Complainte des landes perdues - Cycle 3, tome 3 : Regina obscura

La complainte des landes perdues était au départ un classique de l'héroïc fantasy dans les années 90 dans le genre médiéval-fantastique. Bien des années après, il y a eu trois cycles entre les Chevaliers du pardon, les Sudenne ou les Sorcières afin d'exploiter tout le potentiel de la série originelle, commercialement parlant.

Il faut savoir que le cycle 3 a commencé avant le cycle 2 et on se perd vraiment avec la parution des albums dans un ordre assez anarchique. Mais bon, l'excellente dessinatrice Béatrice Tillier prend son temps pour produire un album de qualité graphique. Il y aura 4 albums pour clôturer ce cycle.

A noter que pour compliquer le tout, on s'éloigne assez de la temporalité des autres cycles. du coup, il est vrai que l'ordre de parution importe peu mais bon.

Evidemment, c'est toujours aussi somptueux au point de vue du dessin qui fait dans l'élégance des costumes et dans le détail des décors. Cela en jette plein la vue. Je vais faire un aveu : je pense que nous sommes en présence de la meilleure dessinatrice dans la catégorie féminine. Cela me paraît indéniable. Graphiquement, on frôle la perfection, c'est superbe en tout point.

Au niveau du scénario, c'est assuré par un Jean Dufaux au meilleur de sa forme et qui utilise tout les ingrédients qui ont fait le succès de la série: magie et sorcellerie, monstres fantastiques, ambiance sombre. Oui, on a là une fresque assez ambitieuse. C'est sans doute le cycle le plus réussi de la saga.

Au final, une réalisation de haute volée pour un récit prenant.

Elgar prince des marches et Vivien champion des Aguries se font la guerre, et si le premier a dans son camp le démon Tête Noire, l'autre à les sorcières comme aide précieuse.

La complainte des landes perdues est un univers où règne la magie sombre, des guerres et des luttes de pouvoirs sans merci. Mais le mal n'est pas toujours là où on l'attend et l'amour parfois nous surprend.
Le charme est sombre mais envoutant. le tout rehaussé par la splendide palette de Beatrice Tillier qui est décidément une dessinatrice de grand talent.

À l'issue du tome 2, j'avais dit "à dans 4 ans". Je viens de vérifier... c'est exactement ça.
Bon, j'imagine aussi que la virtuose qu'est Tillier a besoin de prendre son temps pour pondre ses chefs d'oeuvre, et l'on ne peut décemment lui en vouloir.
Cela dit, c'est la première fois dans cet album que j'ai vu quelques "dessins ratés", et il s'agissait quasi exclusivement de perspectives plongeantes, sur lesquelles la dessinatrice doit être moins à l'aise.
Pour ce qui est du scénario, ça continue dans la lignée des précédents avec ce doux mélange de sorcellerie et de gothique qui donne une atmosphère si particulière à la série.
On fait enfin la connaissance de ce fameux Tête noire dont Dufaux nous vante les "mérites" depuis le début du cycle. Il rappelle un peu le Guinea Lord du cycle des chevaliers du pardon par son côté "invincible".
Le scénariste arrive même à nous greffer un peu de "cyber" sans qu'on s'en émeuve plus que cela.
Bon, eh ben... à dans 4 ans pour le dénouement !
L'avantage - ou l'inconvénient, c'est selon -, c'est qu'à chaque fois je dois me retaper l'intégralité de la série pour me souvenir de là où on en était rendu.
PS : ah si, cet album m'a aussi permis de me rendre compte qu'il y avait maintenant un cycle 4 qui a démarré entre temps avec Paul Teng et qui semble avancer vite, au point qu'il rattrape le 2e en rythme.

Regina obscura (2023) est le 3e tome du 3e cycle de la Complainte des landes perdues de Jean Dufaux (scénario) et Béatrice Tillier (dessin). Tête noire s'allie avec la Reine Jamaniel qui l'a ramené à la vie pendant que sa fille Oriane le recherche. Un album riche et prenant admirablement servi par de superbes dessins.

Dans ce troisième tome du troisième cycle des Complaintes des landes perdues, nous poursuivons la route prise par Oriane et Vivien. Nous en apprenons un peu plus sur leurs origines et sur les méandres des sortilèges qui se nouent dans ces terres.
Mais il reste cependant presque autant de question tant le scénario qui donne quelques éléments pour nous guider vers de nouvelles interrogations.
Le rythme est plutôt lent, il prend son temps, nous laissant admirer le dessin très riche de Béatrice Tillier.
Il faudra attendre le 4e tome pour connaitre la fin de l'histoire de ces luttes parricides et fratricides...on verra

Suite des aventures romanesques de Vivien, le batard et d'Oriane, fille d'un démon, de Jamaniel, reine envoutée par une féroce morigane, d'Elgar, fils de la reine jaloux de son demi frére et enfin du nouveau personnage ressucité par Jamaniel, le démon Tête Noire. Les rivalités se figent, les sorcières menées par Sanctus, cherchent à aider Vivien, qui semble à avoir le droit pour lui.
Le graphisme est réellement somptueux et représente un atout maitre dans cette histoire fulgurante, mouvementée avec des rebondissements incessants car la mort n'est jamais définitive. L'intrigue est solide et envoutante, une vraie réussite que ce cycle de la complainte. A lire!

Replongeons-nous dans les complaintes des landes perdues...
Le temps a bien coulé depuis le premier tome de 1993. Au cycle initial, se sont rajoutés trois nouveaux depuis 2005. Ce tome est donc le troisième du cycle des "sorcières" qui, chronologiquement se situe tout au début, à une époque où la magie était pleinement opérante à une époque où les moriganes s'appelaient encore "Mohr y Gahnn"...
Nous nous retrouvons donc au milieu de ces fameuses sorcières, des démons et autres créatures magiques. Même si les humains et leur éternelle quête du pouvoir évoulent dans cet univers, ils ne sont finalement que des faire-valoir et les combats de démons rythment le récit.
Le scénario est donc très désiquilibré pour moi, la magie trop présente, les personnages souvent attendus (saut peut-être Oriane...). Beaucoup de combats, de sang pour peu de politique ou de développement de l'univers. Malgré tout, l'ouvrage est dense et plein de rebondissements.
N'oublions pas de signaler la beauté classique du dessin, Béatrice Tillier laisse libre court à son imagination.
Les parutions en parallèle des deux derniers cycles ne me dérangent pas mais ma préférence va clairement plus vers celui des Sudenne.