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Critique de Sachenka


Ma lecture du Roi Lear remonte à plusieurs années, beaucoup trop pour que son intrigue me soit restée en tête, et le (long) résumé de Wikipédia me semble très complexe. Ainsi, les similitudes entre cette pièce avec le roman d'Ivan Tourgueniev, le roi Lear des steppes, s'arrêtent aux grandes lignes. Dommage. Toutefois, mon cerveau n'était pas en reste. Tout au long de ma lecture, je faisais des liens avec une autre oeuvre, le père Goriot. Après tout, on y raconte l'histoire d'un homme (relativement) fortuné qui divise de son vivant son héritage entre ses deux filles. À l'instar des Françaises ingrates, Anne et Eulampie s'accaparent de la fortune de leur père, Martin Petrovich Kharlov. Mais elles ne se contentent pas d'oublier le vieil homme ! Tranquillement, elles le dépossèdent, renvoyant son valet, réduisant sa portion de viande aux repas et, finalement, lui retirant sa couche. D'abord, l'orgueil du Russe le pousse à cacher sa peine (après tout, ses amis l'avaient mis en garde contre ses filles) mais, par la suite, la vigueur de Kharlov se réveille. Il résistera ou se consumera en tentant de se venger.

Cette nouvelle est suivie de deux autres : L'auberge de grand chemin puis Moumou. Deux autres histoires qui mettent en scène des hommes dépouillés. le tenancier Nahum Ivanov qui perd son gagne-pain m'a interpelé davantage que je l'aurais cru. Ce protagoniste ne me paraissait pas si sympathique mais je déteste les injustices. Pareillement pour le portier Gérasime, un sourd-muet herculéen et attaché à son chien, Moumou. Dans les deux cas, tout un univers est bouleversé, s'écroule suite aux ordres de capricieuses maitresses qui ne voient pas (ou ne se préoccupent pas) des conséquences de leurs dictats. Après tous, ces grandes propriétaires terriennes sont si préoccupées par les dîners, les badinages, les jeux de cartes, etc. Elles ne peuvent s'abaisser à parler argent avec la domesticité ou permettre qu'on garde dans sa maison un chien qui montre les dents…

Toutes ces nouvelles, elles mettent en scène un monde qui n'est plus. Les grands propriétaires y ont leur place, mais la préférence de Tourgueniev va aux drames des petites gens, aux hommes appauvris, dépouillés, livrés à eux-mêmes et au destin. Plutôt à la rue… Même quand il emprunte ses thèmes aux tragédies shakespeariennes des siècles passés, sublimes et héroïques, l'écriture de l'auteur russe reste simple, sans prétention. Plus proche des situations intimistes et bourgeoises. C'est une qualité ! Il n'est pas nécessaire de constamment sonder les tréfonds de l'âme humaine comme Dostoïevski ni reconstituer les grands déploiements comme Tolstoï.
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