L'île d'Öland, tome 4 : Fin d'été

Le cercueil racla contre le sol de pierre.
Le silence se fit. Edvard Kloss était mort.
Et pourtant il avait frappé.

Il était une fois un commis voyageur qui sonna chez des fermiers d'Öland. Un petit garçon vint lui ouvrir.
- Ton père est là mon garçon?
- Non, monsieur.
- Il est loin?
- Non, monsieur. Il est au cimetière.
- Mais que diable y fait-il?
- Rien, je crois. Papa est mort…

( La fête de la Saint Jean, à l'origine une fête allemande )...
Le mât de mai servait de cible aux archers allemands, avant d'être décoré avec des fleurs printanières. Puis les marchands allemands ont implanté l'idée en Suède... mais comme ici la plupart des fleurs n'éclosent pas avant juin, on a du décaler la fête d'un mois.

Les hommes qui l'attendaient dans l'allée du cimetière se regardèrent.
" On a entendu du bruit, finit par dire le pasteur.
- Du bruit?
- Oui, du bruit." Le pasteur désigna le cercueil de la tête. "Des coups de là-dedans… Quand on a commencé à reboucher la tombe." […]
"C'est déjà arrivé? dit-il tout bas.
- Quoi?
- Qu'on entende du bruit?"
Le fossoyeur secoua la tête. […]
- Mais Edvard Kloss…, dit Gerlof en cherchant ses mots. Il ne peut quand même pas avoir été…
- Holà! l'interrompit Bengtsson, ça ne te regarde pas, Davidsson." Il but une autre gorgée de bière et ajouta : "Autrefois, on leur attachait les mains. Aux morts, je veux dire, pour qu'ils restent tranquilles dans leur cercueil."

(Joseph Staline ) Il y a vingt ans, c'est lui qui a dirigé le combat contre les précédents dirigeants, le tsar et sa clique. Un jour, la police l'a arrêté et il a été condamné au fouet. Il fallait qu'il courre entre deux rangées de policiers prêts à le frapper avec leurs fouets cloutés. Et tu sais ce qu'a fait Staline ?
Aron secoué la tête.
Avant d'aller se faire fouetter, il a cueilli un brin d'herbe qu'il s'est mis entre les dents. Puis il a marché. Staline n'a pas couru devant les fouets ... il a marché. Tranquillement, comme s'il se promenait dans un pré. Arrivé au dernier policier, le dos en sang, il a ouvert la bouche pour montrer le brin d'herbe. Pas une marque de dents dessus. Ce jour là, Staline a été fouetté, mais c'est quand même lui qui a gagné.

Si on habille le mort aussi bien qu’on parle de lui, alors il sourit dans son cercueil. Gerlof se rappelait avoir entendu cet adage dans la bouche de sa grand-mère.

Les gens ne croient peut-être plus aux lendemains qui chantent, mais ils aspirent au calme et à la paix.

On exige toujours que chaque ennemi démasqué donne le nom d’autres ennemis qui, à leur tour, donneront d’autres noms, comme une meule qui grossirait sans cesse.

On ne paie que si on a de l’argent.

Il est clair qu’on entend parfois des sons qui n’existent que dans la tête, comme les acouphènes, les sifflements.