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Critique de Tachan


Je me rappelle, il y a un peu plus de deux ans avoir été totalement fascinée par la SF proposée par Adrian Tchaikocsky dans Dans la toile du temps mais avoir ressenti un manque une fois le volume refermé. Apprenant qu'il y avait une suite, ni une in deux, j'ai plongé tête la première dedans dès sa sortie poche. J'aurais peut-être dû y aller plus précautionneusement car ce fut un peu ardu.

La plume de l'auteur n'a pourtant pas changé, elle a ce je ne sais quoi de fascinant qui rend même les choses les plus complexes à appréhender totalement fascinantes avec des mots qui coulent des pages à notre esprit. Les thèmes sont également les mêmes, on parle de la rencontre entre elles d'espèces qui n'ont rien à voir et qui ont évolué suite à la main de l'homme. On se retrouve aussi à nouveau dans une très belle ambiance de space opera prenante et immersive où on voyage vraiment à bord des vaisseaux auprès d'êtres fascinants et surprenants. Ici zéro souci !

Mais peut-être étais-je moins disponible que la première fois, si la fascination et le vertige furent là, la lassitude fut aussi une compagne de lecture tout au long de ces très longues 678 pages... J'ai eu l'impression de tomber sur énormément de redites, beaucoup de moments où on tournait en rond et un sentiment de pédaler dans la semoule à plusieurs reprise. Ce fut un très long périple. Pourtant, l'idée d'alterner le présent avec la rencontre qui se fait entre humains, I.A., Portidés et Octopodes et le passé où on découvre la création et l'évolution de la civilisation des Octopodes est bonne sur le papier, elle permet de maintenir l'attention jusqu'au bout et avec ses ruptures de rythme de susciter à nouveau envie et curiosité quand le récit s'essouffle. Mais, je ne sais pas, quelque chose m'a troublée et manqué dans cette narration.

J'ai tout de même à nouveau beaucoup apprécié le voyage. C'était encore beau et vertigineux de retrouver nos araignées et les humains + I.A. qui les accompagnent dans cette nouvelle alliance pour aller à la découverte de l'univers. Quel chemin parcouru ! L'auteur en plus fait plaisir aux lecteurs de la première heure en recyclant des personnages connus. Embarquer à bord avec eux, vivre ce voyage, cette rencontre, suivre leurs échanges, leurs peurs, leurs craintes, leurs modes de pensées différentes, tout cela était passionnant. L'auteur sait vraiment faire vivre ces moments et fascine par le monde étrange et singulier qu'il a su créer et qui correspond bien à cette altérité qu'il prône et démontre ici où la communication est si importante pour détricoter les peurs. Comme dans le premier tome de sa saga malgré les concepts scientifiques, évolutifs et philosophiques qu'il met en branle cela reste tout à fait abordable.

J'ai aussi encore beaucoup aimé ce mélange entre Space Opera et Planet Opera qu'il sait produire. Ici, j'ai été aussi bien fascinée par le tableau qu'il fait des singuliers vaisseaux de nos amis Portidés et Octopodes que de la planète où ces derniers ont évolué et des voyages qu'ils ont connu ensuite dans des lieux singuliers de l'univers. En réutilisant les mêmes bases que ce qu'avaient connu les araignées avec leur évolution suite à l'intervention de l'homme, on connaît la même chose avec les pieuvres mais le résultat est totalement différent à l'image de ces espèces de base totalement différentes. Et même si maintenant on attend l'auteur là-dessus, il ne se prend pas les pieds dans le tapis et renouvelle le même exploit, je trouve, celui de nous conter l'évolution cohérente d'une espèce connue sur Terre vers quelque chose de totalement nouveau et inimaginable dans un nouveau contexte, nouvel univers, mais raconté de manière différente de la première fois. Chapeau ! Et puis, ces pieuvres et leur caractère lunatique ont quelque chose de sympathique !

La dynamique du récit repose aussi sur une autre gageure. On n'est pas dans la rencontre entre l'humanité et une espèce radicalement différente de la sienne. On est sur celle de deux espèces différentes de nous qui se rencontrent entre elles, comme si on avait transmis le flambeau. L'auteur nous embarque cette fois dans un moment suspendu qui dure et dure tout au long du tome où on craint que cette rencontre soit une terrible menace pour le vaisseau qu'on suit désormais, ce qui crée un climat de tension permanent en plus de la curiosité ressentie face à cette nouveauté que représentent les Octopodes. le procédé est donc assez différent du précédent volume, comme si l'auteur se renouvelait à chaque fois dans le récit de ces premières rencontres.

Cependant le revers de cette nouveauté, c'est que comme on est en présence de deux espèces différentes de nous, avec très / trop peu d'humains ou I.A. pour faire les médiateurs, on est en présence quasi permanente de deux pensées fort éloignées de nous qui tentent de communiquer sans y parvenir et le mur contre lequel elles se cognent semble bien plus épais que dans le premier volume, ce qui a peut-être participé à mon sentiment de lassitude. de même, il n'y a plus vraiment la surprise et du coup mes attentes étaient grandes et l'auteur n'a pas totalement transcendé cela en restant bloqué tout le tome sur CE moment. Il n'a pas su évoquer la même richesse thématique que dans son premier volume où il évoquait tour à tour évolution, darwinisme, linguistique, divinité, messianisme, intelligence artificielle, vie éternelle, reproduction, vie extraterrestre ou encore impérialisme spatial. Ici, ce fut moins ambitieux.

Dans les profondeurs du temps est une suite où j'ai pris plaisir à retrouver la plume envoûtante de son auteur mais où j'en ai aussi ressenti pour la première fois les limites. le vertige de ces rencontres d'espèces intelligentes différentes de nous ne peut me faire oublier le monolithisme parfois de la narration qui n'a pas réussi à se renouveler totalement depuis le chef d'oeuvre que fut le tome 1. Cela reste une excellente lecture de SF, fascinante, très bien construite, avec des images percutantes à avoir en tête ensuite et de très bonnes idées sur l'évolution des espèces et leurs rencontres, mais il a manqué quelque chose par rapport à Dans la toile du temps et je ne sais pas trop comment accueillir l'annonce d'un troisième tome paru en VO l'an dernier : Children of Memory, mais je me connais nul doute que j'irai à sa rencontre pour me faire une idée.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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