Dans l'optique de vider ma pile à lire indécente, j'ai jeté mon dévolu sur cette revisite du conte de
Peter Pan. Adorant ce conte depuis petite, j'étais impatiente de me plonger dans cet univers qui se promettait sombre et haletant. Malheureusement, cette lecture s'est révélée aussi fastidieuse que décevante par rapport à l'idée que je m'en faisais…
La première chose qui me vient à l'esprit en repensant à ce livre, c'est sa lenteur. Ce n'est pas un secret, j'ai beaucoup de mal avec les livres contemplatifs ou au rythme lent, ceux que j'ai appréciés se comptent sur les doigts d'une main. Si l'intrigue se veut attrayante avec toutes ces disparitions d'enfants, les longueurs ont fini par avoir raison de moi. Je ne pense pas exagérer dans mes propos quand on voit la taille relativement courte du roman et que pendant près de 200 pages, nos personnages ne font que tourner en rond sans que l'intrigue n'avance. L'auteur s'évertue à décrire des paragraphes entiers sur des actions triviales, les moindres faits et gestes de Wendy y sont décrits à l'excès, alourdissant le texte. Ceci n'engage que moi, mais le récit aurait gagné en qualité et en rythme si toutes ces futilités avaient été retirées pour développer la fin qui, elle est beaucoup trop expéditive compte tenu du potentiel qu'elle avait. Mais ce n'est pas le seul problème que j'ai ressenti, l'auteur nous noie également sous la psychologie de Wendy, certes nécessaire au départ pour montrer l'étendue de son traumatisme et de sa culpabilité, mais cela finit par devenir redondant, voire indigeste. Je dirais même que ça a creusé un fossé entre moi et les personnages, je ne suis parvenue à éprouver aucune once d'attachement (excepté peut être Peter dont l'évolution permet de soulever des questions intéressantes quant à son existence même, mais ça n'a pas suffi à me le faire aimer autant que je l'aurais espéré). Ce manque d'attachement, au vu des thèmes abordés a eu pour conséquence de me faire passer à côté de l'histoire. Quant à la romance, je resterai très succinct, mais elle m'a laissée de marbre, je n'ai là aussi ressenti aucune émotion, c'était mal exécuté, j'ai eu l'impression que ça arrivait comme un cheveu sur la soupe.
Pour l'intrigue en elle-même, je dois admettre que c'était addictif dans le sens où de nombreuses interrogations germent dans l'esprit du lecteur. Je n'avais de cesse de me demander ce qui était arrivé à Wendy et ses frères, s'ils étaient toujours retenus contre leur gré, pourquoi d'autres enfants disparaissent et quelle était l'identité de la personne qui les enlève. C'est d'ailleurs toutes ces questions qui ont fait que j'ai persisté dans ma lecture, sans quoi j'aurais sûrement fini par abandonner. Mais au fil des pages, je n'ai eu aucun mal à découvrir les rebondissements, tout m'est apparu assez prévisible et ça m'a un peu gâché les révélations finales. Certes la fin offre un plot twist aussi intéressant qu'émouvant concernant les frères de Wendy (je n'avais pas tout vu venir non plus, mais les plus grosses ficelles oui), et je comprends tout à fait pourquoi ça a plu à tant de monde, mais pour ma part ça n'a pas suffi à me faire oublier tout l'ennui ressenti durant ma lecture. J'étais aussi très déçue de constater que le récit était ancré dans notre monde avec une très légère pointe de fantastique apportée par
Peter Pan, j'étais persuadée que ça allait être plus orienté vers le pays imaginaire mêlé à cette revisite sombre qui était promise. Même si l'idée de l'ombre maléfique à retrouver était originale, je m'attendais à plus, comme par exemple revoir des fées, des pirates, tout ce qui fait de
Peter Pan…
Peter Pan justement.
Cela dit, tout n'est pas à jeter, si j'ai mis la « moyenne » à ce roman c'est parce qu'il y a certains aspects positifs. Les thèmes du deuil et tout le questionnement qu'il y a autour du fait de devenir adulte, ont le mérite d'être traités avec rigueur et brio. Tout comme l'idée de revisiter le conte de
Peter Pan avec un pays imaginaire interprété d'une manière très sombre et pour le coup, originale, c'était audacieux de la part de l'auteur. Et c'est probablement ce qui m'a le plus touchée dans le récit, puisqu'il a réussi à créer une sensation de malaise en moi, en allant à l'encontre du conte avec lequel j'avais grandi et j'ai trouvé ça excellent de prendre ce risque.
C'est donc un bilan en demi-teinte, je n'ai pas détesté mais je n'ai pas trouvé ce que je recherchais. Les longueurs interminables, le manque de magie, d'imprévisibilité et d'approfondissements sur des enjeux essentiels du récit ont entaché mon appréciation. Il y avait de bonnes idées, mais la forme et l'exécution choisit par l'auteur ne me correspondent pas. Ce roman ne laissera pas de trace impérissable dans mon âme de lectrice, et j'en suis la première peinée.