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sur 1127 notes
Wouah ! du magnifique Teulé :-)

Un fait divers à Strasbourg fait rage en juillet 1518, la manie dansante et le récit démarre. Voilà une psychose collective bien réelle, née des conditions matérielles particulièrement difficiles cette année-là, qui va bouleverser la ville et ses habitants.

Danser à en mourir, danser pour ne plus penser, danser pour oublier, danser sa détresse au point de s'épuiser, de se casser, de se tuer. Une danse macabre qui n'est pas la seule répertoriée dans le temps et qui semble surgir quand les conditions de détresse humaine sont tellement insurmontables que l'esprit prend possession du corps et le manipule tel une marionnette.

Entre rave party et flash mob, l'Ammeister en perd la synchronie de ses moustaches et doit alors forcer l'église à intervenir, elle toujours si riche en grains et en vin, riche au détriment des plus pauvres qu'elle extorque grâce à de 'pieuses' manigances. Et c'est souvent toujours la même histoire sauf qu'ici, à Strasbourg, la réforme est déjà en marche.

Et les mots claquent comme les sabots sur le sol, et les mots hurlent au rythme des farandoles, et les mots crient des pleurs de désolation, et les mots chantent enfin quand le ciel se remet à pleurer.

Magnifique, et le fond et la forme. Mr Teulé respecte L Histoire tout en y mettant son petit grain de folie/génie qui donne à son récit un surcroît de vérité. J'adore :-)
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Habitué des récits historiques dans un style grinçant, Jean Teulé renouvelle ici l'exercice. Nous retrouvons dans "Entrez dans la danse" la gravité des événements, saupoudrés d'une bonne dose d'humour noir comme pour Charly9.

L'écriture est incisive et harmonieuse à la fois ce qui rend la lecture facile et agréable.
Dommage que le livre ne comporte que 160 pages, j'ai trouvé ça un peu court pour assimiler et prendre du plaisir à ma lecture. le sujet étant lui, assez spécial, je n'ai eu finalement "que l'impression" d'être rentré dans ce Strasbourg dépeint comme un nid à misère, glauque dès le premier paragraphe, le sujet de l'épidémie dansante (une histoire vraie) était intéressant mais finalement peu approfondi.

C'est tout de même un texte qui plaira aux habitués du style Teulé mais qui pourrait repousser les novices. "Entrez dans la danse" est une oeuvre qui sur le long terme restera un titre confidentiel, réservé aux fans de l'auteur.

Voir la chronique sur mon blog :
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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Avant la lecture de ce roman, je ne connaissais de Jean Teulé que la « gueule », plutôt sympathique, sans n'avoir encore pu faire connaissance avec son « style » décrit dans un certain nombre de billets...

A la sortie de cette lecture, je suis toutefois mitigé. Mon billet n'est donc guère inspiré.
Certes, c'est d'un pas léger et plaisant que j'ai terminé ce roman.
Mais malgré tout, je n'ai à aucun moment senti le moindre début de frétillement, de ceux qui pour d'autres livres ou d'autres musiques auraient pu me conduire avec frénésie, en mouvements virevoltants et incontrôlables, jusqu'à danser sur la Place Kléber de Strasbourg en pleine nuit (et je vous assure que c'est du vécu :)).

Je ne peux pas vraiment dire que j'ai été déçu mais... comment dire... le style est plutôt plaisant, parfois humoristique, un peu brut, direct, fait de phrases courtes, petits chapitres, facile à lire... Mais bon...
Où est l'intrigue ? On assiste dans ce roman à un descriptif de 150 pages d'une danse épidémique qui est tantôt amusante, tantôt cruelle mais sans jamais atteindre des sommets... Il y a bien quelques références historiques sur les relations clergé / bourgeoisie ou catholiques / protestants qui sont celles de l'époque mais rien de vraiment approfondi pour moi.

Ce roman me semble l'exemple type pour lequel il ne faudrait absolument pas lire la quatrième de couverture avant emploi.
« Jean Teulé exécute ses meilleures pirouettes stylistiques. Ce roman frénétique est un pur moment de jubilation. » (L'Obs)... Bof.
« Sur base de faits véritables, Jean le Diabolique a écrit une fable impertinente, voire carrément sulfureuse. » (Le Parisien)... Bof.
« Ici, l'humour est féroce et la langue gouleyante. » (Version Femina)... Bof.
Bof. Bof. Bof.
Tous ces superlatifs me paraissent exagérés et je n'ai vraiment pas l'impression d'avoir lu le même livre que « ces gens-là ».

