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Critique de AMR_La_Pirate


J'ai décidé d'aller faire un petit tour du côté du théâtre de Tchekhov parce que la troupe d'amateurs à laquelle participe l'un de mes fils prépare en ce moment même une farce en un acte de cet auteur russe, L'Ours.
Cette pièce n'est sans doute pas la plus connue. Il l'a écrite en 1888, au début de sa carrière théâtrale.

J'ai découvert un texte à la fois drôle et décalé autour des thématiques entremêlées du veuvage, de la place des femmes dans la société, de la dette et de la demande en mariage.
Une certaine économie des personnages : une jeune veuve inconsolable, un officier d'artillerie venu réclamer son dû et un vieux majordome… Autant Éléna ivanovna Popova est belle et raffinée, toute en fossettes et distinction et en proie à son chagrin, autant son créancier, Grigori Stepanovitch Smirnov, est rustre et grossier, tandis que Louka incarne un valet de chambre pragmatique et distancé, proche cependant de sa jeune maîtresse à laquelle il est très dévouée.
Une économie d'action également : un seul acte autour d'une demande de remboursement d'argent qui va se transformer en duel au pistolet puis en demande en mariage sous le regard fataliste du valet. Des péripéties cocasses, un comique de répétition, un jeu sur le langage avec l'impossibilité à communiquer entre deux personnes que tout oppose, un contraste entre le rôle discret mais essentiel de Louka, la virilité outrancière de Smirnov et la sensualité bridée d'Éléna.

Un texte à la limite de l'absurde, à prendre au premier degré mais également à analyser ; je pense notamment au discours sur les femmes et leur place dans la société et à l'évolution dans l'attitude de Smirnov, très misogyne au début et beaucoup plus ouvert à la fin…
Je connais mal l'histoire de la Russie et ne sais pas vraiment faire un parallèle entre la représentation d'un monde très rural et les réalités contemporaines de l'écriture de la pièce. Il me semble pourtant lire comme une satire d'un milieu de propriétaires terriens en perte de repères ; le servage a été aboli dans les années 1860 seulement et il faut sans doute se remettre un peu en question pour continuer à exploiter les propriétés agricoles.

Une lecture intéressante qui m'a donné envie de voir la pièce représentée sur scène.
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