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Critique de LightandSmell
Avant d'aller plus loin, je tiens à souligner le magnifique travail réalisé par les éditions Sabran sur cette édition collector reliée. Entre le jaspage de toute beauté, la gravure sous la couverture, la jaquette à l'ambiance inquiétante et intrigante et les beaux ornements introduisant les chapitres, les lecteurs en prennent plein la vue…
Je n'ai jamais lu la version originale de Peter Pan, mais gardant en mémoire la version Disney, probablement édulcorée, j'avais très envie de découvrir cette réécriture au ton mélancolique. Il faut dire que Wendy vit depuis plus de 5 ans avec un terrible et puissant sentiment de culpabilité. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Il y a 5 ans, elle et ses frères ont mystérieusement disparu. Sauf que si elle a été retrouvée 6 mois plus tard, ses deux frères n'ont depuis plus jamais donné signe de vie. Une disparition inexpliquée empêchant tout travail de deuil que ce soit pour Wendy, qui ne se souvient de rien, ou ses deux parents, qui ne semblent plus être que l'ombre d'eux-mêmes.
J'ai d'emblée été touchée par cette lycéenne qui ne désire rien d'autre que de retrouver ses deux frères, dont elle était très proche, et enfin reprendre une vraie vie de famille. À cet égard, si j'ai compris le déchirement ressenti par ses parents, j'ai eu beaucoup de mal à comprendre leur comportement vis-à-vis de Wendy. Surtout le père qui semble s'être totalement enfermé dans son chagrin sans considérer que sa fille a besoin de lui. Heureusement, Wendy peut compter sur son travail de bénévole au sein de l'hôpital où exerce sa mère pour se sortir de ce cadre familial pesant, et sur sa meilleure amie Jordan, dont j'ai beaucoup aimé la personnalité et la bienveillance. J'aurais adoré que son rôle soit plus important, Jordan étant un peu la définition de l'amie parfaite, celle prête à vous écouter sans jamais vous juger.
L'univers de Wendy se retrouve de nouveau bousculé quand de nouvelles disparitions d'enfants frappent la ville. Et si le passé se répétait ? Une question à laquelle Wendy va devoir d'urgence répondre pour espérer retrouver les enfants disparus et, l'espoir ne l'ayant jamais quittée, ses deux frères. Et pour ce faire, elle n'aura d'autre choix que de s'allier au jeune homme mystérieux et déstabilisant qu'elle a bien failli écraser : Peter Pan. Un Peter Pan dont on retrouve la personnalité joviale, lumineuse et le côté taquin et optimiste qui offre un contraste saisissant avec Wendy. J'ai beaucoup aimé la manière dont l'auteur s'est approprié ce personnage, ce dernier étant bien moins insouciant qu'on pourrait le penser.
Avec lui, et même si l'on reste dans notre réalité, c'est tout un monde merveilleux et fantastique qui se dévoile, petit à petit et par procuration, à notre héroïne et aux lecteurs. Un monde du possible et de l'imagination dans lequel il suffit de penser et de croire pour vivre des expériences fabuleuses. Aiden Thomas souligne avec une incroyable force le pouvoir de l'imagination, mais il ne néglige pas le versant plus sombre de l'esprit, lieu de toutes les peurs et de ces pensées négatives qui gonflent et enflent jusqu'à prendre une proportion difficile à endiguer. À cet égard, le travail sur l'ombre et une ombre en particulier est saisissant et amené avec une belle perspicacité. L'ombre sert de catalyseur et de déclencheur mais elle brille surtout par sa force symbolique.
Page après page, l'auteur a construit une ambiance sombre et inquiétante entourée de mystère à l'image de la forêt, personnage à part entière du récit. Une forêt dans laquelle on n'ose pénétrer de peur de ne pouvoir en ressentir, mais qui nous attire inexorablement par les réponses qu'elle semble détenir. Une relation d'attirance/répulsion se développe ainsi entre la forêt et Wendy, créant une certaine angoisse à mesure que l'on comprend que pour découvrir la vérité, la jeune fille n'aura d'autres choix que de se mettre en danger. Cette ambiance, qui nous tient sous sa coupe, est renforcée par une multitude de détails et de faits étranges, qui soulèvent des questions dont on a ardemment envie d'obtenir les réponses.
Pourquoi Wendy a tout oublié de ces 6 mois avec ses frères loin de ses parents ? Que penser de ses rêves étranges, de ses dessins qu'elle gribouille frénétiquement sans même le réaliser ? Que penser de cet arbre qui l'appelle et l'inquiète en même temps ? Plus on avance dans le récit, plus le suspense s'intensifie et plus l'on sent qu'il devient urgent de résoudre l'enquête autour des enfants disparus. Une enquête qui poussera Wendy dans ses retranchements et dans une effrénée quête de souvenirs et de vérité. Car, en fil rouge, se pose encore et toujours la question de la disparition des frères de Wendy. Je dois reconnaître que j'avais rapidement anticipé la grande révélation, l'amatrice de thriller en moi ayant tilté sur certaines informations, mais l'impact n'en demeure pas moins fort, très fort.
