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Critique de Patrijob


Je n'ai pas lu le Robinson de Defoe mais je devine que Tournier à voulu en donner une version plus philosophique dans laquelle le naufragé se retrouve, non seulement aux prises avec la nature, mais également et surtout avec lui-même.

Robinson cherche d'abord à s'approprier l'île en la maîtrisant par la mise en place d'une dose massive de rationalité.
En homme civilisé, il est sûr que pour continuer à se sentir en vie, il doit agencer, construire, cultiver, coloniser; qu'il doit ordonner ses journées, installer des rituels.
Insidieusement, pourtant, naît en lui la sensation de l'inutilité de son oeuvre face à sa solitude, et l'irrésistible attirance vers une autre forme de survie.
L'envie d'arrêter le temps, qui signifie aussi vivre intensément de l'intérieur, s'impose de plus en plus souvent à ses sens.
Dans ces moments-là, il "devient" son île.
Il vibre en elle, allant jusqu'à la féconder.
Mais il sent bien le danger de mort qu'il y aurait à se laisser fondre ainsi, alors, il s'accroche à son oeuvre.
Vendredi tombe à point nommé pour le replonger dans son délire de civilisation en lui donnant l'occasion d'exercer son pouvoir sur quelqu'un.
Dans un premier temps, il en fait son esclave mais le bonhomme l'intrigue et, de l'agacement, il passe à l'observation.
Car, bien sûr, vendredi n'est attaché à rien de matériel.
Il pressent alors son erreur qui se verra confirmée par l'explosion accidentelle de son domaine et l'obligation de se conformer aux principes de survie indigènes.

Une merveilleuse réflexion sur la nature humaine servie par une belle plume. Michel Tournier passe allègrement du discours philosophique à la description sensuelle et poétique d'une nature sauvage.
Je n'ai mis que quatre étoiles car, dans son log-book, Robinson a parfois des raisonnements que j'ai du mal à suivre...
Cela n'enlève rien au plaisir que j'ai eu de cette lecture.
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