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Critique de GeorgesSmiley


« La Dame de Fer » ! Savez-vous que ce sont ses ennemis jurés qui l'ont baptisée ainsi ? Oui, sans doute, mais lesquels ? Les mineurs grévistes de 84-85 qui pensaient la renverser (tous ne l'étaient pas, et elle sut soutenir ceux qui voulaient travailler au péril de leur intégrité physique: « on les appelle les jaunes, ce sont des lions »), Non. Les militaires argentins qui prirent d'assaut les îles Falkland que nous appelons Malouines ? Non, ils y perdirent leur pouvoir dictatorial et n'eurent pas le loisir de lui trouver un surnom. Ses adversaires politiques travaillistes ou ceux qu'elle dérangeait dans son propre part conservateur ? Non plus. Les universitaires, les intellectuels ou les journalistes politisés de la BBC qu'elle n'aimait pas et qui le lui rendaient bien ? Non. le cinéaste Ken Loach, le chanteur Renaud ou un autre des ces « artistes engagés » qui ne pouvaient la souffrir ? Non, manque d'imagination sans doute. Les activistes de l'IRA qui faillirent réussir à la tuer à Blackpool ? Non plus. Les inventeurs de cette insulte, c'en était une dans leur bouche, furent les rédacteurs du journal de l'Armée Rouge qui avaient ainsi désigné leur plus pugnace adversaire à l'heure où l'objectif de Moscou était de désarmer l'Europe de l'Ouest.
Quinze ans après sa mort, vingt-huit après son départ du 10 Downing Street, il est peut-être temps de s'instruire et d'échapper aux slogans ou aux anathèmes grâce à cette excellente biographie. Outre son parcours depuis l'épicerie familiale et l'église méthodiste de son enfance jusqu'au sommet, ses décisions politiques et ses convictions, vous découvrirez quantité de citations et d'anecdotes sur celle qui fut la première femme à diriger un pays européen. Vous comprendrez pourquoi tant d'honneurs se sont abattus depuis qu'elle a quitté la vie politique pour entrer dans l'Histoire. Citons en deux parmi d'autres.
D'abord, le 21 février 2007, elle assiste à l'installation de sa statue à la Chambre des communes, aux côtés des effigies de Winston Churchill. Premier chef de gouvernement britannique à avoir sa statue de son vivant, elle déclare à cette occasion : « J'aurais préféré une statue en fer, mais le bronze me convient. Au moins, elle ne rouillera pas. Et, cette fois, j'espère que la tête restera en place » (elle fait allusion à une précédente sculpture d'elle, en marbre, du sculpteur Neil Simmons, exposée à la Guildhall Art Gallery et décapitée en 2002 par l'artiste Paul Kelleher dans un geste de protestation symbolique).
Ensuite, pour son enterrement, la Reine en personne, qui n'assiste qu'aux enterrements des membres de la famille royale, était présente. En soixante-six ans de règne, elle fit deux exceptions, la première pour Winston Churchill, l'autre pour Margaret Thatcher.
Vous apprendrez pourquoi certains la surnommait aussi TINA, vous saurez si elle avait raison ou tort de réclamer à Bruxelles « I want my money back », comment elle, « la dame de fer », fut la première dirigeante étrangère à prendre la parole à la télévision soviétique ou par quel concours de circonstances elle échappa à la mort que lui avaient préparée les artificiers de l'IRA. Que pensait-elle de ses « collègues », Jimmy Carter, V Giscard d'Estaing ou H. Schmidt ? Pourquoi sut-elle repérer, avant tous les autres, un des membres du Politburo de l'ère Brejnev-Andropov qui se nommait Gorbatchev ? de l'épicerie familiale, des discussions du soir avec son père, de l'église méthodiste jusqu'à la trahison finale de ses lieutenants, plus « wets que dries » comme elle disait, en passant par la grève des mineurs et les bases de la paix en Irlande, vous approcherez un formidable personnage de roman, un étrange animal politique qui « pense que les promesses électorales sont faites pour être tenues » et dont les adversaires travaillistes eux-mêmes finirent par reconnaître, par la voix de leur porte-parole en 1997, que : « finalement, nous sommes tous devenus thatchériens.»
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