Bref... Rien de mauvais dans ce roman qui demeure plaisant mais qui ne restera pas dans ma mémoire... Si vous avez un autre Teulé à me conseiller pour me faire un second avis, je suis preneur :)
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Une terrible « peste dansante », comme l'avait qualifiée Shakespeare, s'est déclenchée le 12 juillet 1518, à Strasbourg. Oublié, passé sous silence parce que très dérangeant et surtout gênant pour les puissants, il fallait sortir cet épisode incroyable des ouvrages spécialisés afin de le livrer au grand public comme Jean Teulé l'a fait, avec le talent qu'on lui connaît.

Entrez dans la danse ! J'ai été choqué, époustouflé, emporté par cette fièvre causée par la misère extrême, la faim, les malheurs accumulés sur une cité où l'on parle « un dialecte allemand strasbourgeois piqueté de mots français. »
Enneline n'ayant plus de lait pour nourrir son enfant le jette du haut d'un pont pendant qu'un couple de tonneliers termine son atroce repas devant la carcasse de leur petite fille qu'ils ont fait griller… C'est le sort de notre humanité qui pousse les plus démunis aux actes les plus extrêmes alors qu'une minorité accumule les richesses et gaspille tant et plus. Il en était ainsi, en Alsace, au début du XVIe siècle.
Puis, Enneline sort dans la rue et se met à danser. le tonnelier la rejoint, prend sa main et « ils dansent la carole au milieu de la rue… » le mari d'Enneline est graveur et quelques-unes de ses oeuvres jalonnent la lecture. C'est ainsi que débute le livre et je n'ai eu qu'une envie : en savoir plus et, surtout, tenter de comprendre !
Pour en savoir plus, l'auteur nous emmène à la mairie où l'Ammeister Andreas Drachenfels tente de savoir quelle est cette épidémie car de plus en plus de danseurs envahissent la rue du Jeu-des-Enfants et la ville, insensibles à la fatigue, à la douleur, aux blessures.
Strasbourg était une ville prospère, « une perle républicaine, enchâssée dans le Saint-Empire romain germanique » mais maladies contagieuses, grands froids, inondations plus une sécheresse interminable ont causé une misère absolue. Pendant ce temps, moines et curés hurlent « Cessez de danser ! » alors qu'ils accumulent les richesses, que leurs celliers regorgent de nourriture, qu'ils font tout payer au prix fort et réclament, en plus, de l'argent pour que le pape puisse faire construire une belle basilique, à Rome.
La ronde est folle. Tout est tenté sauf l'essentiel. le prince-évêque Guillaume de Honstein propose des solutions radicales alors qu'on dénombre mille danseurs, sur seize mille habitants. La querelle entre le pouvoir civil et le pouvoir religieux est édifiante. Ce dernier, pourtant menacé par un certain Martin Luther, assène : « Quant à la misère, elle est une grâce divine. »

Il ne faut pas en dire plus car le récit de Jean Teulé va au bout de cette histoire hors du commun, sans lésiner sur le vocabulaire, toujours cru et réaliste. Entrez dans la danse, un court roman que j'ai pu lire grâce au Club des Explorateurs de Lecteurs.com et aux éditions Julliard que je remercie.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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C'est la famine à Strasbourg, et les barrières morales tombent les unes après les autres. Une mère, après avoir jeté son nouveau-né dans la rivière la plus proche (ce qui démontre un amour maternelle prononcé, car d'autres enfants du même âge ont déjà été mangés), se met à danser. de désespoir peut-être, ou alors parce qu'il n'y a plus grand-chose d'autre à faire. La contagion prend, d'autres désespérés entrent dans la danse, et comme le désespoir est la seule denrée à ne pas se faire rare, la ville se retrouve après quelque temps avec une bonne centaine de danseurs à gérer.

