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Citations sur Le Banquet des Empouses (14)

Dans le monde idéal de Lukas, tout a sa place, et il est plus particulièrement sensible à la place dévolue aux femmes. Selon lui, ce sont elles qui, en raison de leur biologie débridée, leur proximité inquiétante avec la nature, sont l’élément qui déstabilise l’ordre social. Oui, elles devraient être totalement confinées dans la sphère privée, de manière qu’elles ne soient plus une menace pour l’ordre du monde.
Quand il marche dans la rue, Longin Lukas est dérangé par les chapeaux des femmes, il renâcle alors, irrité par cette esthétique ostentatoire qu’il compare à l’exhibition des organes sexuels chez les chimpanzés ou d’autres singes. Au café, il est dérangé par leur jacasserie aiguë. Ces endroits devraient leur être interdits.
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Quand il se promène sur le cours, il donne l’impression de se frayer un passage, avec les pieds comme retenus, qui semblent avoir à surmonter une résistance inopinée de l’air. Ainsi se meuvent les personnes qui, pour être nées avec un manque d’assurance, à force d’un travail soutenu, ne se sont pas moins forgé la certitude d’être exceptionnelles et d’une immense valeur.
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Peu après, une chaussure gauche y apparaît. Marron, d’un cuir qui a connu des temps meilleurs, elle est aussitôt rejointe par une autre, la droite. Celle-là semble encore plus fatiguée : elle a le bout râpé et sa tige montre des mouchetures décolorées. Les deux chaussures demeurent un instant indécises, mais la gauche finit par avancer. Son mouvement découvre brièvement une chaussette en coton noir sous la jambe du pantalon. Le noir se répète avec les pans ouverts du manteau en loden, car la journée est chaude. Une main fluette, blême, exsangue porte une valise en cuir marron dont le poids fait gonfler les veines du bras qui remontent jusqu’à leur origine dans les profondeurs de la manche. Sous le manteau, par intermittence, apparaît une veste en flanelle de piètre qualité, froissée au cours du long voyage. Rognures du monde, des petits points clairs d’une vague saleté la parsèment. Le col blanc de la chemise, de ceux que l’on fixe par de minuscules boutons, a dû être changé tout à fait récemment car sa blancheur est plus affirmée que celle de la chemise et contraste avec le teint terreux du visage. Les yeux clairs, aux cils et aux sourcils pâles, ont quelque chose de maladif. Sur le fond du ciel intensément rouge au couchant, dans ces montagnes mélancoliques, la silhouette dans son ensemble donne l’impression inquiétante d’arriver de l’au-delà.
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Mieczyslaw est trop jeune pour s'intéresser vraiment à la politique. Ce qui se passe en lui lui semble bien plus intense que les événements politiques, seraient ils des plus dramatiques. P110.
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Le sentiment d'infériorité influe sur l'ensemble de notre existence, plus particulièrement sur notre manière de penser. Vous le saviez ? Puisque nous ne sommes pas sûrs de nous, nous inventons un système très stable, rigide, capable de nous maintenir debout. Il simplifie ce que nous jugeons être des complications inutiles. Or, penser blanc ou noir, recourir à des antithèses basiques est la plus grande des simplifications. Vous comprenez ce que je veux dire ? Notre esprit se constitue un ensemble d'oppositions strictes – blanc-noir, jour-nuit, haut-bas, hommes-femmes et ce sont elles qui déterminent l'ensemble de notre perception. Il n'y a aucun entre-deux. le monde ainsi perçu est manifestement plus simple.

Il est aisé de circuler entre ces pôles, facile d'établir des règles de conduite et surtout, commode de juger autrui en se réservant volontiers pour soi-même le luxe du flou. Pareil mode de pensée protège de toute incertitude. Tchac, tchac ! et tout est clair les choses sont comme ceci ou comme cela, il n'y a pas de troisième possibilité. le nombre d'or ou le veau d'or ! … Cela nous protège de la réalité, qui se compose d'une multitude de nuances très subtiles. Celui qui pense que le monde n'est qu'un ensemble d'oppositions strictes est malade. Je sais de quoi je parle. C'est un dysfonctionnement majeur…

Et comment est le monde ? Flou, trouble, vacillant, tantôt comme si, tantôt comme ça cela dépend du point de vue.
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Chacun de nous est un malade mental potentiel, jeune homme. Le normal est une illusion. Nous sommes tous assis à califourchon entre notre univers intérieur et le monde extérieur, nous oscillons dangereusement. La position est très inconfortable rares sont ceux qui parviennent à garder leur équilibre.
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La vue est obstruée par les volutes de vapeur échappées de la locomotive et qui serpentent à présent sur le quai. Il faut regarder à travers elles pour tout voir, se laisser aveugler par la brume grise, le temps que le regard se fasse acéré et omni voyant du passé, du présent et du futur. Nous apercevons alors les dalles du quai, autant de carrés entre lesquels subsistent de petites plantes frêles, un espace qui veut à tout prix préserver l’ordre et la symétrie. Peu après, une chaussure gauche y apparaît. Marron, d’un cuir qui a connu des temps meilleurs, elle est aussitôt rejointe par une autre, la droite. Celle-là semble encore plus fatiguée : elle a le bout râpé et sa tige montre des mouchetures décolorées. Les deux chaussures demeurent un instant indécises, mais la gauche finit par avancer. Son mouvement découvre brièvement une chaussette en coton noir sous la jambe du pantalon. Le noir se répète avec les pans ouverts du manteau en loden, car la journée est chaude. Une main fluette, blême, exsangue porte une valise en cuir marron dont le poids fait gonfler les veines du bras qui remontent jusqu’à leur origine dans les profondeurs de la manche.
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Le thème soulevé une fois par la mort absurde de madame Opitz revient régulièrement, et sa dépouille mortelle inquiète les esprits. Mieczysław n’est pas sans avoir remarqué que chaque discussion, qu’il soit question de la démocratie, qu’il soit question de la cinquième dimension, du rôle de la religion, du socialisme, de l’Europe ou enfin de l’art moderne, finit toujours pas les conduire à parler des femmes.
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Non, nous, entités féminines de ces lieux , nous ne qualifierons pas d’obsession son examen [celui de Mieczyslaw], nous parlerons tout au plus de circonspection inoffensive. Les gens devraient s’accoutumer à être observés.
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A sept heures moins le quart, une sonnerie de trompette réveille Mieczyslaw Wojnicz qui, un long moment, ne sait plus où il se trouve. Les fausses notes manifestes de l'air joué l'amusent et le mettent de bonne humeur. La mélodie lui semble connue, à la manière de ces choses si simples qu'elles en deviennent géniales. On a l'impression qu'elles ont toujours existé et qu'elles existeront à jamais.
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