Affaires spéciales : Le dossier Io

l semble qu'Hugo Tosi soit le pseudonyme d'un auteur qui connaît bien les lieux de pouvoir et qui bâtit là un roman inspiré de ses expériences. Bonelli ressemblerait-il à Benalla ? Certains maniganceurs s'appellent par des noms de dieux de la mythologie : Solis, Vénus, Pluton et... Jupiter...

Hormis cela, bien sûr que rien n'est réel. Tout sort de l'esprit de l'auteur. Qui pourrait croire qu'en haut-lieu, il y ait des nantis qui se rêvent encore plus nantis, qui veulent être calife à la place du calife, qui placent leurs amis à des postes stratégiques et si possibles rémunérateurs, contre des soutiens sans faille et pécuniaires... ? Ce polar mené tambour battant, les met en scène de façon peu glorieuse. L'avidité, la soif du pouvoir et le cynisme sont élevés à un point rarement atteint.

Mais on peut aussi lire ce roman haletant comme un simple bon thriller, l'un de ceux qui, une fois commencé est difficile à refermer, qui ne baisse jamais d'intensité au long des 360 pages. Il y a certes, les magouilles et turpitudes des puissants, mais aussi des meurtres, des bassesses entre flics et des manoeuvres d'intimidation. Et l'auteur a pris un soin particulier à décrire son héroïne, Marion Barthes, qui revient au pays natal dans de mauvaises conditions, en pleine séparation d'avec son mari, flic lui-aussi et avec son fils adolescent-autiste qui révélera des facettes inattendues et surprenantes qui font parfois sourire. Parce que même tendu, ce roman laisse place à des moments plus légers, bienvenus pour ne pas sombrer dans un "tous pourris" que je n'aime pas vraiment et laisser un espoir que les choses peuvent encore changer (je suis à la fois naïf et optimiste).

J'ai beaucoup aimé, c'est le genre de roman que je prête volontiers sans rien en dire pour laisser la surprise totale. Et des surprises, des rebondissements, des virages, il y en a plein qui ne nous perdent pas, au contraire, ils maintiennent nos méninges en action, jusqu'au bout, sur fond de rock métal qui colle parfaitement au rythme.
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Merci à Hugo Thriller pour l‘envoi de ce SP
Qui sont ces personnes similaires aux personnages qui ont inspirés l'auteur ? J'ai bien ma p'tite idée, un Iau lieu d'un A !! mais peu importe, je m'immerge dans la première enquête des Affaires Spéciales. Je découvre des services cachés comme celui ou bosse Marion Barthes. Une section chargée de dossiers pouvant mettre la sécurité de l'état en péril ! Il lui est confié une enquête ; trois cadavres découverts dans le Mercantour, plus exactement dans les Gorges de Daluis. Les trois sont atrocement mutilés, chacun est mis en scène dans une macabre présentation qui oriente l'enquête vers l'univers des chasseurs. Marion connaît bien ces gorges puisque qu'elle y a passé son enfance et dix ans plus tôt elle a envoyé son propre frère en prison d'où des relations conflictuelles avec ses parents. Elle est donc doublement surprise de se voir en charge de l'enquête car elle découvre un lien entre les victimes et l'Elysée notamment avec un certain colonel Bonelli donc pas en rapport avec le milieu de la chasse. Pourquoi une telle enquête chez les Affaires Spéciales ? La cellule spéciale aura fort à faire quand elle découvrira qu'elle est doublée sur des interpellations. Qui a connaissance d'infos ? Officiels ? Militaires ? Simples exécutants ? Son frère est-il mêlé ? Qui lui laisse faire le sale boulot ? Quel est le rôle de Bonelli ? Marion démissionne mais impliquée malgré elle et au péril de sa vie elle continuera son enquête.
Elle est aussi la mère d'un enfant pas comme les autres et en plein divorce avec ce que cela comporte en tromperie et mensonges. Son fils avec son intelligence hors normes, ses réflexions pertinentes et sa musique sera le joker qui aidera Marion quand elle va mettre le pied dans une organisation gigogne. Son futur ex-mari qui bosse à la mondaine sera impliquée ussi dans cette enquête.
Fidèle à la couverture de son livre Hugo Tosi nous prends dans la mâchoire béante du piège du pouvoir. Quel régal cette ambiance de mensonges, de turpitudes, de conflits d'intérêts, de trahisons, de politiciens véreux à souhait, dépeints par une écriture addictive. La politique sur l'échiquier du monde est-elle un jeu retors de magouilles ? Forcément comme dans la vie, dans la vie de famille ou le cousin ou l‘oncle ou la femme de...ne sont pas ceux que l'on croit. Heureusement, il y aura toujours des personnes intègres et droites. Marion va devoir jouer serrée face aux procédures secrètes d'un pouvoir corrompu.
J'ai dévoré cette première enquête, inscrite dans l'actualité politique que l'auteur maîtrise, et qui m'a tenue en haleine jusqu'à la dernière page. le personnage de Marion est attachant et son fils apporte une touche d'humour qui allège l'histoire. Sans oublier les personnages secondaires, des personnages énigmatiques cachés derrière des noms de constellations qui tirent les ficelles. J'espère vite retrouver Marion dans une prochaine histoire.

