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Critique de montmartin


Vincent Munier est le plus grand photographe animalier de son temps, les scientifiques le regardent de haut, car il considère la nature en artiste. Sylvain Tesson l'accompagne au Tibet sur les traces de la panthère des neiges. S'ils veulent avoir une chance de l'apercevoir, il faut la chercher en plein hiver à cinq mille mètres d'altitude. Il reste 5000 panthères dans le monde, statistiquement on compte plus d'êtres humains vêtus de manteaux faits avec leur fourrure.

C'est donc le récit de cette aventure que nous compte Sylvain Tesson. L'auteur n'épargne personne ni les autorités chinoises accusées d'avoir défiguré le Tibet
« le gouvernement chinois avait réalisé son vieux projet de contrôle du Tibet. Pékin ne s'occupait plus de pourchasser les moines. Pour tenir un espace, il existe un principe plus efficace que la coercition : le développement humanitaire et l'aménagement du territoire. L'État central apporte le confort, la rébellion s'éteint. »

Ni les scientifiques responsables selon lui des méfaits de l'évolution et du développement de notre société.
« Le monde était un coffre de bijoux. Les joyaux demeuraient rares, l'homme ayant fait main basse sur le trésor. »
Mais ce livre ne se limite pas à un plaidoyer écologiste, c'est une formidable rencontre avec la nature dans ce qu'elle a de plus beau et de plus sauvage. Les loups qui chantent, les yaks sauvages qui ont appris à regarder passer les trains à 4000 mètres d'altitude. Et puis la rencontre tant attendue :
« A cinq cents mètres, elle levait la tête et humait l'air, c'était le plus beau jour de ma vie depuis que j'étais mort. »

Sylvain Tesson nous fait partager le quotidien du chasseur d'images, l'attente, savoir disparaître, se tenir aux aguets, mépriser la douleur, ignorer le temps et la fatigue, ne jamais douter. Il nous dresse le portrait d'un homme qui se confond avec la nature.
« Munier, au lieu d'offrir un manteau de fourrure à sa femme, il l'emmène voir directement la bête qui la porte. »

Mais surtout, l'auteur met en avant cette qualité rare : la patience,
« j'ai appris que la patience était une vertu suprême, la plus élégante et la plus oubliée. Elle aidait à aimer le monde avant de prétendre le transformer. Elle invitait à s'asseoir devant la scène, à jouir du spectacle, fût-il un frémissement de feuille. La patience était la révérence de l'homme à ce qui était donné. »

Ce n'est pas un roman, c'est une invitation au voyage, au respect et à contemplation de la nature. Si l'écriture est belle, les mots choisis et les phrases percutantes, parfois les envolées de l'auteur sont un peu trop lyriques et ses attaques incessantes, contre les scientifiques, la modernité et les progrès néfastes qu'ils apportent à l'humanité, sont un peu pesantes.
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