AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les commandos de l'Affiche rouge : La vérité historique s.. (5)

Prologue - Morts pour la France

Mes rendez-vous multiples avec Manouchian et ma participation à l'élaboration et à l'exécution de plusieurs actions et sabotages au sein de sa formation m'amènent, au fil de ces pages, à restituer la vérité. Grâce au récit de mes amis survivants après la Libération : Mélinée Manouchian, Madeline Oboda, Henri Karayan, Alexandre Kostantinian, Léo Kneler, Abraham Lissner, Diran Vosgueritchian et Mihaly Patricu, j'ai reconstitué également des actions qui ne figuraient pas dans les communiqués, ainsi que d'autres qui y étaient inscrites mais dont les communiqués avaient disparu.
Que ce soit à Paris, en banlieue ou en province où se déroulent les attaques de mars à novembre 1943, j'ai retrouvé la place de chaque combattant en fonction de la configuration du site et des impératifs de l'action. J'ai refait les chemins empruntés par mes compagnons après l'assaut et minuté le temps de leur retraite. J'ai croisé quelques rares témoins inattendus qui m'ont fourni de précieux renseignements et même rencontré les familles des fusillés dont la mère et la tante de Spartaco Fontano, la femme et la sœur de Celestino Alfonso, la fille d'Olga Bancic, la fille d'Arpent Tavitian, le frère de Marcel Rayman, de Maurice Fingercwajg et de Rouxel, l'oncle de Georges Cloarec, la fille de Lajb Goldberg, le père de Witchitz et la veuve de Haïk Tebirian.
Commenter  J’apprécie          391
Le mot d'ordre est "ne rien dire".

Nous avons pourtant un immense besoin de parler, de recueillir un avis ou un encouragement. Nous éprouvons une implacable solitude. Ne rien dire à sa famille, mentir chaque jour en inventant de nouveaux prétextes, ne sont pas chose aisée. "Tu maigris! Tu sors trop!" combien de mères prononcent ces paroles! "Si tu continues à ne pas rentrer avant le couvre-feu, je te fous à la porte"! crient les pères d'un ton sévère. Sans oublier les remarques du patron à son employé : "Moi, je n'aime pas les feignants qui manquent pour un oui ou pour un non!" ou celles de la jeune épouse à l'égard de son bien-aimé : "Tu as encore passé la nuit dehors! Tu as une maîtresse!".

Scènes, cris, pleurs. Les voisins peuvent entendre. Mais que peut répondre le franc-tireur qui n'a pas le droit de dévoiler son activité de résistant ? L'atmosphère devient vite insupportable, dangereuse pour le jeune franc-tireur et pour tout le groupe. C'est pourquoi il se trouve souvent contraint de s'éloigner de sa formation de combat, provisoirement ou définitivement.
Les anciens qui ont survécu ont compris ensuite les difficultés subies par les nouveaux. Abraham Lissner, responsable politique, m'avait rappelé après la Libération combien il était difficile, dans le contexte de la France occupée, d'adhérer à une formation de francs-tireurs et de participer à des attaques
armées. Notre combat ne se déroulait pas sur un front, entre deux armées. Chez nous pas de blessés, ni de prisonniers. Si nous étions pris, c'était la torture - l'exécution. Afin d'échapper à des souffrances certaines, Ernst Blukoff, le 3 juin, et Joseph Clisci, le 2 juillet, tous deux grièvement blessés au cours d'attentats, choisissent d'en finir en se tirant leur dernière balle dans la tête.

Aborder cette question, ce n'est pas émettre un jugement. C'est, au contraire, une manière de rendre à ces inconnus l'hommage qui leur est dû. Car même s'ils n'accomplirent qu'une seule action, ils ont contribué à la libération de la France et à l'écrasement de l'armée hitlérienne.
Commenter  J’apprécie          297
Le traitre de Belleville - samedi 26 juin

Afin d'échapper aux déportations, une importante communauté juive vit cachée, à Belleville, chez des sympathisants français. Malgré une prudence extrême, plusieurs arrestations ont lieu parmi la communauté courant juin. Elle est loin de se douter que c'est l'un des leurs, un Juif, qui procède aux dénonciations au bureau allemand antijuif. L'enquête effectuée par les partisans juifs FTPF leur permet de très vite dépister l'indicateur. Ce dernier habite rue Ramponeau, une rue du quartier de Belleville en face d'un commissariat de police, et parle couramment allemand. Informé, Manouchian va charger trois francs-tireurs de l'exécuter : les Arméniens Henri Karayan et Alexandre Kostantinian et l'Allemand Léo Kneler. Olga Bancic sera chargée du transport des armes.



- Au pays des gueules noires - lundi 5 juillet

Le syndicat clandestin des ouvriers mineurs de Denain a fait savoir au commandement des FTPF de Paris, par un messager, qu'un dénonciateur d'origine italienne sévit dans la ville. Il dénonce aux Allemands les mineurs qu'il soupçonne d'organiser des luttes revendicatives et fréquentes, depuis la grande grève de mai-juin 1941 qui a largement contribué à développer l'esprit de résistance.
J'ai peu de témoignages sur cet évènement. Mais je suis absolument sûr que Manouchian, probablement sollicité par l'armée secrète, avait envoyé à Denain deux francs-tireurs avec pour mission d'exécuter le dénonciateur : Spartaco Fontano, italien, et le matricule 10266, certainement aussi d'origine italienne mais dont le nom m'est demeuré inconnu.
Le vendredi 2 juillet, les deux jeunes gens prennent le train à la gare du Nord et, suivant les habituelles consignes de prudence, cachent sous une banquette leurs deux pistolets enveloppés dans des journaux. Arrivés à Denain, ils quittent la gare séparément. Le premier s'assure que la sortie est libre de tout contrôle, alors que le second porte les révolvers dans sa musette. Ils passent la nuit chez un de leurs compatriotes et, le lendemain, ils identifient et filent le traitre à "descendre". Le jour suivant, leur plan d'exécution est prêt. Le donneur sera abattu discrètement dans une rue de Denain, le lundi à 10 heures. Leur mission accomplie, les deux francs-tireurs rentrent immédiatement à Paris par le train. La nouvelle sera reçue avec soulagement par les mineurs.
Commenter  J’apprécie          280
De notre côté, ce n'est que progressivement que nous percevons l'importance de ce dispositif répressif. Dès septembre, quelques filatures ont été signalées. D'abord près de notre domicile. Puis, courant octobre, sur les lieux mêmes de nos rendez-vous. L'instinct de survie nous apprend à distinguer le simple passant du flic en civil, avec ou sans le traditionnel imperméable beige. Tel l'animal chassé, nous flairons le chasseur. Un jour, nous réussissons à le "semer" et l'angoisse fait place un instant à un plaisir un peu espiègle. Mais, demain, aurons-nous la même chance ?
Commenter  J’apprécie          170
Il a donné sa vie par amour de la vie - Chapitre 3
Commenter  J’apprécie          10




    Lecteurs (44) Voir plus



    Quiz Voir plus

    C'est la guerre !

    Complétez le titre de cette pièce de Jean Giraudoux : La Guerre ... n'aura pas lieu

    de Corée
    de Troie
    des sexes
    des mondes

    8 questions
    1129 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , batailles , armeeCréer un quiz sur ce livre

    {* *}