Que devenait un pays qui expédiait ses ressortissants aux quatre coins du monde, indifférent à leur sort, insoucieux de l'histoire qu'ils emportaient avec eux ? Que resterait-il de ce paradis, une fois massacré tout ce qui était bon et courageux, une fois brisés et expulsés tous ceux qui se sentaient concernés par son sort ? La chose dépassait son entendement. (p.275)
Nous flottons dans cet océan de temps comme du petit plancton et notre regard perce rarement la surface de l'eau pour entrevoir l'immensité de ce qui nous entoure.
"Quitter son pays, c'est terrible, Alice. Ton pays, c'est une partie de toi-même. Il vit sous ta peau, dans tes yeux, tes cheveux, partout. Tu es Ceylan, tu comprends. Et chaque fois que quelqu'un s'en va d'ici, c'est un peu de Ceylan qui s'en va avec lui et qui est perdu à jamais. Si un trop grand nombre de gens partent, Ceylan deviendra un endroit complètement différent." (Albin Michel - p.169-170)
Seuls les enfants en sont capables.Dans leur ignorance du temps qui passe, ils sont les seuls à pouvoir faire preuve d'une telle confiance.C'est leur chanceà eux,de vivre sans seposer des questions, en accumulant des souvenirs pour le jour lointain ou l'age mur leur permettra de revenir sur le passé.
Le temps bien sur, fera oeuvre de changement.Il les façonnera, il les déformera; il leur mentira,et les embrouillera à force d'incohérences.
La nuit qui précéda le neuviéme anniversaire d 'Alice, son pére Stanley rapporta à la maison deux pommes rouges et luisantes. Il travaillait dans une usine qui importait d 'Europe les fruits destinés à la consommation des riches Cingalais de Cinnamon Gardens, qui avaient les moyens de vivre à l'anglaise,
"La pomme est un produit de luxe, lui dit Stanley. Mais c'est ton neuviéme anniversaire,et il est temps que tu te fassses une idée du gout que peut avoir le luxe!"