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Critique de Ambages


Un cri ! « On est deux peuples. Deux peuples, deux peuples ! »

Un monde riche où les gens vivent ‘en-dedans' « Utopia ». Des nabab vivant reclus, ayant tout ce dont ils peuvent rêver, les Maîtres du monde protégés par des mercenaires américains retraités (j'adore)

Un monde pauvre où les gens vivent ‘en-dessous' « les Autres ». Des miséreux qui meurent de faim, de froid, de maladies, vivant en clans, parfois comme des animaux, dont certains espèrent encore un ‘Autre Ailleurs'.

Entre les deux, le néant, il n'y a plus de classe moyenne pour absorber les déraillement entre le haut et le bas comme le constate l'auteur, estimant que la classe moyenne est un élément de survie des sociétés.

Mais le néant est aussi ‘en-dedans' et ‘en-dessous' : « Plus l'individu est ignorant, moins son cortex cérébral commande son comportement. » Reste donc des êtres, sans âme, sans repères, sans cravates et sans préservatifs.

Ceux d'Utopia valent-ils mieux que les Autres ? Ils le croient. Ils se mentent. Ils se droguent dans des flammes vertes pour oublier leur ennui. Les Autres leur servent de gibier, deviennent leur proie. Comment encore ressentir le frisson quand on ne sait plus quoi faire de son temps, de ses mains, de son argent ? On tue. On tue pour tuer le temps. Quelle différence peut-il y avoir entre un jour et un autre, à Utopia ? Aucune, alors on part en chasse : les filles -mais elles ne frissonnent plus, habituées aux curetages- il reste les Autres. On s'invente un safari avec une prise de trophée, afin de vivre les images sanglantes vues sur une affiche de cinéma ‘Platoon', des balles de fusils qui plongeraient dans la gorge du pourchassé duquel on arracherait un bras pour montrer aux copains... Mais un jour, la proie devient chasseur.

« Et nous, les fils de chien, nous, le peuple
A nous le plus beau et son chemin difficile
A nous les coups de botte et les coups de talon
Et le droit de mourir à la guerre. »

Livre très intéressant de SF sur la décomposition d'une société futuriste en Égypte « la personnalité égyptienne a été sérieusement chahutée au cours des cent dernières années. Elle ressemble à une femme, très longtemps maltraitée par son mari, qui serait devenue sauvage et vicieuse. ». Roman très bien construit. Les personnages bousculent les idées reçues, leurs valeurs (ou non-valeurs) démontent les vôtres « Ils n'ont aucune conscience de leur déchéance. » Je serai morte si rapidement dans cet univers sans foi ni loi, pourri en-dedans et en-dessous, trucidée d'en-haut jusqu'en bas par les idées d'Utopia.

« Quand on pense qu'autrefois les gens lisaient pour développer leur conscience ! » dira un personnage. Alors j'ai pensé à Utopia de Thomas More. Ahmed Khaled Towfik a certainement dû le lire.

Livre écrit en 2009 contenant des citations du poète égyptien Abderrahman El-Abnoudi, découvert à l'occasion de cette lecture.

A garder en mémoire pour ce qui me concerne.
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