Citations sur Retiens ma nuit (31)
Elle connaît tous les musées de Paris, elle ne manquait pas une expo, c'était son mode d'évasion. Nous en avons visité plusieurs ensemble, j'aimais voir son visage transfiguré par l'admiration devant une œuvre, comme un enfant découvrant les jouets sous le sapin le matin de Noël; (p. 46)
Minuit vient de sonner. Musique triste de la pluie sur les carreaux. Le temps coule avec lenteur, grain après grain dans son sablier géant.
Elle- là - bas, dans cette maison que je hais, avec ce mari qui peut- être......
Moi ici, avec son absence....écrire pour conjurer ma solitude.....
Minuit vient de sonner. Musique triste de la pluie sur les carreaux. Le temps coule avec lenteur, grain après grain dans son sablier géant.
Passé la soixantaine, les élans romantiques ne sont plus de saison. Le moteur a des ratés, la carrosserie des éraflures. On compte ses abattis et ses points de retraite. On commence à pressentir que l’escale ici-bas connaîtra une fin sous une dalle ou dans une urne, au choix. Les patients de mon âge, que j’ai connus fringants, en ont tous rabattu sur leurs illusions, leurs aspirations, leurs ambitions ; ils se calfeutrent pour tenir la vieillesse à distance. Ou affectent de la défier, mais je les connais trop, ils en ont tous peur.
Pour moi, pour elle, c’était d’avantage qu’un plaisir, mais comment décrire les préludes flous de sentiments qui n’osaient pas encore se hausser du col. Entre une amitié au bord de la tendresse et l’amour enluminé d’une majuscule comme sur les manuscrits du Moyen Âge, il manque un chapelet de mots de coloriste ou d’herboriste qui sauraient peindre l’aube embrumée d’émois à l’état de pressentiments, légers et versatiles jusqu’à l’évanescence. Les miroitements du soleil sur le fleuve levaient en moi une houle d’attendrissements auxquels s’associait l’image d’Hélène, comme par inadvertance. Décidément, cette femme me plaisait.
Le divorce est une foutaise d’adultes, ils confondent tout, les pauvres, l’amour et la conjugalité, l’amour et la sexualité. Comme tu me l’as si bien expliqué, le charme cesserait si Yseut devenait madame Tristan. Nous continuerons de nous aimer entre les mailles de leurs filets. Clandestinement. Je l’aime, notre clandestinité.
Amitié parce que le mot amour devrait attendre son heure. Extrême parce qu’il s’impatientait dans les cryptes de nos consciences. Les mots décidément sont des brutes épaisses. Amitié ou amour, ils ne connaissent que ce distinguo lourdingue. Coup de foudre dans un ciel zébré d’éclairs ou platonisme éthéré
Ma jeunesse est là et pas là. Comme toi. Mon corps n’a pas le droit de la trahir. Pas le droit de te décevoir. Je me battrai, comme dit Laure. Mais pour gagner la guerre, pas pour ajourner la défaite.
Le temps, ennemi implacable. La jalousie, mauvaise compagne. Toujours l’amour, mais avec des orages. Mon cœur battait des chamades de plus en plus saccadées entre ses « je t’aime » hâtifs, ses « je dois raccrocher » fébriles, ses « je te rappelle » excédés.
Amant, c’est un statut à l’aune d’autrui. J’avais peur que la délicatesse parfumée du mot ne se dilue dans la mélasse du vocabulaire convenu, liaison, maîtresse. Adulte et adultère, ça rime. Je n’avais jamais été un adulte, je l’étais moins que jamais : pas question de devenir adultérin en me donnant corps et âme à la seule aventure qui vaille.