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sur 1531 notes
Je voudrais d'abord rendre hommage à mon libraire, qui ne s'appelle pas Amazon et par la même à tous les libraires. Il existe une petite librairie à Nîmes, un bijou de petite librairie à l'ancienne que tous les lecteurs Nîmois connaissent je pense. Je rentrais un jour dans cette librairie, comme tant d'autres fois et je demandais à mon libraire un livre de Gabriel Garcia Marquez que je n'avais pas lu. Hélas, il ne l'avait pas.
En manque de livre, de lecture, d'auteur, de rencontre et d'humanité, presque la larme à l'oeil, pas loin de chavirer dans le matérialisme rédempteur en allant m'acheter une connerie très vite oubliée, je lui demandais un conseil: un livre s'il vous plait ....
Et mon libraire qui connait son métier parce que c'en est un, me tendit " Karoo "
Plait il ?
Je ne voudrais pas vous dire ni quoi ni comment mais ce livre est à lire. Je ne vais pas vous le raconter, vous pouvez lire la dessus partout mais ce livre est et sera à mon avis, car il n'a pas fini de faire parler de lui, un très grand livre.
Karoo, homme cynique, odieux, vaniteux sans en avoir l'air, finira par se confronter à quelque chose d'immense qui s'appelle peut être " l'amour " oui mais l'amour absolu, celui qui désintègre l'ego pour ramener l'homme à la matrice immense qu'est l'univers. Et par la même logique, Karoo est partout, il est en nous, veillons à ne pas nous en apercevoir trop tard.
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Un livre dérangeant, au delà du cynisme.
Un personnage antipathique , deux ingrédients de ce récit hors du commun et pourtant par moment si proche.
L'auteur écrit sur l'intimité avec une précision et une justesse troublantes;
Karoo soufre de nombreux maux parmi lesquels une incapacité à partager de l'intimité avec ses proches sans spectateurs. Il ne sait vivre une emotion sans la partager avec autrui, de preference des inconnus . On pourrait y voir un des traits de notre société ou l'intimité s'expose et se construit à travers le regard des autres , sur les réseaux sociaux , la télévision, le cinéma, mais là n'est pas l'essentiel.
L'important est dans la description des sentiments- ou mieux encore du vide-qui remplissent les moments importants de la vie de Karoo. Une bibliothéque ne suffirait pas à abriter les livres nécessaires pour décrire un jour, une nuit d'un personnage note Karoo dans une de ses réflexions. Et c'est bien la force de ce livre, décrire avec justesse une pensée , un comportement de quelques secondes en quelques pages; sans longueurs ni ennui parvenir à nous faire pénétrer les rouages de l'âme de Karoo, et s'approcher de la mécanique de nos sentiments.
Lorsque la tragédie, la vraie, la banale que nous pouvons tous connaître vient heurter la vie étrange de Karoo, il devient presque normal: ses sentiments et ses ressentis l'agressent avec une violence que nous pouvons comprendre, il devient enfin humain.
Mais rejoint vite Dieu dans sa quête du sens , un passage dont je me serai passé , le Karoo qui saigne de l'avant dernier chapitre étant plus proche de ce personnage tout en douleurs et étrangeté.
Au final un livre à lire , mais avec précaution.
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Ce livre fait l'unanimité chez les critiques littéraires. Pour certains, c'est un chef d'oeuvre, c'est drôle, cynique. Cela voudrait dire que je n'ai pas dû bien comprendre le livre.
Déjà, on nous présente Saul Karoo comme étant un personnage relativement abjecte. Certes c'est un menteur invétéré mais pour le reste, je ne le trouve pas si désagréable que cela. C'est un personnage qui est dépassé par sa propre manière d'être. Il est incapable d'y faire face. Il joue un rôle comme dans les scénarios qu'il modifie.
Je n'ai jamais réussi à m'enthousiasmer pour ce livre. J'ai trouvé les personnages, la plupart du temps, totalement futiles, superficiels. Les discussions sont creuses.
Pour moi, le seul point positif reste le ton sombre, et le côté dramatique que prend le roman quand ils sont à Pittsburgh.
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Peut-on s'émanciper du vide ?
On a tous lu un jour le roman d'un pauvre type, antipathique et en marge de tout, qui va essayer de se relever pour devenir responsable. On finit par s'attacher au type car la moralité l'emporte sur le méprisable. On ferme le livre, on est content cinq minutes, et on passe à autre chose. Et un jour on vous met Karoo entre vos mains.
Saul Karoo est ce qu'on pourrait qualifier de "pauvre type", avec des mots plus ou moins grossiers. En instance de divorce, refusant à son fils unique le soutien paternel, alcoolique, désabusé, méprisant, fieffé menteur... Saul Karoo vit confortablement dans son grand appartement de New York. Script doctor, il transforme des scénarios de films pour les rendre rentables, conformes au consumérisme ambiant à une époque où l'argent prend le pas sur l'art. Il se place dans une telle démesure qu'il n'est même plus capable de ressentir l'ivresse quand il ingurgite verres sur verres.
Pourtant, tout au fond du trou moral qu'il a lui-même creusé, Karoo va être hameçonné par le désir d'une vie meilleure, dans laquelle il est un bon père, un amant fidèle, un fils aimant, un homme respectable.
C'est grâce à un énième scénario à modifier qu'il va se mettre en quête de l'homme qu'il aurait pu être. Courant après le passé, essayant de recoller les morceaux, il conserve néanmoins ses armes favorites principalement aiguisées par le mensonge. Saura-t-il s'émanciper d'une vie tombée dans le néant ?
Karoo, c'est le roman du vide qui fait tout pour exister. C'est une course contre la démesure, la recherche du perdu. Mais sort-on indemne de ce raid solitaire dans l'abîme ?
La réponse est au bout des 600 pages que vous ne lacherez pas.
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Quel ennui !
Un empilement de scènes tirées en longueur et des dialogues creux. Par exemple le dialogue avec le chauffeur de taxi asthmatique ; ou alors l'amas de détails sur l'assurance santé. Ou alors la lettre du fils mal-aimé, cette lettre me semble fabriquée.


