AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Une femme chez les chasseurs de têtes - Et autres repor.. (16)

Un jour, dans une colonie européenne, j'ai demandé à un blanc :
- Comment dit-on "merci" en langue indigène ?
Sa réponse fut claire :
- On ne dit pas merci à un indigène.

(page 27).
Commenter  J’apprécie          162
La colonisation est et sera de tous temps. Nous sommes Romains et les Anglais Normands. Les Hollandais ne seraient-ils pas ici, avec leur puissance de travail, leur goût du nettoyage extérieur et du respect hiérarchique, que les Célèbes connaîtraient la discipline japonaise ou la dictature russe. Aucun regret n'arrêtera l'évolution du monde vers la grande uniformité et la conduite de sa transformation ne sera jamais confiée aux poètes.
Commenter  J’apprécie          50
Un goût de poussière, un cube de terre au coin de la piste, quelques notes de flûte, et l'Orient surgit.

(La Caravane des Morts)
Commenter  J’apprécie          40
Pour comprendre l'Oasis, il faut avoir vécu le bled. Il faut avoir senti cette joie étonnante que donne soudain la vue d'un arbre. Il faut avoir eu soif pour adorer la déité de la rivière de boue.
Qui dira la complète volupté de l'étape lorsque les lits de camp se dressent à l'abri du sable, et qu'un peu de thé chante dans le samovar? Alors que varie la valeur des monnaies, comment se servir des mêmes mots? Je sais telle maison qui vaut tous les Louvre du monde, parce qu'il y a quelques fleurs dans la cour et des nattes sur le sol.
Connais-tu la douceur d'une eau claire, ce joyau inconnu? Il ne faut pas venir si tu aimes la Normandie, cette saoulerie pour vaches.
Arabie, terre ascétique, que de joies tu réserves à tes élus, s'ils n'ont pas craint de déchirer leur chair aux épines de ta route! Je pense à toi, Mystique, mon amie: "Il faut d'abord avoir soif."
Commenter  J’apprécie          40
Notre route est parfois coupée par des nuages de moustiques. Il faut courir, les traverser comme une fumée, surgir de l'autre côté, criblé de piqûres.
"Autrefois, me dit Mousta, Moustique était une bête immense, mais l'homme l'a taillée en milliards de pièces avec son mandaou... chaque parcelle a gardé un dard et se venge."

(Chez les Dayaks du Centre-Bornéo)
Commenter  J’apprécie          40
Le soleil, quand j'ouvre les yeux, est déjà au niveau des toits, des coqs s'appellent, un cochon noir lève le nez vers moi en grognant, la foule fête ses morts dans l'orgie de la viande et l'ivresse des chants, et sur la place des sacrifices, le jeune buffle pleure son effroi, tandis que se répète et se renouvelle le ricanement du rite:

Hâ Hâ Hâ
Ha ha ha Ha Ha

(Chez les Toradjas du Centre-Célèbes)
Commenter  J’apprécie          20
Que la chair dévorée légalement, soit humaine ou animale ne fait aucune différence d'un point de vue moral, à partir du moment où l'assassinat est admis. Tuer des gens à la guerre et laisser leurs cadavres la proie des corbeaux ne constitue par un progrès sur le fait de leur rôtir la cervelle. Ceux que l'on appelle sauvages ne commirent jamais crime plus grand que celui de détruire leurs ennemis; la civilisation perfectionna seulement les moyens de destruction et transforma en vertu le goût du combat.

Reste ce mépris sans raisonnement pour toute pratique anthropophage popularisé par l'image chère au XIXe siècle, de l'explorateur ligoté sur une broche et roulant des yeux effarés vers ses bourreaux coiffés de plumes. Or, du corps humain rituellement tué, suivant les peuples, d'un coup sur la tête ou d'égorgement, les cannibales ne mangèrent jamais que les centres vitaux: cervelle, glandes, cœur ou foie. Vous pouvez en faire autant en achetant dans n'importe quelle pharmacie des remèdes préparés sous le nom d'hormones: chaque jour, en Europe et en Amérique, se débite une drogue qui, pour avoir changé de nom n'en n'est pas moins de l'extrait d'urine de femme enceinte. L'opothérapie, si à la mode aujourd'hui, est-elle autre chose que de l’anthropophagie par l'intermédiaire d'un laboratoire?

(Chez les Toradjas du Centre-Célèbes)
Commenter  J’apprécie          20
Dans l'ombre, le Toradja remue des objets, j'entends respirer les femmes. Mon oreille discerne le bruit d'une natte déroulée à mes pieds. Dehors la pluie à commencé sa cascade, une pluie tropicale dense et rapide à renverser un enfant. La maison tremble sous le choc. Vais-je m'allonger et dormir dans cette puanteur ?
J'hésite à braquer ma lampe de poche, mon hôte se froisserait peut-être de mon inspection. Pourtant je ne peux me décider à m'étendre: mon expérience redoute la présence de je ne sais quelles bêtes, imagine des rats crevés dans un coin.
Sans bouger, je reste debout contre la porte basse, assourdie par la pluie, malade d'étouffement. Cela ne peut durer, il faut prendre une décision. Ma main glisse dans la poche de ma culotte, saisit ma torche, presse le déclic.
Dans le rond de lumière, à deux mètres de moi, ligoté sur un siège, est un homme mort, en plein état de décomposition.

(Chez les Toradjas du Centre-Célèbes)
Commenter  J’apprécie          20
L'évasion a fermé ses portes. Jamais n'aurais-je le désir de retourner chez les Toradjas. Pas plus que sur une tombe.
Commenter  J’apprécie          20
Le village approche. Encore quelques mètres et nous l’atteindrons. Je passe ma main sur mon front pour chasser un malaise : une odeur fade se dégage des pierres, l’air semble lourd de miasmes. C’est la chaleur sans doute ; de larges gouttes de pluie tombaient tout à l’heure. Pourquoi ai-je un désir d’air pur dans cette montagne ? Le Malais vers lequel je me retourne tient sa main sur sa bouche. Éprouverait-il la même oppression ? Son regard fuit le mien, il paraît vouloir éviter toute conversation.
Le soleil est presque tombé, dans quelques minutes il fera nuit. Brusquement, à la suite de mon guide, je me trouve au milieu du village toradja.
L’étonnement coupe ma fatigue et mes pensées. Saisie, je regarde les demeures inattendues. Sont-elles maisons, autels, tombeaux ? Je ne sais pas encore. En deux rangées parallèles elles bordent une place centrale. Des crânes humains suspendus à leur sommet attestent la vaillance des habitants. Chaque case est une sorte de caisson surélevé à deux mètres du sol par des piliers de bois lisse. La disproportion entre la puissance de ces fondements et la légèreté de ce qu’ils supportent évoque ces dragons massifs chevauchés d’une princesse rayon de lune.
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (61) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les écrivains et le suicide

    En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

    Virginia Woolf
    Marguerite Duras
    Sylvia Plath
    Victoria Ocampo

    8 questions
    1710 lecteurs ont répondu
    Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}