Le livre nous offre un curieux voyage dans une humanité poussée dans ses derniers retranchements. Les grands pouvoirs du monde (la médecine, la religion, la politique, …) se cassent misérablement les dents sur ce qui paraît un des problèmes les plus basiques de notre espèce : se nourrir quand on a faim. Les plus grandes thèses médicales, les sermons les plus menaçants, les édits les plus sévères font bien pâle figure quand les gens ont renoncé à former une société.

L'écriture soutient merveilleusement bien le thème, avec un humour féroce mêlé à un vocabulaire curieusement moderne. Peut-être habituel de l'auteur, mais je le découvrais avec ce livre et j'ai été agréablement surpris.

Un peu soulagé de pouvoir le refermer tout de même, car ce livre est une petite claque assez sèche.
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Ce n'est pas la danse des canards ( J.lionel ) et, même si la folie : ça se danse ( Sardou ) : c'est l'épidémie dansante de juillet 1518 à Strasbourg !
Paracelse ( médecin, philosophe, théologien.. ) a tenté de la définir comme une hystérie collective : il semblerait qu'elle ait eu pour causes principales : la misère, la faim et la détresse des strasbourgeois.
Elle a débuté avec Enneline Troffea qui après avoir tué son enfant se met à danser en entrainant d'autres danseurs jusqu'à 400 personnes qui se contorsionnent sans fin au péril de leur vie !
L'Ammeister leur facilite la tâche en leur faisant construire une piste de bal et en convoquant des musiciens !
Finalement les autorités décident de les faire partir à la chapelle de Saint Guy ( protecteur des épileptiques et des malades de la chorée )...L'Evèque et le clergé, qui se sont enrichis au détriment des braves gens vont passer un "deal" avec l'Ammeister pour que les farandoleurs ne retournent jamais de Saverne, pour que leur mort soit portée sur le compte des Turcs et que le péril luthérien soit momentanément éloigné ! Bref, la nourriture revient en abondance ( comme par hasard ! ), après cet épisode qui a sauvé la réputation de l'Eglise et de la Commune !
Jean Teulé dans ce roman nous faite vivre cette étrange affaire peu connue et, on peut dire qu'il "s'éclate " en nous présentant des personnages burlesques, déjantés avec un langage moyenâgeux émaillé de jurons, de mots grossiers et de descriptions scatologiques ! Une fable impertinente, frénétique et diabolique ! ! !
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Nous avons tous, je pense, entendu parler du syndrôme de la danse de Saint-Guy sans forcément en connaître l'origine.
500 ans après l'épisode de "manie dansante" à Strasbourg, ce phénomène continue à intriguer. S'il n'est pas le seul épisode de ce genre, il est en revanche un des mieux documentés grâce à l'imprimerie dont l'usage était déjà répandu dans la région alsacienne.
Jean Teulé se réapproprie ce fait divers pour en faire un récit court mais percutant. Sa plume, tantôt acerbe, souvent crue, propose au lecteur une vision de cette épidémie mais elle laisse une sensation de malaise, d'horreur et d'effroi.
Ce n'est pas une critique négative, au contraire, mais l'immersion est telle, que l'on en ressort bouleversé , parfois écoeuré, avec l'impression d'avoir pris part aux événements.
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Bon, cette fois c'est sûr : ce mec est fou !
Pour aller exhumer ce fait divers méconnu, cette étrange histoire de "danse contagieuse", et pour y consacrer 160 pages, déjà fallait avoir un petit grain. Mais pour lui donner cette allure démente, pour lui insuffler ce rythme effréné, pour mélanger ainsi les jolies formules matînées de vieux françois, les anachronismes explosifs et les obscénités bien crasses, il faut être sacrément dérangé (et/ou très talentueux ?)

Pour qui n'aurait encore jamais lu Teulé, cette première danse a de quoi décoiffer, et elle fera certainement des heureux !
Pour les autres, deux options : soit on se laisse embarquer dans ce carnaval morbide en considérant que l'auteur du Montespan ou de Mangez-le si vous voulez est au sommet de son art, soit on s'essouffle un peu devant cette débauche d'exhubérances débridées en attendant la fin d'une farandole qui, il faut bien l'admettre, tourne un peu en rond.
Je l'avoue, même si certains passsages m'ont amusé / horrifié / ému / surpris (rayez la mention inutile), je m'inscrirais plutôt dans la seconde catégorie.