La fin est d'une grande puissance émotionnelle au point que je dois reconnaître avoir sorti la boite de mouchoirs, même si ce n'est pas pour la raison à laquelle, j'aurais, de prime abord, pensé. Si certains éléments s'agencent d'eux-mêmes, l'auteur ne tombe pas dans la facilité, jouant autant sur le fantastique que l'humain. Sont ainsi évoqués des thèmes forts autour de la mort, du travail de deuil impossible quand la vérité nous échappe, des pensées négatives et de leur puissance destructrice, de la difficulté de grandir et d'avancer quand tout vous tire vers le passé… Mais si Les Disparus du Pays Imaginaire est imprégné d'une aura de perte, il l'est aussi d'espoir et de renouveau. Et puis, la relation entre Wendy et Peter Pan permet d'alléger un peu les moments plus durs, tout en restant dans une zone qui prouve que l'auteur a veillé à la cohérence de sa réécriture.
Un auteur dont le style devrait plaire aux adolescents sans rebuter les lecteurs plus âgés. Sa plume se révèle, en effet, assez travaillée et immersive pour stimuler l'imagination de chacun, et jouer avec les zones d'ombre tapies dans le recoin de notre esprit. Certes, certains événements auraient pu être abordés avec peut-être plus de consistance, mais l'émotion est présente et le travail sur la psychologie de Wendy et de Peter Pan convaincant.
En conclusion, avec Les Disparus du Pays Imaginaire, Aiden Thomas nous propose une puissante et convaincante réécriture de Peter Pan reprenant les éléments principaux du conte pour nous en offrir une version mélancolique, mais jamais pesante. Ici, la tristesse côtoie l'espoir et se heurte à l'incroyable capacité de résilience d'une adolescente qui s'est construite dans l'ombre des absents, et malgré l'absence des vivants dont la vie semble en suspens. L'auteur nous prouve ici sa capacité à susciter un engagement émotionnel fort de la part des lecteurs, en plus de stimuler très fortement leur imaginaire grâce à un vrai talent pour le mystère et le suspense, et une plume jouant à merveille sur les peurs ancestrales communes et les espoirs les plus intimes de personnages attachants.
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
Je n'ai jamais lu la version originale de Peter Pan, mais gardant en mémoire la version Disney, probablement édulcorée, j'avais très envie de découvrir cette réécriture au ton mélancolique. Il faut dire que Wendy vit depuis plus de 5 ans avec un terrible et puissant sentiment de culpabilité. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Il y a 5 ans, elle et ses frères ont mystérieusement disparu. Sauf que si elle a été retrouvée 6 mois plus tard, ses deux frères n'ont depuis plus jamais donné signe de vie. Une disparition inexpliquée empêchant tout travail de deuil que ce soit pour Wendy, qui ne se souvient de rien, ou ses deux parents, qui ne semblent plus être que l'ombre d'eux-mêmes.
J'ai d'emblée été touchée par cette lycéenne qui ne désire rien d'autre que de retrouver ses deux frères, dont elle était très proche, et enfin reprendre une vraie vie de famille. À cet égard, si j'ai compris le déchirement ressenti par ses parents, j'ai eu beaucoup de mal à comprendre leur comportement vis-à-vis de Wendy. Surtout le père qui semble s'être totalement enfermé dans son chagrin sans considérer que sa fille a besoin de lui. Heureusement, Wendy peut compter sur son travail de bénévole au sein de l'hôpital où exerce sa mère pour se sortir de ce cadre familial pesant, et sur sa meilleure amie Jordan, dont j'ai beaucoup aimé la personnalité et la bienveillance. J'aurais adoré que son rôle soit plus important, Jordan étant un peu la définition de l'amie parfaite, celle prête à vous écouter sans jamais vous juger.
L'univers de Wendy se retrouve de nouveau bousculé quand de nouvelles disparitions d'enfants frappent la ville. Et si le passé se répétait ? Une question à laquelle Wendy va devoir d'urgence répondre pour espérer retrouver les enfants disparus et, l'espoir ne l'ayant jamais quittée, ses deux frères. Et pour ce faire, elle n'aura d'autre choix que de s'allier au jeune homme mystérieux et déstabilisant qu'elle a bien failli écraser : Peter Pan. Un Peter Pan dont on retrouve la personnalité joviale, lumineuse et le côté taquin et optimiste qui offre un contraste saisissant avec Wendy. J'ai beaucoup aimé la manière dont l'auteur s'est approprié ce personnage, ce dernier étant bien moins insouciant qu'on pourrait le penser.
