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Critique de ster


Avant de lire Les ennemis intimes de la démocratie, je ne connaissais l'auteur que de renom : universitaire reconnu, historien des idées, au départ théoricien de la littérature au côté de Genette, spécialiste de Benjamin Constant et en couple avec Nancy Huston. Je savais vaguement qu'il venait d'un pays de l'Est, il a en effet vécu les vingt-quatre premières années de sa vie sous le régime totalitaire de la Bulgarie. J'avais très envie de lire un jour un de ses essais, son vécu autant que ses centres d'intérêt m'y poussait.
Si je devais résumer à ma façon, j'ai pu voyager dans le temps et dans l'espace et constater que les idées de Saint Augustin et de Pélage (contemporain du premier), d'hétéronomie (soumission à la loi) ou d'autonomie de l'individu se transmettent en épousant de nouvelles formes comme des gènes d'ancêtre.. Il n'est plus question d'autorité divine mais des racines communes innervent par exemple le « messianisme politique » qu'il s'agisse de communisme ou de néolibéralisme.Les exemples de l'histoire proche ou lointaine sont annotés et précis et l'on parcourt ainsi les siècles.
J'ai trouvé ce concept de « messianisme politique » particulièrement juste, s'appliquant tant à des régimes totalitaires qu'à des « démocraties », j'ai senti la force de la « conscience aigüe de ce paradoxe : tout ce mal était accompli au nom du bien, était justifié par un but présenté comme sublime » lorsque Todorov cite exceptionnellement son propre vécu, et pensé au Zéro et l'infini de Koestler ainsi qu'aux Justes de Camus quant à ce même paradoxe.
Sans identifier dictature et démocratie, les outils nous sont donnés pour « saisir » ce qui dans nos démocraties tend, de l'intérieur, à transformer celles-ci dès lors qu'un principe se met à peser davantage entre le peuple, la liberté et le progrès (populisme, ultralibéralisme et messianisme). Ainsi, il est aisé de voir que oui, « la logique des surhommes convient bien à la logique ultralibérale » et qu'il est nécessaire voire vital pour la démocratie de faire son autocritique et de cesser de montrer du doigt un danger soit-disant étranger à elle même (Hitler, le fanatisme religieux, etc...) pour préserver, un tant soit peu, de véritables valeurs.Vaste programme.

Je remercie les éditions Robert Laffont et Babelio qui dans le cadre de l'opération Masse-critique m'ont permis ce voyage dans le monde des idées pour un humanisme lucide.
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