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Critique de berni_29


Kachtanka, c'est un magnifique et court récit d'Anton Tchekhov touchant qui pourrait nous rappeler un conte de Charles Dickens.
Touchant, ne veut pas forcément dire triste pour autant... Disons que c'est une gaieté mêlée de tristesse.
C'est une sorte de conte pour enfants, d'ailleurs il en a été tiré des spectacles de marionnettes, des dessins animés et même un magnifique album jeunesse. Mais on peut le lire avec le regard d'un adulte, - enfin presque devrais-je préciser pour être sincère et vous faire une confidence, d'ailleurs c'est le texte original que j'ai lu ou plutôt écouté dans sa version audio...
Je vous invite à entrer dans ce récit à la hauteur d'une petite chienne, Kachtanka.
C'est une jeune chienne au pelage roux, nous décrit l'auteur, un mélange de teckel et de vulgaire cabot, dont la gueule rappelle beaucoup celle d'un renard. Son maître, c'est le menuisier Louka Alexandrytch
J'ai appris de source sûre que Kachtanka vient de kachtann, qui signifie en russe la châtaigne, le « ka » final indique qu'il s'agit d'une petite chienne.
Elle dort sur les copeaux, dans l'odeur de la colle à bois. Elle n'est pas forcément malheureuse, bien qu'elle soit le souffre-douleur du fils du menuisier, Fédiouchka, qui lui donne souvent des coups de pieds, mais c'est pour s'amuser n'est-ce pas ? D'ailleurs, que sait-elle du bonheur ?
Elle aime suivre son maître lorsqu'il se rend chez un client, et lorsqu'il revient tard le soir il va dans la rue de gauche à droite, puis de droite à gauche. Ah oui ça tangue pour le bonhomme qui va d'estaminet en estaminet, mais c'est pour reprendre des forces car le trajet du retour est long. Et si par malheur la petite Kachtanka se met à courir après un autre chien, le menuisier ivre ne manque pas de lui tirer les oreilles et de l'injurier.
Mais voilà que ce soir, l'ivrogne a fini par tomber dans un fossé et Kachtanka ne le retrouve plus. Elle croit qu'il l'a abandonnée. Elle avance dans la nuit épaisse, dans la rue couverte d'une neige molle. C'est dans cette nuit noire qu'un inconnu la recueille chez lui. Sa voix est cordiale, affectueuse, il lui donne à manger, séduit par sa physionomie qui lui évoque celle d'un renard. Il se trouve que cet homme abrite également chez lui un jars, un chat et une truie, et il leur donne même des noms comme à des humains : c'est ainsi que j'ai moi aussi fait connaissance avec Fiodor Timofiéïtch le jars, Ivan Ivanytch le chat et Khavronia ivanovna la truie. Voilà les présentations faites. L'homme décide de rebaptiser la petite chienne Tiotka.
Le lendemain matin, voici la chienne enrôlée dans la troupe où elle va devoir apprendre un nouveau rôle car l'homme travaille dans un cirque, - clown à l'occasion, et présente des numéros d'animaux dressés sur le sable de la piste aux étoiles... Voilà la ménagerie savante qui s'active sous les consignes de son nouveau maître, prête à réaliser toutes les pirouettes qu'on lui demande, sauter, faire la révérence, la pyramide… une vraie école ; mais devenir une petite chienne acrobate n'est pas aisé... C'est dur la vie d'artiste, pourtant, elle se sent bien parmi ces nouveaux amis...
Mais...
Je n'en dirai pas plus ni sur la fin qui pourra surprendre plus d'un lecteur...
J'ai été emporté par la prose imagée et suggestive d'Anton Tchekhov, qui m'a plongé dans une bulle de tendresse et de nostalgie le temps de quelques pages immersives. Aborder ces tranches de vies à partir du point de vue d'un chien est ici dépeint avec beaucoup de justesse et de dérision. Mais ne nous trompons pas, c'est une manière aussi pour l'écrivain russe d'observer avec beaucoup d'acuité, de compassion et d'ironie ces contemporains, leur humanité, leurs espoirs, leurs lâchetés, leurs illusions...
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