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Critique de Stockard


L'Amour vu par la lunette à lentille tordue de Junichirô Tanizaki...
Sonoko est une femme calme, douce et sans histoires qui mène une vie calme, douce et sans histoires. Et c'est bien là le noeud du problème. Sonoko s'ennuie. Entre un mari mollement avocat et une belle maison dans laquelle elle ne trouve rien d'intéressant à faire, la monotonie devient chaque jour plus pesante. Alors à la réflexion et histoire d'enrichir un peu son quotidien, pourquoi ne pas s'inscrire dans une école d'arts et y suivre les cours de peinture ? Aussitôt dit... Allez hop, armée de gouaches et de pinceaux, voilà que Sonoko se trouve une occupation journalière, elle-même vite transcendée par la passion qu'elle commence bientôt à vouer à l'énigmatique Mitsuko, autre élève de ladite école.
Et bim, c'est pile à ce moment que de vie sans reliefs, Sonoko entre dans le baladinage. Les deux femmes vont rapidement (trop rapidement en fait, ce qui pour moi décrédibilise déjà un peu le début de cette histoire) connaître une passion dévorante, car Sonoko vivant comme dans un rêve ne voit pas encore la manipulation dont elle est victime. Enfin, censément victime car de manipulation je n'en ai pas vu moult. Soit, Mitsuko cache son jeu et ne parle surtout jamais de Watanuki, son amant virilement déficient avec lequel elle se repait de ses amours saphiques. Ah, Watanuki ! Individu haut en couleur, monomaniaque et un poil fissuré du casque, peut-être le personnage le plus abouti de ce roman, en tout cas le plus fascinant sans aucun doute. Bref, entre affaires cachées, mensonges et domination, Sonoko finit par descendre de son petit nuage et, entraînant son mari à sa suite, entre à son tour et sans remords dans l'enivrant tango des intrigants.

Si Svastika reste dans l'ensemble une oeuvre intéressante et se lit avec une petite délectation perverse, on n'atteint jamais vraiment le niveau d'immoralité promis au départ.
Seul bémol car à côté de ça, en mêlant tradition ancestrale au pays du Soleil Levant et fastueuse modernité occidentale, l'alliance fonctionne parfaitement pour un roman écrit dans les années 20 qui aurait sans aucun mal trouvé sa place lors de la dernière rentrée littéraire. Sûr qu'on aurait pas distingué l'anachronisme.


En résumé, j'en attendais sûrement trop mais il faut bien avouer que Tanizuki avait les capacités d'aller tellement plus loin dans la folie et la perversion auxquelles chaque personnage se prête impeccablement. Pourtant encore une fois, peut-on juger sur ces bases un roman quasi centenaire ? Peut-être pas et pour l'époque, j'imagine avec délectation le petit séisme littéraire qu'il a dû provoquer.
Et pour finir, cette universelle leçon qui n'a pas pris une ride, qu'on se le dise : Il n'y a pas d'amour heureux !
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