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Critique de PatriceG


On démarre dans la vie avec de bonnes résolutions, mettant plus de raison qu'on ne le pense, et quand les premières difficultés se présentent, on trouve bien une parade à cela : ou en conscience on verra cette question plus tard, ou on trouvera un palliatif qui vaut ce qui vaut mais qui semble à peu près justifier l'écart qu'on s'apprête à commettre.

Eugène Ivanovitch Irténiev est un jeune homme qui ressemble un peu à son auteur à cause de ses considérations morales qui vont faire tout de même l'objet de petits arrangements chemin faisant et sembler répondre à la deuxième éventualité exposée plus haut.

Irténiev se dit que "sa vie avait commencé à seize ans (sa sexualité) et jusqu'ici tout s'était bien passé, en ce sens qu'il n'avait pas sombré dans la débauche, ne s'était engoué d'aucune femme et n'avait jamais été malade. Il avait séduit à Pétersbourg une couturière ; celle-ci ayant mal tourné, il s'était arrangé autrement ; ce côté de son existence avait été si bien organisé qu'il ne le troublait guère .."

A la faveur de la succession, suite à la mort de son père, Irténiev se retrouva moyennant de sérieux arrangements à la tête d'un domaine important à la campagne, chose qui le changeait puisqu' habitué à la vie à Pétersbourg, .à ses aspects canaille et tutti quanti, son installation à la campagne même si elle fut accaparée par une importante reprise en main du domaine, Il se posa assez vite pour le jeune Irténiev une complication d'ordre intime : "une continence involontaire commençait à mal agir sur lui." Et comme écrit le narrateur en tête de chapitre : "Au milieu de ses soucis, il se produisit une chose, à vrai dire peu importante, mais qui néanmoins tourmentait Irténiev", de cette chose apparemment non fondamentale, contournable, c'est pourtant ici que commence le vraie histoire du protagoniste de la nouvelle. Son père et son grand-père s'interdisaient toute intrigue avec leurs servantes ..

Irténiev, lui, se dit : " qu'il ne s'agissait plus de serves à présent, il décida qu'il n'y avait pas lieu de chercher autre part ce qu'il pouvait trouver sur place. L'essentiel était que personne n'en sût rien ; ce n'était pas le goût de la débauche qui le poussait, se disait-il, mais le souci de la santé. Cette décision prise il se sentit encore plus inquiet : quand il s'entretenait avec le staroste, avec les paysans ou le menuisier, il mettait involontairement la conversation sur les femmes, il s'employait à faire durer la conversation. Et ses yeux épiaient de plus en plus les femmes .."

Déjà à ce stade, j'en tire un enseignement : Anne Coldevy Focard, écrivain, critique, éditrice, traductrice, soutient que Tolstoï s'encombre de sa facette de moraliste dans ses fictions, mais quand celui-ci introduit dans son texte autant de références liées à la sensualité qu'il sent dévastatrice, comment peut-on le prétendre ? C'est vrai aussi pour Anna Karénine, La Sonate à Kreutzer... Ici l'obsession de la chair est vraiment le sujet central. Ne pas la mettre en résonance avec les préceptes de la vie, ne pas parler d'interdit, n'est-ce pas cela pourtant qui précisément donne une dimension supérieure à la chose qu'on ne saurait voir ou qu'on penserait dominer.
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