Journal de L. (1947-1952)

Oh comme je hais cette ville ! Cette petite ville mesquine à l'esprit fumeux. La vie avec Stan semble loin désormais, et j'erre ici sans rêve ni désir. Sans aucune idée de ce que je vais faire ni devenir, sans amis ni amours. Je suis comme ces pêches gâtées que nous avons ramassées en allant pique-niquer et que je viens de jeter dans la rivière. Un fruit pourri avant d'être mûr, emporté par le courant, inconscient d'où il va et d'où il vient.

À force de s'entendre dire quelque chose, on finit par y croire et s'y conformer.

Une partie du passé meurt avec les gens qu'on aime.

C'est fou comme on préfère toujours la souffrance et l'inconfort quotidien à l'inconnu et au bonheur possible.