AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ileana


ileana
22 décembre 2018
Ma nouvelle préférée de ce recueil est Une Rencontre. Un paysan bat la campagne, il fait une quête pour son église incendiée. « Dans sa télègue était placée une icône de la Vierge de Kazan que la pluie et la chaleur avaient boursouflée et cabossée ». Chemin faisant, il rencontre un pique-assiette qui lui dérobe une partie de l'argent collecté. Malgré tout, l'homme de Dieu reste serein et arrive même à éblouir le fripon par sa foi. D'après la préface, il s'agirait d'une variation sur le thème tolstoïen de la non-résistance au mal.
Les trois autres nouvelles sont moins réussies à mes yeux. L'une d'elles enfreint même une des règles que Tchekhov s'imposait lui-même : il met dans la bouche d'un personnage un long discours moralisateur, censé désapprouver le nihilisme de son jeune interlocuteur. D'habitude l'écrivain bannissait les longs discours ou « la philosophaille ».
L'âme russe et les portraits bien dessinés, voici ce que j'ai gardé en mémoire.

Extrait :
Portrait de Sergueï Serguéitch, un oisif qui n'a pas su gérer le patrimoine de son épouse. Criblé de dettes, ils sont contraints de vendre. « Il avait les traits gros, le nez épais, une barbiche châtain clairsemée ; il portait la raie sur le côté, à la manière des marchands, pour se donner un air de simplicité et l'aspect d'un vrai Russe. En parlant, il envoyait son haleine dans la figure de son interlocuteur ; et quand il se taisait, il soufflait péniblement par le nez. Son corps trop bien nourri, son embonpoint le gênaient ; pour respirer plus facilement, il bombait la poitrine, ce qui lui donnait un air hautain. [Les femmes] admiraient sa haute taille, son allure athlétique, ses gros traits, son oisiveté et ses malheurs. Elles disaient qu'il était prodigue parce qu'il était bon ; dénué de sens pratique, parce qu'idéaliste ; honnête et pur, il ne savait s'adapter ni aux hommes, ni aux circonstances, et c'est pourquoi il était pauvre et ne trouvait pas d'occupations précises. [ ] Elles l'avaient gâté par leur idolâtrie. »
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}