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Critique de mh17


Le recueil contient deux nouvelles magnifiques.
1.Un Royaume de femmes (1894)
On suit la jeune Anna Akimovna pendant vingt quatre heures, la veille de Noël, en quatre chapitres.
Anna, vingt-six ans, a été élevée dans la pauvreté mais elle a récemment reçu en héritage une usine sidérurgique créée par son oncle Ivan Ivanytch, puis gérée par son père Akim Ivanytch qui avait commencé comme simple ouvrier. Anna est complètement écrasée par la charge. Au début de la nouvelle, elle vient de gagner mille cinq cents roubles lors d'un procès mais ne sait pas comment les dépenser. Elle a alors l'idée de tirer au sort une lettre de doléance parmi toutes celles qu'on lui a envoyées. Pendant qu'elle se dirige dans sa belle robe vers la maison délabrée où habite Tchalikhov, elle se remémore sa jeunesse pauvre mais insouciante. Il s'avère que Tchalikhov dépense l'argent du ménage en beuverie. Anna s'empresse de lui donner soixante roubles et repart. Elle croise alors le sourire doux du visage couvert de suie du jeune Pimenov aux larges épaules. C'est un ouvrier amateur d'horlogerie qui loue une chambre chez Tchalikhov. Et si elle se mariait ? Elle pourrait reprendre sa vie insouciante. Mais avec qui ? le lendemain après la distribution charitable, Anna reçoit les cadres de l'usine et les notables. Son avocat, grand amateur De Maupassant essaye de la dissuader de se marier, qu'elle garde sa liberté et en profite pour se cultiver et s'amuser...
Tchekhov qui ne juge personne nous montre la psychologie d'une jeune femme ignorante et généreuse dans une société russe en pleine mutation. Anna n'a pas été préparée à diriger une usine, véritable enfer à ses yeux. Elle a peur des hauts plafonds à charpente de fer, des roues à courroie gigantesque tournant à toute allure dans un vacarme épouvantable. En même temps elle connaît la pauvreté des ouvriers et culpabilise de gagner autant d'argent. Alors elle joue à la dame charitable mais elle va de déception en déception. La seule solution qui lui apparaît c'est le mariage et elle se met à rêver d'amour. Mais les hommes autour d'elle ne sont guère intéressants à l'exception de Pimenov l'ouvrier aux épaules rassurantes dont les traits évoluent au gré du regard changeant d'Anna. Doit-elle écouter son désir ? Elle a peur du jugement des notables, de celui des domestiques, alors elle hésite et hésite encore...

2. de l'amour (1898) a été initialement publiée dans la revue La Pensée russe et c'est la dernière nouvelle de la trilogie qui comprend aussi L'Homme à l'étui et Les Groseilliers.
Aliokhine devise au sujet de l'amour et de ses mystères avec ses amis en dégustant d'excellents pirojki, des écrevisses et des croquettes de mouton. Il leur raconte comment il est revenu dans le domaine familial pour redresser l'exploitation en quasi faillite. Il s'est mis à travailler très dur la terre comme un paysan. Il ne sortait en ville que pour siéger au tribunal comme juge de paix. Il a sympathisé avec le vice-président du tribunal, Dmitri Louganovitch et s'est senti immédiatement attiré par son épouse , la jeune et belle Anna…
Encore une Anna ? Oui et ce n'est pas la même. C'est une très belle histoire d'amour pudique et émouvante toutes en variations subtiles qui rappelle un peu La Dame au petit chien..
j'ai lu qu'en mars 1899, la fille de Tolstoï, Tatiana, écrivit à Tchekhov : «Votre nouvelle ''De l'amour'' est ravissante ! Père l'a lue quatre soirs de suite, et a dit que cette oeuvre l'avait rendu plus prude ». Hum... Hum...
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