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Critique de Melisende


« A l'époque, les gens s'imaginaient que tout allait bien, ou finirait par aller mieux. Ils s'enfermaient dans des certitudes absurdes et n'oeuvraient que pour que leur environnement immédiat s'améliore. Sans trop penser au reste du monde. Sans trop faire d'effort… »

Voilà une amorce efficace. Vous l'avez sans doute compris, ce one-shot plutôt destiné à un public Young Adult prend place dans un monde un peu futuriste dans lequel l'humanité n'a pas su réagir à temps et paye dorénavant ses erreurs passées.

Le lecteur découvre trois personnages principaux, trois jeunes adultes vivant sur trois continents différents.
Faustine survit dans l'ancienne capitale française. L'humidité et le froid ont envahi les rues parisiennes, seuls les immeubles et habitations les plus surélevées ont résisté à la montée des eaux. Tout est gris et inondé. Les parisiens ne s'émerveillent plus de rien, seuls la colère et le désespoir habitent leur quotidien. Faustine résiste à l'ambiance générale grâce à son travail dans un sanctuaire animalier et surtout grâce à sa relation avec l'apaisante Léa. Un jour, une baleine s'échoue sur les quais de l'ancienne Seine. Les habitants y voient des tonnes de viande à consommer pour améliorer leurs maigres rations, Faustine protège l'animal au péril de sa propre sécurité.
Kamili est le piètre gardien d'une réserve protégée en Afrique. Heureusement qu'un ancien écossais virulent fait partie de son équipe parce que Kamili est réticent à utiliser son arme, même pour protéger les animaux pour lesquels il a juré de donner sa vie. Des troupes attaquent régulièrement les lieux pour tuer et braconner, au mépris de la sauvegarde animale. le jeune homme tient tout particulièrement au troupeau d'okapis, les derniers représentants de leur espèce et notamment à Ushingi avec laquelle un lien très fort s'est créé.
Confiné dans des planques toujours changeantes, Spider semble bien éloigné du monde animal et de ses enjeux. Lui, ce qui le passionne et ce pour quoi il est grassement payé, c'est le hackage et la vente d'informations aux plus offrants. de son ordinateur, il est capable de retrouver n'importe quel homme politique ou industriel véreux et d'envoyer leurs coordonnées à ceux qui souhaitent leur mort. Sa contribution à la « dépollution humaine » de la planète.

Pas grand chose ne semble relier ces trois jeunes gens, et pourtant… Chacun découvre une connexion avec un animal bien particulier. Baleine, okapi ou araignée, chacun ses forces et ses particularités.
J'ai aimé cette idée d'animal-totem et l'explication avancée dans le dernier tiers du roman. Je ne peux pas vous dire le pourquoi du comment, ce serait vous gâcher une des principales trouvailles de ce court roman résolument engagé et actuel (plus que jamais alors que j'écris cette chronique, le 19 mars 2020). La « révélation » est bien amenée et ne manque pas d'originalité. J'ai aimé.
D'autant plus que je n'imaginais pas du tout que le roman prendrait ce chemin. J'avais lu la quatrième de couverture avant de commencer ma lecture mais je ne comprenais absolument pas comment les trois héros allaient pouvoir être rassemblés. Et surtout pourquoi ? Dans quelle optique ? Quel rapport avec les animaux ? Quel rapport avec ceux qui semblent les poursuivre ?
Bref, l'intrigue m'a convaincue.

Là où je suis plus sceptique, c'est dans le traitement des personnages. Si je ne suis pas particulièrement friande de la narration unique et interne à la première personne du singulier, je crois que je le suis encore moins du roman « chorale » quand il est si court et donc si peu développé. Trois personnages principaux (et d'autres secondaires qui viennent se greffer) c'est au moins trois « arcs narratifs », donc au moins trois voix narratives donc une division du lecteur dans au moins trois directions différentes (dans des chapitres qui s'alternent).
Personnellement, si je ne passe pas beaucoup de temps avec un personnage (en tout cas un certain temps), j'ai du mal à m'attacher à lui et donc à être émue. J'ai parfois eu des coups de coeur pour des romans qui mettaient en scène plusieurs « héros » mais qui prenaient le temps de développer chacun d'eux. Ce n'est malheureusement pas le cas ici. Il faut dire que le public visé est plutôt Young Adult et que 330 pages, c'est court. Alors tout va un peu trop vite, aussi bien dans la rencontre avec les personnages que dans l'action en elle-même. Pas de temps morts, c'est clair. Mais les pauses descriptives c'est bien aussi pour avaler, digérer, s'habituer et s'attacher. Enfin pour moi.

Si je ne suis pas convaincue à 100% par ce titre, je salue l'engagement d'Adrien Tomas. On sent que l'écologie et la préservation de la nature font partie des sujets qui lui tiennent à coeur et on profite largement de ses connaissances dans le domaine (il a lui même travaillé en lien étroit avec les animaux à plusieurs reprises). Zoomancie commence dans la grisaille et la colère mais nous rappelle aussi que nous pouvons tous agir, nous pouvons retrouver l'essentiel et nous reconnecter avec la nature… Finalement il y a de l'espoir, il suffit d'ouvrir les yeux.
Lien : http://bazardelalitterature...
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