Dans le roman policier, la politique fiction est particulièrement casse-gueule. Souvent parce qu'on veut en faire trop, la réalité prenant le pas pas sur la fiction, au point que l'on se demande si l'on n'est pas plutôt en train de lire une fausse biographie uchronique qu'autre chose. tout réside donc dans le savant dosage entre le réel et l'irréel. A ce jeu de plume, notre auteur ici, Hugo Tosi, le pseudonyme d'un auteur que je connais et j'apprécie pour la qualité de ses ouvrages, s'en tire plutôt admirablement. L'action se situe en France, sous la présidence d'un certain Jupiter autour duquel gravite un certain nombre de parasites plus attiré par les maroquins et les ors de la république que par la dignité de leur fonction. Il suffira d'ailleurs au lecteur de ne pas avoir à fournir de gros efforts pour lire entre les noms ceux qui sont visés et qui existent réellement. Dans ce contexte, Marion Barthes, capitaine de gendarmerie au sein des Affaires Spéciales, divorcée et mère d'un enfant souffrant d'un TSA, est appelé sur une enquête visant trois décès aussi spectaculaires que cruels. le problème est que les trois personnes étaient des proches de l'Elysée. En fouillant dans leur passé, Barthes découvre également qu'elles semblent plus ou moins liées à la disparition d'un conseiller présidentiel, « suicidé » du haut d'un pont. Un décès qui pour les plus anciens, m'a fait un peu penser à cette disparition de Beregovoy à l'époque… Et comme tout ce qui touche à l'Etat ne regarde que l'Etat, la capitaine va vite comprendre qu'elle a mis le pied dans une sacrée fourmilière.
le récit se découpe en courts chapitres s'étalant sur un peu moins d'un mois. Comme toujours, on appréciera le style nerveux de l'auteur, entrecoupé de moments de pures poésies lorsqu'il décrit les paysages des Alpes Maritimes, en particulier des gorges de Daluis. L'intrigue politique sonne vraie, même si l'on sent bien que l'auteur n'apprécie pas spécialement le chef d'état dont il dresse le portrait. le final d'ailleurs est particulièrement stressant parce que très réaliste et plausible. J'aurai été moins convaincu par contre par le rôle de la jeune fille punkette sur les bords et spécialiste en drone qui va aider la police, et aussi par l'intervention d'Elias, le fils autiste, qui découvre assez facilement le noeud de l'affaire à la façon de Miko Hughes/Simon Lynch protégé par Bruce Willis/Art Jeffries dans le film Code Mercury. Hormis ce petit détail, Monsieur Hugo Tosi prouve une nouvelle fois qu'il peut tout écrire avec une facilité déconcertante et se renouveler à chaque roman au point qu'on ne l'attend jamais forcément là où il se trouve. le signe des grands auteurs, indéniablement. Et quelque chose me dit qu'on retrouvera sans doute Marion Barthes un jour prochain….