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Critique de bdelhausse


Le roman débute en 1810 dans une Vienne dévastée par Napoléon Bonaparte. Et on fait immédiatement un flashback vers les 3 dernières journées que la narratrice va passer en France. Agathe-Sidonie Laborde est Lectrice-adjointe de la reine Marie-Antoinette. Elle lit, voilà sa principale occupation. On pourrait avec humour considérer que sa seconde occupation est de retrouver son chemin dans les couloirs, et parmi les rumeurs, de Versailles.

Les rumeurs vont en effet bon train en ce 14 juillet 1789. La révolte gronde. Les troupes allemandes conviées par le roi hésitent à intervenir. Les Etats généraux s'organisent, de nouvelles têtes apparaissent (qui seront bientôt coupées, mais ce n'est pas le sujet du roman). Necker avait la faveur de la "foule" (ou plutôt des révolutionnaires) mais il est congédié par le roi. Et au milieu de tout cela, Agathe-Sidonie essaie de se persuader que tout va bien, que les choses ne changent pas. Qu'il n'y a aucune raison pour que les choses changent.

Le protocole et l'étiquette vont être un grand sujet dans le roman. Chantal Thomas va nous montrer les us et coutumes du Château de Versailles, engoncé dans d'immuables routines, avec ces personnages imbus d'eux-mêmes et occupant des postes chèrement rémunérés, avec de nombreux avantages, pendant que la population meurt de faim. On finirait par croire à cette "brioche" prononcée par Marie-Antoinette.

Ces 3 journées, des 14, 15 et 16 juillet 1789, vont voir le pouvoir se déliter sous les yeux d'Agathe-Sidonie, atterrée, consternée, jusqu'à un sauve-qui-peut grotesque et admirablement décrit par l'autrice. Les privilèges de la classe dominante sont écoeurants, et passent aux yeux de beaucoup comme naturels... On digresse sur le peuple, sur les velléités de démocratie... Pourquoi le peuple voudrait-il élire ses représentants, alors qu'il est si aisé et confortable de s'en remettre à l'ordre divin... ?

Versailles est sale, squatté par des profiteurs, sclérosé par une structure qui n'a pas su se renouveler, empuanti de rumeurs les plus ridicules les unes que les autres... Et ce ne sont pas les quelques miettes que Louis XVI va lâcher qui feront l'affaire. On décrit bien la fin du XVIIIè siècle, pas le début du XXIè...

Car ce roman, écrit dans une langue impeccable, reste d'une fabuleuse modernité, quand on voit les privilèges actuels qu'une certaine classe politique s'octroie sans se poser de questions. Ou que l'on voit les grands débats sur l'ordre établi, sur la démocratie ou sur la "nécessité" d'un pouvoir autoritaire. A de nombreuses reprises, dans le roman, j'ai pensé au regard déconcerté, apeuré ou interrogateur des époux Ceausescu au balcon du palais présidentiel, hués par la foule alors qu'ils pensent être acclamés.

Bien qu'éloigné de mes centres d'intérêt (pas fan de romans historiques), et écrit dans une langue trop littéraire, ce roman m'a plu.
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