Ce livre est une anthologie des écrits de
Georg Trakl : Deux recueils de poésie, quelques poèmes publiés ou non et les fragments d'un drame.
Georg Trakl était un poète de langue allemande, influencé par les poètes français. On retrouve un assez grand nombre de réminiscences ou de références à
Baudelaire et
Rimbaud. Des poèmes de ces deux auteurs, comme « une charogne » ou « le dormeur du val » ont dû profondément l'impressionner.
Dans le recueil de ses premiers poèmes on retrouve des thèmes récurrents : les paysages sombres et humides de fins de journée, les villageois, les groupes d'oiseaux, migrateurs souvent, partants, partis, et peut-être auguraux, le gibier, la pourriture, les venaisons et l'ombre pesante, languissante, comme endeuillée d'elle-même de la religion, transpercée par de discrètes apparitions sororales. Ces premiers poèmes font souvent l'effet d'un patchwork d'images et de couleurs qui rappellent les tableaux de Millet, pour l'esprit, pour l'attachement à la terre, et ceux de van Gogh pour l'explosion de couleurs. Des couleurs primaires, des bleus crépusculaires, pourrissants et sacrés, des rouges vespéraux, mais aussi des bruns mortels et des ors solaires et inaccessibles. Peut-être que l'image qui correspondrait le mieux à ces poèmes serait « les saules têtards au coucher du soleil » de van Gogh.
A partir de 1913,
Trakl change de manière, même s'il garde une continuité thématique, et n'écrit presque plus de rimes pour se tourner vers des poèmes en prose. le sensitif y perd un peu au profit du spirituel. Il y a davantage de noirs et de blancs. L'ambiance est plus glaciale ; l'argent de la lune d'hiver est plus présent que le soleil couchant de l'automne. le sentiment de déclin et de décadence s'accentue encore et, il faut bien l'avouer, jusqu'à l'insoutenable.
Trakl s'est suicidé à vingt-sept ans et tous ses poèmes ne semblent en être qu'une longue prédiction. L'oracle d'une fin de race.