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Critique de Lune


Lune
21 février 2016
« Murmures à la jeunesse » de Christiane Taubira est un cri d'amour à la France, à la République et à ses valeurs et principes sur lesquels personne ne devrait transiger.
Le débat sur la déchéance de nationalité consécutif aux attentats odieux de 2015 a amené cette femme de conviction a sortir de ses gonds (trop, c'est trop!). Non seulement Christiane Taubira a démissionné de son poste de Garde des Sceaux, mais, en catimini, elle a rédigé dans l'urgence d'expliquer et de s'expliquer ce petit essai politique.
Petit, certes par la taille, mais certainement pas par sa densité, son intensité et sa valeur .
Au-delà de l'argumentaire lié au factuel (les attentats, les mesures à prendre, les débats ...) sur lequel les discussions et arguties politiques, voire politiciennes, qui ne manqueront pas, ce petit ouvrage porte un message consolant, oserais-je dire rafraîchissant, dans le climat lourd qui pèse sur la démocratie française. Au travers de la problématique franco-française, cette réflexion qui se hisse, pour une fois, à la hauteur des enjeux, peut interpeller les citoyens des pays voisins de la France, comme un écho : les mêmes questions les taraudent, les mêmes inquiétudes les habitent. En cela ce livre est salutaire et peut réveiller les consciences perdues ou endormies.
Certains se sont plaints des trop nombreuses références à des auteurs pas toujours connus (de tous), d'autres ont critiqué le style (trop lyrique, ...). Aux premiers, je voudrais dire qu'aucune pensée, fut-elle politique, ne peut s'élaborer sans référence, sans un tronc éclairant se lequel peut s'édifier une conviction politique, sociale et culturelle. En faire mention, c'est partager et peut-être inciter à de nouvelles découvertes. Pour les seconds, sans doute s'agit-il d'une affaire de goût, mais faut-il, pour autant rejeter, dénigrer. L'enveloppe aurait-elle plus de poids que le contenu ? le signifiant plus que le signifié ? Pour ma part, j'ai aimé cette écriture qui s'emporte comme un fleuve. Madame Taubira écrit comme un tribun, on sent l'oralité et la jouissance de se jouer des mots pour combattre et convaincre avec des tournures poétiques proches de la licence pour mieux incarner.
« Une génération peut éclairer le présent et offrir à la suivante de choisir l'épaisseur et les couleurs de son propre présent. », lit-on au tout début du livre. Christiane Taubira termine, juste avant une postface beaucoup plus froide par son réalisme et qui relate les faits tels qu'ils ont été vécus par le gouvernement, par ces mots : « René Char conseille : « Signe ce que tu éclaires, non ce que tu assombris. » Voilà, je signe. Je prétends, là, éclairer. Non par la Vérité, car je ne sais si elle est majuscule et singulière. Mais par la cohérence et la fidélité à moi-même, à mes engagements, à ma vie, à ceux qui croient en moi. C'est la seule légitimité qui m'autorise à m'adresser à vous, jeunes gens, jeunes filles, en aînée responsable et avec tendresse. »
« Murmures à la jeunesse » : texte à susurrer et à répandre comme un vent bienfaisant.
Éloquence et élégance. Belle leçon.
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