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Critique de PatriceG


Les Trois questions
L'éon tolstoï. 1903.

Conte philosophique d'une dizaine de pages, écrit en août 1903 à Iasnaïa Poliana.

Un roi pensa un jour, pour dissiper tout ennui, poser trois questions aux gens de son royaume. Il le fit et promettait une forte récompense à celui qui lui donnerait la réponse.

Ces 3 questions étaient :
Comment savoir le temps opportun pour chaque affaire ?
Quelles sont les gens les plus nécessaires ?
Comment ne pas se tromper dans le choix de l'oeuvre la plus importante de toutes ?

Des savants se précipitèrent pour répondre à la première question mais ne surent apporter la bonne réponse. Aucun n'était d'accord.
Un deuxième groupe de gens tentèrent de répondre à la deuxième question. Là aussi la réponse ne fut satisfaisante et les avis divergeaient.
Cette fois, un troisième groupe plancha sur la troisième question, et là aussi même constatation vaine.

Alors le roi devant la diversité des réponses les réfuta toutes et ne récompensa personne.

Il décida de consulter un ermite réputé être un sage. Celui-ci vivait dans la forêt, n'en sortait jamais et ne recevait que des gens simples.

Alors le roi pour ne pas compromettre ses chances se déguisa en pauvre. Il fit arrêter son escorte avant la cellule de l'ermite et se présenta seul.

L'ermite était en train de cultiver sa terre. Il était maigre et faible. le roi le salua et lui posa donc ses trois questions, et l'ermite ne lui répondit pas;

Embarrassé, le roi proposa à l'ermite de l'aider considérant qu'il devait être fatigué. le roi prit la pelle et releva la terre. A un moment donné, il fit une pause et renouvela ses questions, mais l'ermite resta muet.

Le roi entreprit alors de poursuivre sa tâche. pelle à la main. le temps passa jusqu'au soleil couchant. Et là l'ermite interrompit le roi et lui dit : -regarde le pauvre homme qui court là-bas. L'homme se rapprocha d'eux et visiblement tenant son ventre protégeait une vilaine blessure à cet endroit ; du sang coulait à l'intérieur de son habit. Il s'affala devant le roi et se mit à gémir. le roi alors entreprit de le soigner, lava sa plaie et mit un bandeau..

Au bout d'un certain temps, le sang s'arrêta de couler, et le pauvre homme se mit à parler au roi ..-Tu ne me connais pas, mais moi je te connais, je suis ton ennemi, celui qui a juré de se venger de toi, parce que tu es mon frère et tu m'as ravi mon bien . Ayant appris que tu venais seul chez l'ermite, j'avais résolu de te tuer. je voulais t'attaquer à ton retour, mais ne te voyant pas, je suis tomber par malchance sur tes compagnons. Ils m'ont reconnu, et m'ont blessé ; J'ai réussi à prendre la fuite ..


Je m'arrête là sinon je vais dévoiler la fin. Ce conte est connu dans l'oeuvre de l'auteur russe, mais pas autant qu' il le mérite. Il a influencé d'autres artistes qui l'ont interprété à leur manière, je pense à Jon J Muth qui en a fait avec succès un conte pour enfants.

Je ne me lasse pas de relire cette petite merveille. Cette année là qui fut pour l'écrivain russe une année paisible et laborieuse à IasnaÎa Poliana, il avait renoncé alors de passer l'hiver à Moscou, Il écrivit dans la même veine, avec la maîtrise totale de son art, Après le bal, le Faux coupon, dans la foulée de Hadji Mourat dont Troyat disait qu'il signa cette oeuvre romanesque pure, d'une extraordinaire beauté, comme s'il voulait se montrer à lui-même que l'artiste n'était pas mort. Voilà pour situer un peu un tolstoï pourtant occupé à la propagation de sa doctrine ..

tolstoï note dans son journal 1903 qu'il n'est pas content du premier jet de ce conte. J'imagine qu'il va le retravailler pour en faire cet écrin de littérature. Par contre il note pour Après le bal toute sa satisfaction de la nouvelle qu'il écrit en une journée. Et là, pour une fois, je suis pleinement d'accord avec lui !! Il ne s'arrêtera jamais de pourfendre sa littérature, ses distractions comme il disait. C'est là qu'on mesure toute la complexité de sa personnalité, il y avait vraiment de l'animal en lui : satisfait, pas satisfait, nonobstant son incroyable exigence, bien entendu !
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