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Critique de Patsales


Sylvain Tesson a la bougeotte et quand il ne parcourt pas les chemins à grandes enjambées il choisit la verticalité des cathédrales pour satisfaire son hyper activité. Et même si je me demande comment ses profs ont survécu aux efforts qu'ils devaient déployer pour ne pas réussir à le faire tenir assis sur une chaise, je trouve l'homme très sympathique, d'autant plus qu'il a assez d'autodérision pour ne pas être totalement dupe de son personnage de masochiste atrabilaire.
Oui mais là, son court traité, son vade-mecum à l'usage des sous-bourlingueurs que nous sommes tous (sauf lui), son condensé de sagesse, ses bonnes feuilles du petit misanthrope même pas illustré, son Reader's Digest de féministe outré par tant de haine, vraiment c'est trop. Autant la première personne du singulier s'impose pour raconter une expérience, autant elle tourne ici à l'auto promotion (Mes voyages, Mes pensées, Mes lectures, Mes saintes ampoules).
Tesson refuse pourtant toute intériorité. Il méprise ses « petits secrets intérieurs » mais, à s'interdire toute introspection, rate du coup l'humilité et se transforme en donneur de leçon tandis que ses auteurs préférés se rabougrissent à devenir de tristes arguments d'autorité.
J'ai parlé d'auto promotion, je n'aurais pas dû. Tesson ne s'aime pas et ce qu'il promeut c'est le « Vanderer », l'individu hors du monde, l'ascète fou de poésie qui oppose le rythme des vers et de la marche aux désordres du monde.
Et ce qui est super avec Tesson c'est qu'il est sincère, que ce n'est même pas une pose. Mais cette sincérité se prouve par l'action: à philosopher sur le voyage en général, le Vanderer tombe dans l'esbroufe. Alors, quand il nous ramène son lac Baïkal ou son désert de Gobi, on se retient de lui dire « Mais oui Tonton, tu nous l'as déjà raconté » en tentant de lui piquer sa bouteille de schnaps.
« (…) au cours de mes futures années dans les bois, ma porte sera ouverte en permanence à tout le monde à condition bien entendu qu'il ne passe jamais personne. » est la dernière phrase du texte. Et effectivement, dans ce livre, Tesson n'a pas très envie de partager : il est devenu un de ces profs qu'il devait détester et qui estimait son cours trop bon pour les sous-doués auxquels il s'adressait. Arrête, Sylvain, sois bon camarade : même si je n'ai jamais escaladé de cathédrale à mains nues ni passé mes réveillons dans un grotte de la forêt de Fontainebleau, laisse tomber les conférences et emmène-moi avec toi dans tes prochains voyages.
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