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Critique de Kez


Mieczyslaw Wojnicz retenez bien ce nom car c'est celui que vous allez devoir reconnaitre et lire à de nombreuses reprises lorsque vous allez tomber dans le banquet des Empouses.

Dans ce livre, on découvre la Silésie, une région Polonaise malmenée par l'histoire car elle a été envahie à de nombreuses reprises. L'histoire d'un petit village qui est connu pour son sanatorium car nous sommes au début du siècle et la tuberculose / phtisie fait des ravages.

Des curistes logent dans une pension pour messieurs en attendant qu'une place se libère au sanatorium principal. En attendant, c'est la femme de l'aubergiste qui libère une place en se suicidant.

Tout les clients / Gast, en Allemand, se retrouvent seuls. Et cela devrait leur plaire car quelques soient les sujets de conversation, tout finit autour des femmes et ceci pour déplorer leur absence d'âme et autres gentillesses. Car ces messieurs sont bien supérieurs mais leur supériorité consiste à rabaisser les autres…

En attendant parmi ces différents clients, il y a un catholique rigoriste, mais qui n'hésite pas à côtoyer des prostitués. Il y a un policier qui est en service mais que tout le monde a identifié. Également un professeur de latin / grec. Un jeune homme homosexuel et peintre. Et il y a Mieczyslaw Wojnicz.
C'est lui que l'on suit dans ce livre. Il nous partage ses découvertes et ses souvenirs. Et ils sont loin d'être heureux ses souvenirs. Sa mère est morte en couche. Et c'est de la faute de sa mère s'il a un caractère faible… Et oui car en mourant, elle a abandonné son fils… Bref… le père pour réparer cet abandon va essayer de rendre son fils fort…

Je ne vais pas plus loin car il ne faut pas spoiler ce livre.

Olga Tokarczuk livre encore une fois une narration qui est hors du commun. Elle montre à quel point la normalité et les normes peuvent être tyranniques.

Son livre, ancré dans le fantastique et les croyances populaires, ne plaira pas à tous ceux et toutes celles qui n'aiment que le rationnel. Mais si vous êtes prêts à vous embarquer dans cette aventure, beaucoup plus simple et courte que les livres de Jakob, alors foncez.

Je note les phrases suivantes qui m'ont beaucoup plu. Et qui me font pardonner certaines incohérences de l'histoire comme le médecin à qui va se confier Mieczyslaw Wojnicz alors que ce médecin est fort peu sympathique pendant toute la première partie du livre va devenir philosophique en un clin d'oeil me laisse pensive.

Dans tous les cas, c'est un livre duquel j'aimerais échanger avec d'autres pour clarifier certains points…

"Le sentiment d'infériorité influe sur l'ensemble de notre existence, plus particulièrement sur notre manière de penser. Vous le saviez ? Puisque nous ne sommes pas sûrs de nous, nous inventons un système très stable, rigide, capable de nous maintenir debout. Il simplifie ce que nous jugeons être des complications inutiles. Or, penser blanc ou noir, recourir à des antithèses basiques est la plus grande des simplifications. Vous comprenez ce que je veux dire ? Notre esprit se constitue un ensemble d'oppositions strictes – blanc-noir, jour-nuit, haut-bas, hommes-femmes et ce sont elles qui déterminent l'ensemble de notre perception. Il n'y a aucun entre-deux. le monde ainsi perçu est manifestement plus simple.

Il est aisé de circuler entre ces pôles, facile d'établir des règles de conduite et surtout, commode de juger autrui en se réservant volontiers pour soi-même le luxe du flou. Pareil mode de pensée protège de toute incertitude. Tchac, tchac ! et tout est clair les choses sont comme ceci ou comme cela, il n'y a pas de troisième possibilité. le nombre d'or ou le veau d'or ! … Cela nous protège de la réalité, qui se compose d'une multitude de nuances très subtiles. Celui qui pense que le monde n'est qu'un ensemble d'oppositions strictes est malade. Je sais de quoi je parle. C'est un dysfonctionnement majeur…

Et comment est le monde ? Flou, trouble, vacillant, tantôt comme si, tantôt comme ça cela dépend du point de vue."

Ces phrases résument notre monde actuel, basé sur la communication et les jugements à l'emporte pièce.

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