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Critique de mesrives


Hello Mister, Mister Arni Thorarinsson, ravie de vous avoir alpagué lors d'une pause, lors du dixième festival de Littératures policières de Toulouse, vous étiez en train de fumer votre cigare, et dans un franglais excentrique je vous ai fait comprendre toute mon admiration pour l'ensemble de votre oeuvre et ma passion pour l'Islande, sa littérature, sa poésie... Installé à votre stand, encore toute émoustillée je suis revenue vers vous et, je ne pouvais plus qu' acheter votre dernier titre et obtenir une dédicace personnalisée qui montre quand même que l'échange de nos propos avait fonctionné. Ouf !

De retour à la maison, en moins de Treize heures (petit clin d'oeil au passage à Deon Meyer) j'ai dévoré vos Treize jours pour connaître le dénouement de l'enquête, menée en coopération et collaboration par l'équipe de Journal du soir et le commissariat de Reykjavik, que vous nous avez concocté pour ce xième volet des enquêtes d'Einur.
Une affaire délicate, la victime est une adolescente âgée de 15 ans, mais aussi difficile, les protagonistes sont tous sujets à des addictions (toxicomanie, alcoolisme,…) et les professionnels qui s'y penchent sont quant à eux poursuivis par leur propres démons.
Dans ce contexte il devient compliqué de faire des investigations, les témoins, les complices ont la mémoire qui flanche (trou de mémoire, état comateux...) et l'équipe de journalistes ainsi que le binôme de policiers ont les nerfs à cran. Surtout lorsque la frontière entre affaires professionnelles, questions privés et vie sentimentale, s'effrite .
Alors oui Treize jours ça peut paraître suffisant mais aussi trop court pour arriver à la résolution de l'affaire que vous nous avez orchestré. Mais les talents conjugués de vos journalistes, notamment la participation active de la fille d'Einar, Gunnsa, jeune étudiante de 17 ans en pleine révisons, vont à n'en pas douter relever défi.
L'intrigue et ses nombreux rebondissements présentent un focus sur les dangers avec lesquels surfent une partie de la jeunesse (toxicomanie, prostitution) tout en pointant les enjeux de la toile où vous nous montrer la nécessité d'une utilisation responsable et non compulsive des outils et des objets connectés. L'importance croissante du rôle des réseaux sociaux dans la vie quotidienne, professionnelle et privée , nous rappelle que le monde de l'information et de la communication est en constante mutation.
En toile de fonds, la restructuration du Journal du soir n'est pas encore achevé et ses efforts pour garder son indépendance (défendre le droit à l'information et la liberté de la presse) sont toujours d'actualité. Les tensions raciales et les contestations sociales décrites témoignent comme ailleurs d'une société qui digère mal les flux migratoires.

En tout cas le rythme est là, saccadé, et le lecteur se prends au jeu.
L'écriture ciselée , honorée par une formidable traduction d'Eric Boury, la construction du texte mettent en valeur l'épaisseur des personnages et la finesse de l'analyse psychologique.

Inutile de vous dire que j'ai adoré, j'ai retrouvé votre sensibilité qui m'avait tant ému dans le crime – histoire d'amour et j'ai même trouvé que comme un bon vin votre style se bonifiait.

J'ai particulièrement apprécié l'histoire d'amour sous-jacente de ces deux adolescents dont le ton dans sa tonicité m'a évoqué celle ressentie face à Shéhérazade, le film de Jean-Bernard Marlin. Si sur la pellicule le spectateur ne peut que subir l'histoire de Shéhérazade et de Zachary, sur les pages de votre roman noir elle est à imaginer à partir des statuts publiés sur Facebook par Klara Osk (Osk signifiant Désirée ...) , la jeune victime amoureuse de Pavel, « le Polonais ».
Vôtre polar comme ce film nous entraînent dans la promiscuité de l'enfer de la prostitution et des addictions de toutes sortes, nous mettant face à des ados qui se mettent en danger, minés par des histoires familiales douloureuses (décès, maladie, chômage …).

Je ne peux donc que vous conseiller Treize jours qui révèle le talent d'Arni Thorarinsson pour évoquer la fragilité d'êtres à la dérive, marginaux, déclassés, et sa lucidité face à une société qui laisse sa jeunesse se noyer. le tableau brossé est le même que l'on soit à Reykjavik où à Marseille
Treize jours une histoire très actuelle.
Nous sommes tous dans le même bateau… et l'heure de la mondialisation est bien planétaire .

Merci Mister Arni Thorarinsson, pour votre habileté, votre humanité et votre clairvoyance et ce polar à la respiration si particulière qui épouse celle de la nature, libérant des vibrations poétiques qui accompagnent les réflexions existentielles de votre journaliste.
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