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Critique de lebelier


N'ayant lu que les trois grandes pièces de ce recueil, j'en rendrai compte ici quitte à modifier ma chronique plus tard quand j'aurai lu tout l'ouvrage.
C'est ma première incursion dans le théâtre de Tchekhov et ça ne m'a pas marqué plus que ça. Seule "la cerisaie" m'a assez plu, plus fouillée et plus claire dans les situations, les nostalgies des personnages qui abandonnent leur domaine, sont résignés.

1. LE SAUVAGE.
Jeltoukhine et sa soeur Youlia attendent des visiteurs. Il s'agit du professeur Sérébriakov et de sa jeune femme, Eléna Andréevna .Alexandre (ou Sacha) Sérébriakov est vu comme un être austère, arthritique, vivant dans sa tour d'ivoire pour se consacrer à la science. Ils sont plusieurs propriétaires qui s'invitent les uns chez les autres et qui, souvent, s'opposent.
Ainsi, Voïnitzki, fils de la mère de la première femme d'Alexandre, représente le pragmatisme, le capitalisme de la Russie des Tsars tandis que Khrouchtchev (Michel) peut passer pour un précurseur de l'écologie et penche en faveur de l'humanité. Ils se disputent sur le bien-fondé d'abattre ou non une forête que possède Michel, "le sauvage".
Dans tout ce monde, il y a les femmes dont la belle Eléna courtisée grossièrement par Fédor ivanovitch, fils du riche Orlovski, et plus directement encore par Georges Voïnitzki.
Le "sauvage", quant à lui, fait l'unanimité parmi ces dames car il est discret, sauve des vies en tant que médecin, reste une présence rassurante. La jeune Sonia, fille du premier mariage d'Alexandre est amoureuse du sauvage tandis que d'autres reprochent à Alexandre sa trop jeune épouse. Celle-ci étouffe entre ses courtisans trop assidus et son mari qui ne cesse de se plaindre. Elle finit par fuir au moulin de la "Gaufrette".
Diadine, ainsi nommé à cause de son visage mangé par la petite vérole, représente un peu le candide de cette pièce dans laquelle l'humour n'est pas en reste puisqu'il s'agit d'une comédie avec des personnages qui s'ennuient dans leur campagne, dans une Russie en progrès. Et Diadine trouve toujours que "C'est délicieux!"

2. ONCLE VANIA.
C'est plus ou moins "le sauvage" revisité. On a quasiment les mêmes personnages, à peu près les mêmes situations voire quasiment les mêmes dialogues, sauf que le médecin humaniste s'appelle Astrov et courtise plus ouvertement la belle Eléna et que Vania (Voïnitzki) tient un plus grand rôle en tant que régisseur révolté du domaine de Sérébrianov qui reste un professeur en retraite tourmenté par la goutte.
Scènes diurnes et nocturnes se succèdent. Il est question aussi de forêts à protéger (Astrov) et de propriété à vendre, de partir vers l'ailleurs, de femmes jeunes et belles qui épousent de vieux grincheux, de femmes laides amoureuses sans retour. Bref, hormis la tentative de meurtre d'un Voïnitzki poussé à bout, au lieu de son suicide, il n'y a pas beaucoup de changement par rapport à la structure et aux situations du "Sauvage" où le personnage de Gaufrette reste un candide admiratif d'Alexandre Sérébrianov.
Quant à la nounou de Sonia, son refuge, elle est obsédée par le samovar : est-il chaud?, va-t-il refroidir?, symboles d'une vie découse où l'on mange à point d'heure. Il est question, plus profondément (si l'on ose dire) de vie après la mort.

3. LA CERISAIE.
Lioubov Andréevna rentre de voyage avec ses deux enfants avec sa fille Ania et sa gouvernante, Charlotte. Toute la maisonnée les attendait. Elles rentrent de Paris où Lioubov Andréevna a voulu s'éloigner du chagrin d'avoir perdu son jeune fils, noyé dans la rivière jouxtant leur propriété. Veuve, Lioubov Andréevna dépense sans compter tandis que son frère Gaev ne pense qu'au divertissement et notamment le billard. Il a probablement contaminé son commis, Epikhodov, dit "vingt-deux malheurs" car les objets semblent lui en vouloir depuis longtemps.
Lopakhine descendant d'une famille de moujiks, est devenu marchand et assez riche pour racheter la cerisaie qui ne rapporte plus rien à Lioubov Andréevna. Celle-ci refuse d'abord d'en entendre parler et dès le départ, elle élude les instances de bon sens de Lopakhine. Comme lui, d'une famille modeste, il y a "l'éternel étudiant", Trofimov.
Varia, fille adoptive de Lioubov Andréevna, dirige en quelque sorte la maisonnée, surveillant sa jeune soeur dès qu'elle se trouve en compagnie de Trofimov qui prétend, en philosophe et intellectuel "être au-dessus des choses de l'amour". C'est un peu lui le philosophe de la pièce. Il en faut toujours un dans Tchekhov pour remettre les choses et les gens à leur juste place. Ses assertions sont souvent bien senties.
Des mondes s'affrontent donc dans cette pièce entre anciens : Firs, le vieux valet de chambre de quatre-vingt-sept ans pense que l'affranchissement des serfs est un malheur et semble encore vivre dans un siècle passé, et nouveaux : le jeune valet Yacha prend ce monde de haut, les considère comme ignorants et pense que la Russie est en retard sur le progrès, estime que le vieux Firs a "vécu trop longtemps"; rêveurs : Lioubov Andréevna n'a pas le sens des valeurs de l'argent et donne une pièce d'or au premier passant venu et pragmatiques : Lopakhine presse Lioubov Andréevna de vendre pour avoir un meilleur rapport financier, pense au tourisme futur et veut faire construire des datchas sur la cerisaie, ce que Lioubov Andréevna refuse de voir par nostalgie, ayant depuis toujours vécu sur cette propriété.
C'est un monde qui disparaît peu à peu, celui de l'aristocratie, des grands propriétaires terriens qui vivent de leurs rentes -on notera les nombreuses références faites à la valeur travail, les bras ne doivent pas rester inutiles, chez Varia et chez Lopakhine- et qui doivent vendre pour survivre, n'ayant jamais exercé une profession quelconque. Ce que finit par faire Gaev en allant devenir employé de banque.
Le reste de la famille part tenter sa chance à Moscou au grand déchirement de Lioubov Andréevna mais Ania, du haut de ses dix-sept ans est ravie de "recommencer une nouvelle vie".
Les relations amoureuses restent à l'état d'embryon : Lioubov Andréevna a abandonné son amant à Paris et Lopakhine a été incapable de déclarer sa flamme à Varia. Il semble qu'on n'ait plus le temps à ces fariboles.
Nous sommes en 1904 lorsque la pièce fut créée et l'on a déjà les prémices des révoltes de 1917 qui ont amené le communisme.







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