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Critique de Frederic524


Tourgueniev (1818-1883) est l'auteur en 1850 de cette nouvelle qui s'intitule « le journal d'un homme de trop » parue dans la revue « Les Annales de la patrie ». Elle fût pendant près de dix ans censurée et l'écrivain voué à l'exil en France. Tourgueniev fait partie de ces auteurs russes du XIXème siècle que j'admire plus que tout, au côté des Gogol, Dostoïevski, Tolstoï et autres Pouchkine. L'histoire est celle d'un jeune homme russe, il a trente ans et il se sait condamné parce que malade. Il va alors consacrer les derniers jours de son existence à écrire le journal des événements qui ont marqué sa vie, « Je vais me raconter ma propre vie. » Il y dresse un portait sans concession d'une société russe en province sclérosée et insipide, où le mensonge est une règle et le mépris des gens « biens-nés » pour les autres catégories de la population un mode de vie avec lequel il convient de ne pas transiger. Notre narrateur se dévoile ainsi peu à peu, son amour pour une jeune femme au doux nom d'Elisabeth, un amour qui ne se peut… parce que notre homme le reconnaît il ne peut rien contre ce destin qui l'a voué à une lutte sans espoir contre ses faiblesses, ses propres démons, il est cet « homme de trop » à qui tous se refusent, ce paria magnifique, assez proche finalement du narrateur des « Nuits blanches » de Dostoïevski. Il est parfaitement lucide sur sa condition d'homme et c'est ce qui semble, bien avant la maladie, le condamner, la maladie n'étant que l'agent de celle qui ne se refuse à personne. « Je n'ai pas fui le bonheur, j'ai même essayé de l'atteindre en prenant à droite et à gauche. » La description de l'état vécu lorsque l'on est pris par les turpitudes de la passion est fine et d'une férocité rare. Parce que cet homme de trop ne se voyait exister que dans le regard de l'être aimé, mais il ne peut rien contre son destin, fataliste il écrit « Je cesse d'être de trop en rentrant dans le néant. » Une lecture que je vous conseille vivement, un ouvrage très court mais riche tant dans la forme que sur le fond, tour à tour émouvant et drôle par son cynisme assumé, c'est à mon sens un véritable bijou de la littérature russe du XIXème siècle.
Lien : https://thedude524.com/2009/..
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