Pourtant, sur les premiers chapitres, j'ai aimé ce narrateur cynique, son humour noir et son autodérision.
Lecture abandonnée après 150 pages, sans états d'âme.


Je tiens à signaler un détail curieux. Karoo, le narrateur cynique, gagne son pain en tant que script doctor : il élague les scénarios des auteurs débutants en leur donnant du mordant, pour le grand bonheur des producteurs rapaces. Eh bien, à mes yeux, Tesich aurait dû commencer par couper dans les longueurs de son propre oeuvre ! D'autant plus qu'il nous explique le mode opératoire.
Découvert en livre sonore. La qualité de l'interprétation n'est pas en cause, elle est sans reproche.
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Qui est, en définitive, Saul Karoo ?

Est-il la représentation du dernier stade en date de l'évolution humaine ? Stade auquel l'individu, soumis aux diktats d'une société de l'image et de la réussite sociale, aurait annihilé en lui toute faiblesse sentimentale, toute propension à l'émotion ?
Est-il la victime d'un environnement que la combinaison des éléments (familiaux, sociaux, professionnels) aurait rendu émotionnellement déficient ?

La seule certitude, c'est que Karoo est malade. Malade parce qu'il a un vide en lui, qui finit par le dévorer... le roman de Steve Tesich est en quelque sorte le récit d'un homme qui, parti en quête de ses profondeurs, en est revenu bredouille, et ne l'a pas supporté !

A première vue, tout va bien, pourtant, pour ce quadragénaire américain installé dans un somptueux appartement New-Yorkais. Cet écrivaillon sans talent a fait fortune et s'est rendu célèbre dans la réécriture de scenarii pour le cinéma. Il transforme en succès commerciaux les oeuvres soumises à sa plume. Son patron lui fait totalement confiance. Il ne s'est jamais aussi bien entendu avec sa femme que depuis qu'ils se sont séparés, et qu'ils n'en finissent pas de discuter les termes de leur divorce. Son fils adoptif, Billy, jeune homme beau et intelligent, l'adore.
Certes, ses proches le considèrent comme un menteur aux vaines promesses... Il est cynique, de mauvaise foi, et c'est de surcroît un alcoolique notoire. Et puis il est affligé d'une sorte de répulsion envers l'intimité qui l'empêche d'avoir des rapports profonds et sincères avec ses proches, notamment avec son fils.
Mais Karoo semble accepter avec philosophie cette image de lui, dont il joue d'ailleurs lui-même, avec une désinvolture étudiée. C'est en effet tellement plus facile, plus confortable, de se conformer à l'image que les autres ont de vous, et que vous avez d'ailleurs contribué à construire. Cela dispense des remises en questions...