Ici plus que jamais, Teulé fait du Teulé ! Il triture dans tous les sens un évènement historique surprenant (ici une "épidémie de danse" survenue à Strasbourg en 1518, sur fond de famine et d'indigence extrême), il amalgame les faits avérés et les extrapolations toujours plus farfelues, et enrobe le tout d'une foultitude d'effets stylistiques détonnants, de dialogues décapants et de détails scabreux, au point que la forme prend vite le pas sur le fond.
C'est sûr, le bonhomme écrit diablement bien, on sent qu'il s'éclate, on l'imagine volontiers se marrant tout seul en noircissant son manuscrit et en pensant à la tête interloquée de ses lecteurs qui ne manqueront pas de se demander "jusqu'où ira-t-il ???", mais en ce qui me concerne l'effet de surprise ne fonctionne plus vraiment...

J'ai malgré tout passé un bon moment en compagnie de ces personnages burlesques et déjantés, et je me suis parfois laissé prendre au jeu pour entrer à mon tour dans la danse.
Toutefois je ne suis pas sûr de retenir grand chose de cette lecture, que j'ai achevée dans un état second, un peu comme lors d'une fête bien arrosée dont on oublie déjà les détails au petit matin.
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La « peste dansante » de Strasbourg en 1518.Le sujet est troublant et passionnant.Comment, subitement,une femme se met à danser sans fin jusqu'à la mort , entraînant avec elle des centaines de strasbourgeois dans une ville où sévit la famine pour le peuple et l'opulence pour le clergé et la classe dominante.Jean Teulé échoue dans sa tentative un peu factice de nous raconter cette histoire. Certes il la place dans un contexte religieux bien réel, l'arrivée delà Réforme.Mais il ne répond pas à la question que tout lecteur curieux se pose. Comment expliquer ce phénomène qui n'est d'ailleurs pas unique mais le mieux documenté. Facile de dire (dans le texte ) qu'il s'agit de la première rave party de l'histoire.Faux puisque les danseurs ne sont absolument joyeuxet meurent.Mais aussi parce que cela suppose l'utilisation de drogues hallucinogènes ce qui parait très improbable.Quant à parler d'hysterie collective, c'est un peu facile
Il y a aussi ce style volontairement provocant de Jean Teulé.Je cite ( nous sommes au 16º siècle)

La merde de syphilitiques et de pestiférés c'est pas du bio.
Sûr de son fait, il se prend pour une star
Les bassins de ceux venus à la messe ondulent. Et allons-y, le cantique. Oui, c'est un flash mob !...
Tout le monde se met à danser dans les travées. Faites péter le Magnificat !
Dans cette ambiance night-clubbing de trance festival

Il y a certainement des lecteurs qui adorent ce style soi disant décalé et humoristique
Je trouve que que c‘est facile, sans charme et reproductible à l'infini
Il paraît que Jean Teulé a écrit de bons livres.Si ce n'est pas dans le même style littéraire, je suis preneur
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Merci à Netgalley et aux éditions Julliard pour cette sélection.
Je ne connaissais que très peu cet auteur, n'ayant lu auparavant qu'un seul titre qui m'avait beaucoup plu. La couverture et le contexte de cette histoire m'intriguaient.
Nous sommes à Strasbourg à l'époque des premières impressions sur presse. Les épidémies font rage comme une famine sans précédent dans les rues. Un étrange mal atteint les habitants affamés, ils se mettent à danser sans raison ni retenue. le maire et l'évêque s'opposent en querelle administrative et de pouvoir politique. On suit à la fois les puissants et les pauvres hères, condamnés à manger papier et enfants...
Le style est cru, les personnages sont très bien brossés et on est plongé dans cette époque sombre avec brio le temps qu'une grosse centaine de pages. Cette page sombre et méconnue de l'histoire de France donne à réfléchir sur beaucoup de thématiques : le thème Eglise/ Etat, l'opposition entre catholicisme et protestantisme, la vie des gens du commun au Moyen-Age dans tout ce qu'elle peut avoir de sordide et d'aberrant (pour ce qui est des différences entre riches et pauvres), le rapport de l'homme au pouvoir et à la chose religieuse.
Une fresque très intéressante pour qui s'intéresse à l'histoire. Attention, destiné aux coeurs bien accrochés car certains passages vont donner limite la nausée...
***
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