Avec lui, et même si l'on reste dans notre réalité, c'est tout un monde merveilleux et fantastique qui se dévoile, petit à petit et par procuration, à notre héroïne et aux lecteurs. Un monde du possible et de l'imagination dans lequel il suffit de penser et de croire pour vivre des expériences fabuleuses. Aiden Thomas souligne avec une incroyable force le pouvoir de l'imagination, mais il ne néglige pas le versant plus sombre de l'esprit, lieu de toutes les peurs et de ces pensées négatives qui gonflent et enflent jusqu'à prendre une proportion difficile à endiguer. À cet égard, le travail sur l'ombre et une ombre en particulier est saisissant et amené avec une belle perspicacité. L'ombre sert de catalyseur et de déclencheur mais elle brille surtout par sa force symbolique.
Page après page, l'auteur a construit une ambiance sombre et inquiétante entourée de mystère à l'image de la forêt, personnage à part entière du récit. Une forêt dans laquelle on n'ose pénétrer de peur de ne pouvoir en ressentir, mais qui nous attire inexorablement par les réponses qu'elle semble détenir. Une relation d'attirance/répulsion se développe ainsi entre la forêt et Wendy, créant une certaine angoisse à mesure que l'on comprend que pour découvrir la vérité, la jeune fille n'aura d'autres choix que de se mettre en danger. Cette ambiance, qui nous tient sous sa coupe, est renforcée par une multitude de détails et de faits étranges, qui soulèvent des questions dont on a ardemment envie d'obtenir les réponses.
Pourquoi Wendy a tout oublié de ces 6 mois avec ses frères loin de ses parents ? Que penser de ses rêves étranges, de ses dessins qu'elle gribouille frénétiquement sans même le réaliser ? Que penser de cet arbre qui l'appelle et l'inquiète en même temps ? Plus on avance dans le récit, plus le suspense s'intensifie et plus l'on sent qu'il devient urgent de résoudre l'enquête autour des enfants disparus. Une enquête qui poussera Wendy dans ses retranchements et dans une effrénée quête de souvenirs et de vérité. Car, en fil rouge, se pose encore et toujours la question de la disparition des frères de Wendy. Je dois reconnaître que j'avais rapidement anticipé la grande révélation, l'amatrice de thriller en moi ayant tilté sur certaines informations, mais l'impact n'en demeure pas moins fort, très fort.
La fin est d'une grande puissance émotionnelle au point que je dois reconnaître avoir sorti la boite de mouchoirs, même si ce n'est pas pour la raison à laquelle, j'aurais, de prime abord, pensé. Si certains éléments s'agencent d'eux-mêmes, l'auteur ne tombe pas dans la facilité, jouant autant sur le fantastique que l'humain. Sont ainsi évoqués des thèmes forts autour de la mort, du travail de deuil impossible quand la vérité nous échappe, des pensées négatives et de leur puissance destructrice, de la difficulté de grandir et d'avancer quand tout vous tire vers le passé… Mais si Les Disparus du Pays Imaginaire est imprégné d'une aura de perte, il l'est aussi d'espoir et de renouveau. Et puis, la relation entre Wendy et Peter Pan permet d'alléger un peu les moments plus durs, tout en restant dans une zone qui prouve que l'auteur a veillé à la cohérence de sa réécriture.
Un auteur dont le style devrait plaire aux adolescents sans rebuter les lecteurs plus âgés. Sa plume se révèle, en effet, assez travaillée et immersive pour stimuler l'imagination de chacun, et jouer avec les zones d'ombre tapies dans le recoin de notre esprit. Certes, certains événements auraient pu être abordés avec peut-être plus de consistance, mais l'émotion est présente et le travail sur la psychologie de Wendy et de Peter Pan convaincant.
En conclusion, avec Les Disparus du Pays Imaginaire, Aiden Thomas nous propose une puissante et convaincante réécriture de Peter Pan reprenant les éléments principaux du conte pour nous en offrir une version mélancolique, mais jamais pesante. Ici, la tristesse côtoie l'espoir et se heurte à l'incroyable capacité de résilience d'une adolescente qui s'est construite dans l'ombre des absents, et malgré l'absence des vivants dont la vie semble en suspens. L'auteur nous prouve ici sa capacité à susciter un engagement émotionnel fort de la part des lecteurs, en plus de stimuler très fortement leur imaginaire grâce à un vrai talent pour le mystère et le suspense, et une plume jouant à merveille sur les peurs ancestrales communes et les espoirs les plus intimes de personnages attachants.
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