AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de emdicanna


J'ai suivi Sylvain Tesson de la Provence au Cotentin, en passant tout droit par le Massif Central. Je connaissais cet auteur de nom, et pour l'avoir vu un soir d'il y a longtemps déjà, dans une émission littéraire connue. Mais je ne suis tombée sur un de ses textes qu'il y a peu. C'était un conte de Noël. J'ai aimé l'écriture, la capacité de Sylvain Tesson à rendre une atmosphère en quelques lignes.
J'ai alors décidé de lire "Sur les chemins noirs". Il y raconte comment, cabossé par son accident, il a préféré tenter de remettre en route tout seul son corps rafistolé, plutôt que d'aller dans un centre de rééducation. L'enjeu était vital : il fallait qu'il sache s'il pourrait de nouveau partir à l'aventure, donc recommencer à vivre, et à vivre heureux.
Son style n'est jamais pesant, il procède par touches, de descriptions poétiques en commentaires inspirés par les régions qu'il traverse. Sa soeur et plusieurs amis l'accompagnent assez souvent, pour un ou plusieurs jours. Il part de la Provence pour rallier le Cotentin. le début du livre baigne dans le soleil. le passage dans le Massif Central est beaucoup plus sombre, granit, pluie et villages abandonnés. Puis c'est la plaine, dans laquelle les "chemins noirs" se font plus difficiles à suivre, sans cesse coupés de voies de circulation. Mais il y a la Loire et ses bancs de sable, ses ponts où Sylvain Tesson reste à rêver longuement. Et enfin - je dis "enfin" par rapport à moi, lectrice, qui attendait l'arrivée dans le Cotentin, mon lieu de prédilection, mais aussi pour l'auteur qui, lorsqu'il y arrive, comprend qu'il a gagné son pari sur les séquelles de l'accident : il s'en est sorti, il lui semble qu'il s'y débarrassera une fois pour toutes des difficultés physiques qui auraient pu l'empêcher de redevenir l'aventurier qu'il était. Déjà, à Azay-sur-Indre, il avait senti qu'il gagnait son pari contre lui-même : "Dans une maison d'hôtes d'Azay-sur-Indre, je tombai sur une histoire du bagne de Cayenne. J'y découvris l'antienne des condamnés : "Le passé m'a trahi, le présent me tourmente, l'avenir m'épouvante. " La marche dans les bois balayait ces effrois. J'aurais pu recomposer la ritournelle : "Le passé m'oblige, le présent me guérit, je me fous de l'avenir."
Son écriture ne plaît pas à tout le monde. Elle est classique, riche, un peu baroque quelquefois, pleine de poésie. Ses descriptions, bien que toujours courtes, suffisent à camper un paysage, à le faire vibrer devant nos yeux.
J'ai déjà en vue la lecture de Berezina. On ne quitte pas comme cela une écriture qui nous emporte.
Commenter  J’apprécie          276



Ont apprécié cette critique (27)voir plus




{* *}