lèvre fraîche est une fleur humide de la rosée de l’aube…
- Pour un ménestrel, vous ne faites guère preuve d’originalité…
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Ghisqâr faisait lui aussi ses propres calculs. Des Parses qui s’en prenaient à leurs propres compatriotes, voilà qui ne pouvait nuire au Lusitania. Que des Parses jouent le rôle de fossoyeurs du prince ; les mains lusitaniennes demeureraient propres, du moins pour ce qui concernait cette affaire. D’ailleurs, si le prince venait à être éliminé, Kahllahn ne pourrait plus faire volte-face. Ghisqâr ignorait ce qu’en penseraient son frère et l’archevêque, mais il trouvait absurde qu’on pût envisager de faire disparaître les Parses jusqu’au dernier. Il fallait s’en attacher le dixième, avec lequel on dominerait les neuf dixièmes restant. Diviser pour régner, là résidait la sagesse des conquérants.
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Les statues des dieux de la mythologie parse se dressaient, alignées, à droite et à gauche. Anâhiktah, déesse des eaux, couronnée d’or et revêtue d’une fourrure de castor ; elle présidait également à la naissance. Ce cheval blanc à la crinière en or, c’était un avatar de Tishtria, dieu de la pluie. Ursagûna, le dieu de la victoire, porteur d’une gigantesque pluie de corbeaux. Asi la resplendissante, déesse de la beauté et de la Fortune, protectrice de la virginité. Mithra, dieu des contrats et de la bonne foi, aux cent oreilles et dix mille yeux, réputé tout connaître des mondes d’En-haut et d’ici-bas ; il était vénéré aussi comme divinité de la guerre.
Les soldats se massèrent en riant devant les statues de toutes ces divinités qu’ils se mirent en devoir, tous ensemble, de tirer de leurs piédestaux. Elles n’étaient pas toutes faites de la même matière : certaines étaient en marbre, d’autres en cuivre plaqué d’or.
Les premières se brisèrent en tombant au sol ; les autres perdirent leur or, arraché à la main ou à la pointe de l’épée. Avec à la bouche le prétexte commode des principes religieux officiels – « Maudites idoles païennes ! », « Démons malfaisants ! » –, les Lusitaniens fourraient dans leurs poches les plaques d’or arrachées et crachaient au visage des dieux.
- Des pourceaux ne peuvent se conduire qu’en pourceaux !
La voix froide et sardonique stoppa brusquement leur élan. Un jeune Parse se tenait debout parmi les statues jetées à terre.
Pour détruire de cette ignoble façon d’aussi merveilleuses statues de déesses, faut-il que vous soyez totalement incapables d’apprécier la Beauté ! Vous n’avez besoin de personne pour vous poser en barbares !
Les soldats lusitaniens se consultèrent du regard. L’un d’entre eux, qui comprenait la langue officielle de la grand-route continentale, lui répliqua en jurant :
- Qu’est-ce que tu chantes là, suppôt des démons, adorateur des idoles ! Quand Yahldabôth le suprême descendra sur la terre au dernier jour, tous les mécréants de ton espèce seront précipités aux Enfers pour l’éternité. Il sera trop tard pour te repentir !
- Parce que tu te figures que j’ai envie de me retrouver dans un paradis avec votre sale face de porc pour compagnie ! lança à son tour le virulent jeune homme – Ghîb – qui se tenait prêt à dégainer à tout instant.
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- Depuis quand quelqu’un d’un pays vaincu, et nullement converti de surcroît, prend-il part aux affaires suprêmes ?
- Le chemin le plus court vers la réussite semble être de vendre ses coreligionnaires, et pas de combattre les infidèles au péril de sa vie.
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