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Critique de Denis3


Jouer avec la vie
ou
vivre pour jouer ?

Vivre. Apprendre à vivre. C'est un peu comme prendre le train en marche. On n'a pas le choix : il n'y a ni cours ni mode d'emploi. Désolé, Georges.

C'est brutal. Alors, l'on ressent le besoin de se protéger, peut-être en intercalant quelque chose entre soi et les faits nus. Un sens, quelque chose qui donnerait, qui ferait sens. Ou au moins, qui reformulerait les données, qui procurerait l'illusion du contrôle que l'on souhaiterait avoir. Peut-être même, quelque chose qui permettrait de vivre ailleurs…

Si la vie est affaire tellement sérieuse, pourquoi ne pas choisir un jeu ? Un jeu dont la complexité serait telle qu'on pourrait s'y perdre ? Et qui conférerait aux joueurs une maîtrise quasi totale : connaissance parfaite des règles, par ailleurs fixes, des buts, des moyens et du territoire. Est-ce pour cela que, jeune, Jean-Philippe Toussaint a été séduit par le jeu d'échecs? Un jeu qui, avec ses dix à la puissance cent vingt parties possibles, avoisine la complexité de la vie humaine, mais où l'on peut choisir où et quand jouer.

Mais même le grand maître ne crée pas le jeu d'échecs. Il le joue, il domine peut-être ses adversaires, mais il subit autant qu'eux les règles et le chronomètre. Tandis qu'il est des activités où le joueur peut créer le jeu même. Par exemple en littérature. Est-il étonnant que Jean-Philippe soit devenu écrivain ?

Mais la vie peut, tout à coup, contourner les meilleures défenses. Un virus, le confinement, mettent à plat la vie professionnelle de l'auteur. Qui, dès lors, redéploie ses armes pour faire face. Pour occuper le vide laissé par les conférences que l'on ne donnera pas, les voyages qu'on ne fera pas, les rencontres qu'on n'aura pas, il décide d'écrire. Traduire une nouvelle de Zweig faisant une large part au jeu d'échecs - voilà qui est indiqué ! Et puisque l'écriture et le jeu sont des vies symboliques, des manières de négocier la vie, bien réelle, pourquoi pas un ouvrage autobiographique ? Un ouvrage où l'on essayerait de démêler les faits, les écrits, les jeux, qui ont structuré cette vie au point d'en former le tissu, la substance ?

C'est ce livre que je vous propose de lire.

Ah, j'oubliais. L'auteur est un grand anxieux. Il n'arrête pas de se rassurer en nous expliquant ses mérites littéraires. Allons, Jean-Philippe, respirez bien à fond, comptez jusqu'à dix, dites vous bien qu'on vous aime. Ca va mieux ? Bon, alors continuons. Mais avec quatre étoiles au lieu de cinq. A force de carillonnades vous vous faites sonner les cloches.








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