Et puis arrive un jour où l'alcool n'a plus aucun effet sur lui, quelle que soit la quantité absorbée. Mais il continue de simuler l'ébriété. Il réalise qu'il a pris du poids, que ses cheveux sont ternes et son teint terreux. Mais il fait celui qui n'en n'a cure.
Et puis arrive un jour où un problème de conscience se pose à lui, lorsqu'on lui demande de remanier le film d'un talentueux cinéaste sur le point de mourir, qui s'avère être un chef-d'oeuvre. Mais sa conscience va rapidement se taire : par habitude, par confort, toujours, il choisit de faire ce que l'on attend de lui. Pourtant, c'est un élément de ce film qui va lui donner, croit-il, l'occasion de faire enfin quelque chose d'utile et d'altruiste. Mais cette occasion ne va faire qu'accélérer sa chute...

"Karoo" est une farce, mais une farce sinistre, désespérée, teintée de cet humour que l'on utilise pour sauver la face, alors qu'on sait pertinemment que tout va mal.
C'est l'épopée tragicomique d'un homme qui semble pris d'une abyssale terreur de vivre. Pas de vivre au sens commun du terme, mais au sens d'exister. Saul est incapable d'être en accord, en paix avec lui-même, car il ne sait pas qui il est. A force de jouer un personnage, il l'est devenu. Il n'est quasiment plus qu'une sorte d'enveloppe vide, qui dissimule son vague malaise intérieur derrière des masques conformes à ce que les autres voient en lui. Son incapacité à supporter l'intimité avec autrui s'étend aussi à lui-même.
Il a beau être conscient de certains de ses défauts, il met en place des barrières de mauvaise foi et de bonne conscience pour se dédouaner, évitant ainsi de devoir y remédier.

Ce mélange de lucidité et de complaisance est bien à l'image de la société dans laquelle il évolue, où l'individu ne sait plus que se donner en représentation. Il perd de vue l'essentiel (la spontanéité, la sincérité), et finit par se perdre lui-même.
C'est, bien sûr, glaçant, mais "Karoo" est aussi un roman réjouissant, grâce à l'écriture enlevée, percutante, de Steve Kesich, et à l'humour qu'il y distille, même si c'est un humour... noir !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Saul Karoo, alcoolique new-yorkais, la cinquantaine en voie d'obésité, est docteur pour scénarios et films, càd qu'il retouche les scripts et réarrange les scènes des films pour les "améliorer" (enfin, en général). Il a un gros problème depuis qu'il n'arrive plus à l'ivresse. Sa vie part à vau-l'eau et il aimerait pouvoir y appliquer les mêmes recettes qu'aux films pour s'y donner un meilleur rôle.
Dans un style alerte, caustique, féroce, entre humour juif us et poésie, l'auteur nous entraîne à la suite de son "héros" 'd'une farce sociale où sont auscultés avec cynisme les travers de l'intelligentsia américaine ultrafriquée à un drame humain profondément poignant'. Terrible et terriblement jouissif.
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Et bien voilà, je l'ai fini! Et je me suis fait violence pour en venir à bout.
J'attendais de lire ce livre avec impatience suite à toutes les critiques dithyrambiques que j'ai pu entendre et lire à droite à gauche, mais là vraiment c'est l'étonnement, et la déception.

J'ai tout d'abord assez apprécié la première partie du livre, je l'ai d'ailleurs lue très rapidement.
L'histoire de cet homme hypocrite, grotesque et caricatural, qui pourrit tout ce qui entre dans son environnement, j'ai trouvé ça décalé et intéressant.

Et puis est arrivée la seconde partie du livre, et son plan pour se racheter auprès de son fils.
Je n'en dirai pas plus car je ne veux pas spoiler mais là vraiment c'était trop. le lecteur comprend très rapidement ce qui va se passer et on assiste à la chute du personnage principal et de son entourage qu'il emmène avec lui.

Mais que c'est consternant!! J'ai lu beaucoup de critiques qui ont trouvé le livre drôle... je l'ai trouvé grotesque. Cet homme qui n'arrive pas à se saouler et qui dont feint l'ivresse pour paraître normal, cet homme qui trouve son ex femme fabuleuse lorsqu'elle l'insulte au beau milieu d'un restaurant en lui attribuant l'échec de leur mariage et le mal être de leur fils et qui décide donc d'avoir l'air encore plus pitoyable afin de donner plus de puissance aux paroles de cette femme, lui faire croire qu'elle a raison et offrir un beau spectacle aux voisins de table du restaurant... Mais c'est ridicule!
Et tout est du même acabit.

Bref vous l'aurez compris, je n'ai pas aimé cette lecture!
Mais je suis ravie que la majorité des lecteurs y trouve son compte, me concernant je suis complètement passée à côté.
Lien : http://piccolanay.blogspot.f..
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Ce livre, dont la présentation plus que soignée m'avait déjà intriguée, m'a été conseillé par mon collègue comme suit: "Lis, tu vas adorer, c'est affreux." Et voilà, que sur la plage, le sable entre les orteils, je suis entrée dans l'univers de Steve Tesich et rien n'a pu m'en détacher du tourbillon Karoo.
Cynique, érudit, drogué, philosophe, débris social, génie à ces heures perdues, on adore détester cet anti-héros fascinant qui pose son regard féroce sur notre société de plus en plus pressée.
Un roman coup de poing qui m'a aussi fait découvrir les géniales éditions de Monsieur Toussaint Louverture. Ces 600 pages de jubilation grinçante passent comme 20 dans votre vie et s'établissent comme un nouveau monument de la littérature américaine.
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Saul Karoo, le génie du cinéma, le bon vivant, l'homme à femmes, le père bienveillant…

Ou Karoo, le salopard du cinéma, l'alcoolique invétéré, le baiseur de jeunes filles, le père et le mari qui ne tient jamais ses promesses, le menteur obsessionnel...

On est au début de l'année 1990, le monde soviétique s'effondre mais la puissance américaine, en apparence fastueuse, se confond dans ses contradictions. Karoo, la cinquantaine, a une solide réputation ; il est « script doctor » : il réécrit les scripts des films ou bien remonte les mauvais films. les mauvais films, mais pas seulement, car il arrive qu'on le charge de remonter des films qui sont parfaits en l'état. En public, il joue de sa « grande forme » pour fanfaronner et empocher l'argent de ses contrats avec les productions hollywoodiennes. Ce sera à celui qui a la plus grande limousine, la plus grande suite d'hôtel, la compagne la plus jeune… Les apparences comptent à un tel point qu'il veut absolument tout contrôler ; il est incapable d'accepter certaines vérités qui ne collent pas avec son personnage.

Karoo, c'est l'homme de la mise en scène ; il fuit « l'intimité intime » avec tous, même avec son ex-femme et son fils. Il peut être intime mais avec des spectateurs, des tierces personnes pour théâtraliser sa vie, comme s'il avait peur de se lier aux autres, peur de se retrouver avec lui-même. Fier de son fils qui étudie à Harvard (mais qu'il n'appelle et ne voie jamais), il expose davantage les théories de la famille heureuse qu'il ne les pratique.

Mais Karoo a changé, quoiqu'en pensent son ex-femme, son fils et ses relations. Il se sent atteint de pleins de maladies, comme par exemple celle qui lui permet de boire autant de verres qu'il veut, puisqu'il ne ressent plus les effets de l'alcool. Il sent la déchéance larvée sous les apparences. Même s'il a changé, ses mensonges incessants l'ont porté si haut, le Karoo qui boit, qui ment, qui manipule, qu'il se sent incapable d'assumer ses changements intérieurs. Karoo n'assume pas ce qu'il devient, il se sent plus à l'aise avec la vérité des autres. Sa volonté plie devant son ex-femme qui le voit toujours comme un alcoolique pitoyable et un père négligent. [...]

**

Karoo est un riche salopard, cynique, superficiel, bedonnant et consumériste, à l'image des États-Unis à la fin du XXe siècle. le regard qu'il porte sur lui-même et sur son entourage est à la fois pathétique, désabusé et comique. L'homme populaire du cinéma, à l'apogée de sa carrière, voit s'infiltrer en lui des failles, des questions, des doutes. Il n'est plus le même, mais à force d'avoir usé toute sa vie du mensonge (nous ment-il aussi ?) et du spectacle, personne ne peut croire au changement. L'homme, dépossédé de sa propre identité à force de se mettre en scène, ne s'assume pas. Sa chute ne sera que plus grande pour lui, et plus jouissive pour nous.

Dans ce roman de plus de 600 pages, Steve Tesich donne à son personnage le temps et le plaisir de raconter les événements, sans concision, de décrire les personnages qui entourent Karoo (lesquels sont, comme son ex-femme et Cromwell, d'excellents personnages secondaires). Il a aussi ce je ne sais quoi qui tient en haleine, en partie dû au travail de l'éditeur : Monsieur Toussaint Louverture, éditeur indépendant et original, a choisi un beau papier de couverture. À l'intérieur, le papier est épais et a une belle couleur, et la mise en page est à la fois hyper confortable, avec de larges interlignes, et hyper esthétique avec de petits détails sympathiques à découvrir.

L'article sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/karoo-steve-tesich-a105883474
Lien : http://www.bibliolingus.fr/k..
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